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La colline Saint-Jacques à Cavaillon


Entre le Lubéron et la colline Saint-Jacques, morceau de calcaire détaché du Luberon, existe une faille de 8 millions d’année dans laquelle se loge la plaine de Cavaillon. Cette colline est son unique relief, habitée depuis la préhistoire. Surprenant de trouver la nature aussi près de la ville. Sa richesse géologique et historique en fait un lieu de grand intérêt. Pour parcourir ce vieux sentier de découverte et même aller au-delà, Papy84 nous propose un jeu de piste doublé d’une chasse au trésor : la colline Saint-Jacques 1 à 5.

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie

img_5561r.JPGimg_5562r.JPGimg_5559r.JPGDès le départ, une surprise : un superbe arc romain sur lequel on peut voir encore quelques détails architecturaux : guirlandes, oves, rais de coeur1 à la base des pilastres extérieurs par exemple. Les deux arceaux sont séparés par un intervalle égal à leur ouverture. Il a été étudié lors du congrès archéologique de France en 1910.

Ce très bel arc date des toutes premières années de l’ère chrétienne. Construit sur un plan carré il était destiné à manifester dans la ville […] une intersection majeure ou l’entrée dans une zone privilégiée. A l’origine au coeur de la ville romaine puis médiévale, [ndlr : enfoui autrefois dans les jardins de la cathédrale, déblayé par l’architecte départemental Prosper Renaux] il fut déplacé entre 1876 et 1880 jusqu’à la place du Clos. La seule existence de cet arc indique, dès les premiers temps de l’empire romain, la volonté d’un urbanisme ambitieux. (information extraite du site http://www.provenceguide.com/)

Nous prenons le chemin de Saint-Jacques par la montée César du Bus. En haut de celle-ci, ces mots attribués à Mistral et que je devine même si je ne suis pas d’ici :

« Lou camin di Sant Jaque au paradis nous meno.
Souven-te-n’en
Cavalounen ! […]
« 

img_5565r.JPGimg_5575r.JPGMême pas très haute, la falaise inclinée présente un danger. On dirait celle de Lagnes. En bas, Cavaillon ; en haut, la chapelle Saint-Jacques. De gros spécimens de figue tapissent un jardin qui longe le chemin. De l’oppidum il ne reste que 300m d’enceinte. Essayez d’imaginer ce que devait être le transport de marchandises à dos d’homme depuis le petit port sur la Durance jusqu’ici ! Les Ligures puis la tribu gauloise des cavares s’y sont installés construisant une double enceinte fortifiée.

img_5583r.JPGLe jeu de pistes se poursuit avec moins de bonheur ; nous prendrons deux fois le mauvais chemin, le balisage laissant à désirer notamment dans les carrefours. Du fond de la grande Combe, il faut rejoindre la route de Saint-Jacques qu’on a perdue. La grande baume est plus facile à trouver : habitée autrefois par nos ancêtres du néolithique, elle a été abandonnée durant plusieurs siècles, a servi de lieu d’équarissage au XIXème siècle (un quartier proche porte d’ailleurs le nom de l’Equarissage), de bergerie au XXème, et d’abri pour sans logis (???) au XXIème  !

Nous passons ensuite dans les anciennes carrières du petit et du grand Roucas (Roucas = rocher en provençal). Les pierres y étaient extraites de la même façon que dans les carrières de Calès à Lamanon (voir Jeu de piste dans les grottes de Calès dans ce blog).

img_5589r.JPGimg_5590r.JPGimg_5591r.JPG

img_5592r.JPGUn peu plus loin de jolis noms sont accrochés à la pierre ; en levant les yeux on comprend qu’il s’agit de voies d’escalade. A nouveau nous hésitons sur la voie (non, je ne parle pas d’escalade) à suivre  : on en prend une, on rebrousse chemin et c’était pourtant celle-là qu’il fallait prendre. img_5594r.JPGComme quoi le GPS ne dispense pas d’une carte au 1/25000. Du coup nous ratons la voie romaine à partir du Roucas, au nord ; nous la retrouverons donc au sud. Nous chercherons vainement les traces de char et charrettes qu’un panneau nous signale. Cette Via Domitia a pourtant été utilisée jusqu’au XIXème pour le transport de pierre et de bois.

img_5597r.JPGDernière étape : la célèbre chapelle Saint-Jacques et son ermitage. Construite au XIIè siècle sur une place forte naturelle, sur le lieu de culte des cavares puis du temple de Jupiter, « la chapelle Saint-Jacques est un charmant petit édifice au décor sobre à l’image des chapelles rurales. Elle est agrandie de 2 travées, d’un porche et img_5615r.JPGd’un ermitage entre le XVIè et le XVIIè. Son hôte le plus célèbre fut César de Bus (1544-1607), fondateur d’une congrégation dévouée à l’enseignement de la doctrine chrétienne ; au XIXè, la famille Jouve se charge de sa restauration et de l’aménagement de l’enclos qui l’entoure ».

César de Bus « réforma les Bénédictines qui, de son temps, menoient une vie scandaleuse, & ne gardoient plus de clôture ; il […] fit construire une petite chambre à côté de la chapelle de Saint-Jacques & Saint-Philippe, où il passoit les nuits en oraison. Ce saint homme avoit des visions, &, à ce qu’on dit, opéroit des miracles ; il a été béatifié, mais il n’a pas encore été canonisé,… »  (Dulaure Jacques-Antoine, Description des principaux lieux de France, 1789)

Seuls les jardins sont visibles de l’extérieur. Depuis le XVè siècle, c’est toujours le même escalier de pierre qui facilite l’accés à la chapelle.

img_5616r.JPGRetour par le calvaire qui tremble au vent. Ce sera un parcours aux multiples facettes.

Merci Papy84 : nous avons galéré… avec plaisir !


pano-cavaillon-r.jpg

Itinéraire de randonnée – boucle – dans la colline St-Jacques, 6.100km env, dénivelée 130m, 2h30

bullet1.gif

1Rais de coeurrais-de-coeur-dictionnaire-darchitecture-civile-et-hydraulique.jpg

ci-contre  la définition extraite d’un dictionnaire d’architecture. Ça ne vous dit rien ? vous préférez une image ?

rais-de-coeur.jpg

©copyright randomania.fr

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9 réflexions au sujet de « La colline Saint-Jacques à Cavaillon »

    1. Moi aussi ça me parait beaucoup ! quand on regarde sur la carte IGN, le dénivelé des marches n’est que d’une bonne centaine de mètres : 50 marches ? à vérifier sur place.

  1. Je vis sur cette Colline et je voudrais répondre à Marie -Laure : la Colline appartient à tous (et surtout à ceux qui la respectent, ce qui n’est pas toujours le cas, on l’a bien vu ces dernières années) et est accessible à tous, seuls les véhicules aujourd’hui sont interdits à partir du chemin signalé par un panneau de sens interdit juste avant la Bergerie (pas toujours respecté d’ailleurs).
    En France, plusieurs massifs, pour des raisons de sécurité, sont ainsi « fermés » par des bornes mais rien n’empêche les personnes de se garer sur le parking et de cheminer à leur rythme jusqu’à l’église (un petit 300 m bien plat). Une personne qui ne peut se déplacer, ne le fera pas quoiqu’il en soit, et le parking face à l’église était un lieu de nuisances et de délinquance bien connu ! J’ai vu ce week-end des gens se garer sur un terrain qui peine à se remettre du terrible incendie de cet été au pied de la Combe, un comble pour ceux qui y vivent et ceux qui viennent s’y ressourcer, les gens ne veulent plus marcher alors pourquoi venir sur un tel site ? Cette Colline est un lieu magnifique mais aussi, que l’on le veuille ou non, un quartier et cela depuis toujours, dont les habitants qui aiment profondément leur quartier se portent garant de la propreté du lieu. Je ramasse canettes de bières, poches Mac Do et autres saletés régulièrement…
    Une amoureuse de cette Colline

  2. Native de Cavaillon, exilée dans le Var, je pense souvent avec nostalgie à ce petit coin de paradis qu’est la colline St Jacques. J’étais enfant. Quelle vue, quel régal, quelle magie ! Combien de fois ai-je escaladé cette colline aussi bien par l’escalier que derrière par la route d’Avignon ensuite on tournait à droite, et au bout d’une centaine de mètres, il y avait une montée, cachée aux yeux du grand public. A un moment donné, dans un recoin du bois, une vieille maison abandonnée qui ressemblait à un petit castel accolé à la roche ! On s’y amusait à se faire peur. Existe t-elle toujours ? C’était dans les années 60. Je me souviens, j’avais 3 ou 4 ans, on avait donné Macbeth là-haut un soir d’été. La montée aux flambeaux avait été féérique. Les trois sorcières étaient en ombre chinoise sur le mur de la chapelle. Magique ! Que de souvenirs !
    Une autre fois, j’avais 7 ans, j’avais passé une semaine de vacances dans une ferme pratiquement en face de l’hermitage (elle existe toujours). Il n’y avait ni eau ni électricité. On puisait l’eau au puits, et on s’éclairait à la lampe à pétrole. Les fermiers étaient des gens rudes. Bien plus tard, il y a une vingtaine d’années, j’ai pleuré quand j’ai vu que sur mon paradis terrestre, à l’emplacement de notre clairière avec un arbre, on avait construit un lotissement. Quelle honte et quelle pitié ! Cela n’honore pas les élus qui ont accepté une telle ignominie. Chagrin.

  3. Je cherche des renseignements sur la montée par les escaliers à la colline Saint Jacques.
    Je pense qu’il doit y avoir des noms sur ce sentier rocheux et c’est ce qui m’intéresserait.

    Je ne suis plus montée de ce côté depuis bien longtemps, la voiture étant plus pratique pour accéder au sommet lorsque l’on transporte des personnes âgées ayant des difficultés pour marcher.

    Je me souviens que l’on rencontrait des feuilles d’acanthe sur le début de la montée. Y en a-t-il encore ? La montée était dure, mais quel plaisir lorsque nous arrivions à la croix et que l’on regardait le paysage qui s’offrait à nos yeux : la Durance, le Luberon, Cavaillon. C’était un régal continuel.

    A présent, le régal est identique. Mais je déplore le manque d’accès en voiture jusqu’au parking de la chapelle. Une barrière barre le chemin. Le motif de la mise en place de cette barrière n’empêchera en rien les rendez-vous codés. Par contre, lorsque l’on est accompagné par des personnes âgées ne pouvant pas trop marcher, nos ballades s’arrêtent au grand parking. Plus de visibilité sur la ville, ni sur le Luberon, juste un bol d’air.

    La colline appartient-elle aux résidents du plateau ? Est-ce que le chemin ne doit pas être libre d’accès aux visiteurs ?

    1. Hélas je n’ai pas d’information réglementaire concernant l’accès à cette colline ; seule la consultation du cadastre, ou les services de la commune, apporterait une réponse fiable.

  4. Cavaillonnaise d’origine (actuellement en exil à Nantes), la lecture de cet article m’a remis en mémoire les dizaines de fois où j’ai grimpé cette colline, relisant à chaque fois « lou camin di Sant Jaque… » bien que je connaisse le texte par coeur ! Il y avait un micocoulier à cet endroit, sans doute y est-il toujours…

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