Plus de 25 ans après, je reviens sur Digne-les-Bains pour parcourir la boucle des trois chapelles, un grand classique du dimanche pour les familles dignoises. Les souvenirs qui me restent sont ceux d’un grand champ qui monte doucement vers la chapelle Saint-Vincent et d’une montée un peu longue qui a laissé de bien mauvais souvenirs à mes deux filles qui n’étaient que des enfants à l’époque. Ce fut plus difficile que je ne le pensais mais comme disent si diplomatiquement mes compagnons de route, je n’ai plus le même âge…
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Nous prenons l’avenue Paul Martin, à droite nous nous engageons sur le chemin en lacets qui monte à travers la pinède en longeant de belles villas. J’apprends par le panneau d’entrée que la restauration de la chapelle Saint-Vincent a été prise en charge depuis quelques années, notamment par un chantier de jeunes. Le sentier est caillouteux et désagréable, à peine matérialisé. Un quart d’heure plus tard, nous nous détournons de quelques mètres pour rejoindre la première chapelle que nous apercevions d’en bas tout à l’heure.
C’est la chapelle notre-Dame de Lourdes ; construite sur le rocher au-dessus d’une grotte, elle veut ressembler à la vraie cathédrale Notre Dame de Lourdes, mais c’est une construction artificielle, légère qui me fait plutôt penser à un assemblage de briques pour enfants. La grille de la grotte est ouverte : des témoignages religieux ont été modestement déposés sur l’autel. Nous empruntons l’escalier pour nous trouver au niveau de l’entrée. Toiture de bois comme un vaisseau renversé, peintures murales bleues, clocheton, porte de bois. Elle est à l’abandon.
C’est le chanoine Reymond qui fit construire vers 1870 cette étonnante chapelle. Elle est conçue comme une imitation en réduction de la basilique de Lourdes et de son rocher. Elle fut restaurée en 1958, à l’occasion du centenaire des apparitions de Lourdes. Sa voûte fut alors peinte en bleu ciel, avec des bordures rouge et or, qui sont les couleurs de la Provence. Extrait du site sur les chapelles rurales
Nous continuons sur un sentier pierreux ; un des virages est barré par un arbre tombé en travers ; peu de balisage. Nous atteignons enfin le sous-bois annonciateur de la proximité de la chapelle Saint-Vincent. Le grand champ que nous voyions ce matin, quand nous étions de l’autre côté de la Bléone, nous apparaît mieux maintenant, avec son troupeau de moutons gardé par une bergère grisonnante mais heureuse.
La chapelle existait déjà au XII
è siècle. Siège d’un prieuré puis d’un couvent de trinitaires fondé en 1495, démolie pendant les guerres de religion, reconstruite en 1597, elle était déjà en mauvais état en 1606 mais a traversé les siècles. Elle possède des restes de structures romanes, mur sud en pierre de calcaire schisteux gris, arcs de décharge intérieurs à simple rouleau. Elle est revendue en 1779, transformée en bâtiment agricole en 1790 et revient dans les biens du diocèse fin XIX
è.
A côté du prieuré de trois étages communiquant avec la chapelle par une porte percée dans le mur, une citerne et un four à pain. Une tour de plan carré accueillait l’escalier et servait de clocher. Des vestiges romans, il ne reste que des
bas-reliefs éparpillés en France : le tympan
1 mutilé de la porte principale se trouve face à la porte d’entrée de la petite chapelle de la
fondation Maeght à Saint-Paul de Vence, le petit bas-relief représentant l’évêque Saint-Vincent dans un musée américain, le troisième chez un particulier.
Il [le tympan de la chapelle Saint-Vincent] a été placé dans la chapelle [de la Fondation] par les fondateurs Aimé et Marguerite Maeght. La chapelle de la Fondation se nomme chapelle saint-Bernard et rend hommage au fils des fondateurs, Bernard, décédé enfant d’une leucémie.
Je remercie vivement la documentaliste de la fondation qui m’a aimablement transmis la photo de la chapelle.
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