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De la cabane en pain de sucre à Montaigu


La voiture est pleine aujourd’hui pour une randonnée proposée par Yves Provence : de l’unique cabane de pierre sèche à Manosque au castra de Montaigu. Nous avons rendez-vous sur le parking de la piscine de la Rochette. Autres points de repères : le cimetière et le crématorium !

Petite aide pour pas trop hautA peu près face au crématorium, nous allons prendre un sentier prometteur qui bientôt se transformera en cauchemar : raviné, abîmé, raide, obligeant de monter haut la jambe ou de se hisser, il nécessitera la main secourable de Philippe.  En 10 minutes, seulement 30 m de dénivelée dans les jambes. Le mont d'OrParvenus au carrefour avec le sentier qui mène à droite aux Péroulets, nous faisons une pause pour reprendre notre souffle ou photographier le mont d’Or. La montée n’est pas finie…

La cabane des EspelsNous continuons dans un sous-bois ; la tour réapparaît entre deux arbres. Plus tranquillement désormais, nous parvenons à la cabane en pain de sucre des Espels1 que j’avais découverte en 2013 alors qu’elle ne figurait pas encore sur les dépliants touristiques. La cave pour la conservation des aliments, construite dans le talus n’est pas ouverte mais en s’y approchant, on y sent bien la fraîcheur. La cabane comportait un deuxième niveau qui n’a pas été restitué. Un placard avait même été ménagé dans l’épaisseur du mur. Comble du luxe pour un abri temporaire, une cheminée permettait de cuire les aliments et se chauffer.
1900 carte comité patrimoine manosquin situation-cabane-espels-1950Sur la carte IGN de 1950, la cabane y figure encore, bordée de multiples petits points représentant sans doute des plantations. Aujourd’hui, elle est précédée d’un jardinet avec un olivier. Elle est originale de par sa forme, ses pierres massives et non plates comme à Mane, et son liant à la chaux.
Comité du patrimoine manosquin.

Le bori pain de sucre des Espels, hash04

Tag sur le gros réservoirLa randonnée reprend ; le réservoir est joliment tagué de personnages colorés diversement appréciés. Peu après le carrefour avec le chemin du relais, un panneau défraîchi annonce « mine de rien » ce qui m’avait tant inquiété la première fois.

Vous entrez dans la zone de risque liée au stockage souterrain d’hydrocarbures liquides et gazeux de Geométhane et Geosel. Si vous entendez la sirène ou un bruit équivalent à un réacteur d’avion, ou en cas de feu ou de fumée, n’allez pas sur les lieux de l’accident… vous iriez au devant du danger… Quittez la zone immédiatement.

Les explications de Clodex qui était avec nous ce jour là : Géométhane à Manosque. Le site de Gaude [du nom du riche propriétaire Pierre Gaude au XIIè]  est un ancien site d’exploitation industrielle de mines de lignite de l’Oligocène : La mine de Gaude, Clodex.

Le site de la Gaude

Nous descendons au fin fond du vallon de Valveranne par une piste facile mais je me dis qu’il va bien falloir remonter pour rejoindre Montaigu qui se trouve en hauteur. En vue du site industriel de Gaude, au « faible impact » sur le paysage selon le dernier projet d’agrandissement du site, je trouve qu’on ne voit que lui, que ce soit d’en haut ou d’en bas… mais c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’habitations par ici.

Géométhane, spécialisée dans le stockage souterrain de gaz naturel, est relié au réseau national de gazoducs et participe à l’approvisionnement de la région Sud-Est en gaz naturel, mais également à celui du territoire national.

Sur ce premier site, celui de la Gaude, se trouvent des installations de surface : compression du gaz à injecter pour qu’il occupe moins de volume, traitement du gaz soutiré (désydratation) et comptage.
L’autre site de fond et de surface est celui de Gontard. Les deux stations sont reliées par deux dorsales, canalisations de diamètre intérieur de 20 cm et 75 cm et longues de 2,7 km.
Bassin de récupération des eaux pluvialesLa torche du site de la GaudeLe bassin d’eaux pluviales permettra de diminuer les rejets liquides éventuellement pollués vers le milieu naturel en recueillant, décantant et analysant les eaux pluviales du site de Gaude. Les effluents gazeux rejetés dans l’atmosphère par les installations proviennent de la combustion du gaz naturel : en phase de soutirage, la torche fonctionne.
Les effluents liquides actuels du site (comprendre tout rejet liquide polluant) sont collectés dans deux cuves enterrées et traités à l’extérieur du site.

Philippe de Digne évoque alors l’incident du 1er mai 2010 concernant une fuite de 400 m3 de gaz naphta – un dérivé du pétrole destiné à la chimie – suite à la rupture d’une canalisation ; près de 140 habitants des deux communes, riverains du site, avaient dû être évacués. Le rapport de l’enquête publique a mis en évidence, par exemple, un plan d’intervention jamais testé pour ce site classé SEVESO, des installations dangereuses en cas d’accident majeur, une information insuffisante des habitants, etc.

Piste de la GaudeAncien puits... et une curieusePas soucieux outre mesure, nous passons devant la piste d’hélicoptère situé au nord du site de la Gaude protégé d’un grillage dissuasif et de caméras, puis entamons la longue montée de la colline de Montaigu. Arrêt près d’un ancien puits. Et toujours l’on monte jusqu’aux ruines modestes de Montaigu se situant aujourd’hui sur la commune de Volx.

Construit sur un quart de cercle, le village castral de Montaigu est un des six anciens habitats perchés et fortifiés de Manosque, à partir du milieu du XIIe s. et au XIIIe s. En 1126, Hugues de la Roque [de Volx] abandonne la seigneurie de Montaigu à Guillaume 1er, comte de Forcalquier, ainsi que des parties de Manosque. Montaigu a été suffisamment habité pour qu’il y ait encore un prêtre vers 1400. Ce sera le dernier hameau à être déserté. Histoire de Manosque écrite en latin en 1662, Jean Colombi, Tramollières, 1808
Ruine d'une ferme à MontaiguLa maison en ruine, aux encadrements de briques, fut sans doute la dernière habitée : c’est la seule qui figure encore sur le cadastre napoléonien. D’après ce site Manosque Montaigu, on peut voir un mur de rempart et les ruines de la chapelle saint-Pierre mais je ne les ai pas cherchés.
Le droit féodal dans les pays de droit écrit. L’exemple de la Provence et du Dauphiné. XIIe-début XIVe siècle [monographie], Gérard Giordanengo, Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome Année 1988 Volume 266
Manosque de 984 à 1603, POTTIER Paul, Chroniques de Haute Provence n°343-344, 2001

Le pigeonnier de MontaiguPigeonnier : les alvéolesLe pigeonnier conserve quelques traces de son usage : la plaque d’envol, les corniches anti-prédateurs, les alvéoles ; sur le plancher de bois à l’étage, des bouteilles vides, et en bas un casque de moto ; serait-il occupé à l’occasion ? il est assorti à la ferme d’à côté, grâce à ses encadrements de briques.

Nous reprenons la route après le pique-nique au pied du pigeonnier ; au premier grand carrefour de pistes, Saint-Michel l’Observatoire apparaît en contrebas avec ses coupoles brillantes au soleil. Bientôt nous arrivons sur l’une des boucles réservées aux handicapés : deux sentiers courts, reliés au niveau d’une aire de repos et de pique-nique. Bancs et tables de pique nique sont situés au croisement des deux parcours et la matérialisation en creux du parcours est accessible aux malvoyants. C’est assez rare pour être signalé.

Les chemins de Bellevue, hash04

Saint-Michel depuis le grand carrefour de pistesDepuis les Gipières vue sur le ravin de ValveranneNous passons au niveau du col de la mort d’Imbert, puis au quartier de la Loubière ; le long du profond ravin des Couquières, le groupe s’est distendu ; celui qui est à la traîne manifestement s’amuse comme un fou, avalant les kilomètres sans difficulté. MontgolfièreRavin des CouquièresSoudain l’une d’entre nous lève les yeux au ciel : une montgolfière colorée glisse silencieusement sur fond de ciel bleu.

Mes photos, les photos de Yves Provence, les photos de Catherine

Une rando cool pas si cool que cela : la première montée est courte mais raide, la seconde est longue. Mais dans la bonne humeur, tout se passe bien.

espel-montaigu-trace_panoImage de l’itinéraire 12km750, 3h30 déplacement (5h30 au total), 280 m dénivelée (+468, -468)

1espel : André pense qu’il y a un lien avec les minéraux qui étaient extraits de cet endroit. Lignite de La Gaude, gypse pour le plâtre (Gipières) et calcaire pour la chaux. Donc le nom viendrait d’espeluca, éplucher, enlever les couches, car tous ces matériaux sont en strates.

©copyright randomania.fr

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Une réflexion sur « De la cabane en pain de sucre à Montaigu »

  1. trop loin pour nous à la journée mais c’est une belle randonnée qu’on fera peut-être un jour lors d’un séjour là-bas.

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