Le parking du grand Caunet est plein, à cause d’une manifestation de VTT ; je me gare sur le parking de l’autre côté de la D3, départ pour le télégraphe.
Le double nom de la commune Roquefort – la Bédoule s’explique par le fait qu’elle est constituée par la réunion de plusieurs communautés ou fiefs parmi lesquels le territoire de Julhans (1789) et La Bédoule (1837) ; l’appellation Roquefort-La Bédoule est définitive en 1918. Carnoux-en-Provence est détachée de Roquefort-la-Bedoule en 1966.
Ayant récupéré la partie de trace qui m’intéresse sur le site tracegps.com, entre la chapelle Saint-André et le vieux Roquefort, je pars confiante. La piste est large, monte doucement, offrant côté mer quelques belles échappées sur la baie de la Ciotat, côté terre sur le pic de Bertagne. Le premier carrefour de pistes porte une indication des plus tentantes : « GR51 – les Balcons de la Méditerranée ».
Je passe devant le cabanon du Marquis fermé pour l’instant ; quelques sièges invitent au repos ou au pique-nique. De quel marquis s’agit-il ? sans doute celui de Villeneuve-Trans ; le comte Hippolyte, polytechnicien ou le marquis Léonce, fils du premier ?
Le cabanon du marquis, baragatti
Léonce, qui fit la campagne de Crimée, est créateur en 1889 du syndicat agricole Union des Alpes et de Provence ; c’est Jules Cantini qui a réalisé le monument en bronze inaugurée en mai 1913.
[Benoît-Hippolyte comte] de VILLENEUVE (promotion de 1822 de Polytechnique), est né le 19 août 1803, mort le 11 mai 1874 ; il est l’auteur d’une Carte géologique du Var. […] En 1848, Villeneuve […] introduisit ainsi, dans la pratique des constructions, l’emploi de la chaux livrée en poudre par sacs plombés. […] La pratique nouvelle introduite par de Villeneuve a été réputée être un des progrès les plus considérables de l’industrie des chaux hydrauliques. Extrait du LIVRE DU CENTENAIRE DE L’ECOLE POLYTECHNIQUE, tome III
Le calcaire de la Bédoule qui sert à fabriquer la chaux et le ciment a donné son nom à un étage géologique du crétacé inférieur : le Bédoulien (1888), comme le calcaire d’Orgon avait donné son nom aux calcaires urgoniens. Cette strate [bédoulien] est composée de calcaires en plaquettes à Heteroceras, de calcaires beiges à silex, de calcaires marneux exploités et de marnes. La couche géologique renferme des fossiles marins, principalement des ammonites, qui témoignent en faveur d’un climat chaud avec des précipitations comparables à celles d’aujourd’hui. Extrait du site Roquefort-la-Bédoule, notre patrimoine géologique
La piste est toujours bien large, sans difficulté mais sans indication de la chapelle Saint-André. Face à moi, le piton rocheux sur lequel on aperçoit un bout de mur du château du vieux Roquefort ; entre lui et moi, la plaine viticole de Roquefort. Je longe une barre rocheuse qui annonce l’environnement cahotique de la chapelle.
Cette chapelle romane Saint-André aux murs hauts, à la porte en pierres taillées, au chaînage d’angle soigné, est admirablement restaurée par l’association « Les Amis de la Chapelle Saint-André » à partir de septembre 1983 puis achevée par le Conseil Général qui en est propriétaire. Trônant sur son piton rocheux, cernée de remparts, elle se dévoile d’un coup au détour du dernier virage ; ses belles pierres blanches scintillent au soleil. Elle est fermée mais l’étroite fenêtre me permettra quand même d’y jeter un œil. Le surnom de Notre Dame de Sècheresse fait référence aux pèlerinages effectués pour lutter contre ce fléau. Non loin du château de Julhans, elle est mentionnée en 1143 sous l’appellation Notre Dame de Julhans (la chapelle Saint-André sur le site des chapelles et églises rurales de Provence). Elle était entourée au Moyen Age de quelques habitations abandonnées au XVIIè siècle. Et je comprends pourquoi : le chemin d’accès à partir des Bastides est étroit, raide et rocailleux, risqué, surtout en descente.
La chapelle Saint-André, baragatti
Je l’emprunte quelque temps pour trouver le sentier qui me mènera au vieux village de Roquefort mais ne le trouve pas. Manifestement il y a une erreur dans le tracé qui suit le relief, impraticable à pied. Je reprends le chemin de l’aller et décide de questionner quelques promeneurs pour trouver un autre chemin d’accès ; aucun panneau indicateur, juste parfois un cairn à un carrefour ; j’en trouve un qui mène au vieux village. De loin, au travers des arbres du sous-bois, j’aperçois le haut mur du château en équilibre sur le bord de la falaise.
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