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Notre Dame de Consolation, variante vers la fabrique de Villemus


Plus de 10 ans après je parcours à nouveau le circuit balisé de Notre Dame de Consolation à Jouques auquel j’ai ajouté deux variantes : au départ un aller-retour vers Notre-Dame de la Roque (le sentier passe dessous), et une petite boucle vers la fabrique de pipes de Villemus. Le ressenti est différent ; ce que j’avais jugé difficile l’est moins avec l’entrainement. Notre-Dame de Consolation à partir du village de Jouques

Nous stationnons près du cimetière de l’église saint Pierre qui a pris la place d’une chapelle du XIe ; de nombreuses tombes ont été retrouvées lors de la restauration en 2000 ; elle est devenue église paroissiale lorsque Notre Dame de la Roque est devenue trop excentrée ; une des chapelles est dédiée à Sainte-Consorce, fille de saint Ser, l’ermite de Puyloubier.
Variante 1 : Pour les amateurs de patrimoine, un petit aller retour sur l’éperon rocheux s’impose : il porte l’ancien castrum fortifié du Moyen-Age et la chapelle Notre Dame de la Roque. Un sentier aux larges pas d’ânes conduit au sommet, en passant devant l’oratoire de Notre dame de la Roque et celui de la Vierge du XVIe tourné vers le village. Un clocher enfermé dans une tour carrée porte la date de 1390.

C’est la plus vieille chapelle de Jouques, confirmée en 1135 par Innocent II. Son clocher date de 1390. Elle offre une vue sur la vallée du Réal et l’atypique Grand Pré dans lequel, au début du XXe, paissaient quelques vaches normandes de la ferme Borghino (Bulletin de liaison n°22, 1er semestre 2019, Les Amis de Jouques). Si vous redescendez vers le village au niveau de la porte, vous pourrez voir sur votre gauche l’ancienne tour de l’horloge construite par la communauté entre 1761 et 1764 et son enfilade d’arcs appartenant à l’ancienne résidence d’été des archevêques d’Aix (XVIe) : c’est Louis de Bretel qui résida surtout à Jouques et fit aménager le château et les jardins ; cette résidene a été rachetée par le sculpteur Antoine Sartorio. Le Portail Supérieur, vestige isolé, appartient à la première enceinte du village médiéval près des quatre maisons de l’enclos Jean Roque.

Un vieux Jouquard nous confirme le bon chemin, ombragé, pour rejoindre le GR9. Il circule le long des cultures en restanque ; les fleurs de printemps bordent le chemin : iris, cistes, et petites pervenches bleues.
Direction le hameau fleuri de Bèdes – dite parfois Toscane provençale ; alors qu’un chien fugueur nous suit sur la route, nous croisons une dame en voiture qui le cherche ; au ton de sa voix, le chien a compris : il fait demi-tour !

Variante 2 : à la sortie du hameau, il faut dévier du sentier balisé pour une route qui mène à la ferme Notre-Dame et sa chapelle privée intégrée ; nous passons devant un lavoir et une fontaine alimentés par un réservoir dont l’eau autrefois était remontée par une éolienne de pompage ; réservée à un usage domestique, elle coule toujours.
Le sentier pavé s’enfonce entre champs et sous-bois puis avant de contourner le champ, la fabrique de Villemus apparaît de l’autre côté, vaste bâtiment à trois étages de 15 m de long qui nous étonne dans ce lieu désormais désert. Nous contournons le champ jusqu’à se trouver devant la façade. Complètement fermée, elle ne peut être visitée. Nous apercevons deux bâtiments différents (d’autres ont été rasés) : l’ancienne ferme et la fabrique. Les rebuts de production autrefois jalonnaient les champs.

La fabrique de Villemus au pied de Vautubière a été créée en 1845 par le député Louis-Auguste Pons, sur le plateau de Bèdes, non loin de la ferme Notre-Dame. L’eau y était amenée par captage d’une source proche au nord ; l’eau de pluie était récupérée dans une citerne de l’entresol de la maison.
Par l’observation des rebuts de production, on sait que la fabrique était polyvalente : vaisselles de tables, poteries culinaires, tomettes estampillées ‘Villemus’ ; des biscuits d’assiettes à marli2 caractéristique des production d’Albisola suppose la présence d’ouvriers italiens. Cette vaisselle a été largement exportée.
Les jouquards connaissent surtout les pipes de six modèles différents : simples, sans décor, ou représentant par exemple un modèle à figure (l’homme de loi) ou d’inspiration coloniale pour l’exportation. Photo ci-contre extrait du document de : Henri Amouric, Lucy Vallauri, La fabrique de Villemus, une usine à la campagne, 2006, pp.230-233, LAMM – Laboratoire d’archéologie médiévale méditerranéenne

Dans le champ, moutons et chèvres cernés par une clôture souple, paissent sous la chaleur, gardés par un brave patou. Au loin la ligne de crête de Sainte-Victoire et de l’autre côté celle de la Vautubière.

Nous reprenons le balisage normal vers le vallon de Saunaresse1. Arrêt pique-nique, au choix sous quelques arbres ou sur un tronc coupé. La route tranquille traverse un lotissement puis doucement s’enfonce dans les bois. A travers les arbres, on devine la barre rocheuse de l’autre côté de la Durance.

La montée vers la chapelle Notre Dame de Consolation semble un peu rude. Fermée, elle n’a pas changé depuis ma dernière visite (pour des photos de l’intérieur, voir le site des chapelles rurales en Provence). Relevée de ses ruines en 1980 par l’Association des Amis de Jouques qui continue à en assurer l’entretien, elle est l’objet d’un pèlerinage le dimanche le plus proche du 8 septembre : une statue de la Vierge y est portée en procession depuis l’église Saint-Pierre d’où nous sommes parties. Des ex-votos sont conservés au musée d’histoire locale.

La suite de la boucle est plus spectaculaire car le sentier escarpé s’enfonce dans le vallon sombre par de nombreux virages. La lumière du soleil n’arrive pas jusque là. Le ruisseau semble sortir par une ouverture creusée dans la terre : les gens du coin disent que c’est une mine d’eau mais je n’y suis pas entrée pour vérifier si elle avait été aménagée. Nous remontons, entourées de falaises rocheuses ; enfin la forêt précède le camp (champ) de Méry (le premier qui a défriché cette clairière ?) et sa cabane de pierre sèche au toit végétalisé qui protège la construction de l’infiltration des eaux de pluie. Dans ce quartier, nous admirons les nombreux murs de pierre sèche en bon état de chaque côté de la piste sableuse.

L’oratoire de Marie porte une rose rouge accrochée à un de ses barreaux ; un peu plus loin la ruine de ce qui fut une belle construction avec chaînage d’angle, sans doute à vocation agricole.

Un vieil oratoire planté sur le chemin vers Notre Dame de Consolation (Oratoire de Notre Dame de la Reverdide et son bénitier au dos) annonce la descente vers le village de Jouques, par un chemin rocheux puis caladé avec sa voie centrale pour l’évacuation des eaux. Après une très agréable partie en sous-bois, nous arrivons aux abords du village et ses anciens silos creusés dans les grottes et sous-sols pour la conservation du grain. Aujourd’hui, les habitants peuvent s’en servir… pour garer leur voiture par exemple. L’oratoire de Saint-Marc représenté avec son lion (1842) se situe déjà en ville au nord du cimetière. On dénombre une vingtaine d’oratoires à Jouques qui, hélas, ont parfois perdu leur statue.

Au carrefour suivant, la porte de ville reconstruite en 1755 ouvre sur la rue des baumes. La famille d’Arbaud décide d’y construire un château seigneurial agrémenté de jardins en terrasse, rachète 30 maisons et aménage des passages au dessus de rues existantes.

Au coeur d’un grand site de France, Concors, de terroirs en villages, Grand site Sainte-victoire, Grand site Sainte-victoire, 2012
Une randonnée assez facile, variée dans ses paysages et ses sentiers qu’il faut terminer avec la visite du village riche en patrimoine, et celle du musée.
Itinéraire 12km (dont 2km620 pour la fabrique Villemus), 3h30 déplacement (4h45 au total), 122m dénivelée (+285, -285). Variante Notre Dame de la Roque : ajouter  0km730 AR, 20 mn environ

1Saunaresse : de sourn = sombre : ce serait un vallon sombre ; ou selon André, sauna = saignée et -esse, déformation de -asse d’où grande saignée…
2marli : bord intérieur, souvent décoré, d’une assiette ou d’un plat de porcelaine ou de faïence.

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