Aiguiers et cabanes


Avec le livre 25 balades sur les chemins de la pierre sèche, Florence Dominiquele bec en l’air, 2009, nous n’avons jamais été déçus. C’est le dernier week-end avant mon opération des yeux, aussi avons nous décidé de choisir le Vaucluse et les aiguiers que je rêve de connaitre depuis longtemps. Nous suivrons la randonnée au départ de Villars mais sans faire la variante vers la bergerie de Cabrone que nous ferons le lendemain avec la chapelle Saint-Pierre de Bagnols.

Toutes les curiosités du livre sur Google map avec le repérage du livre sous forme de lettreIMG_6688.JPGs

IMG_6683.JPGDépart du hameau des Grands Cléments et déjà première hésitation au niveau du chemin qu’il faut prendre à droite jusqu’à cet immense enclos délimité par un impressionnant mur de pierres sèches de 2m de haut. Nous le suivons sur 3 de ces côtés, étonnés d’y trouver, bien encastrée dans le mur, une cabane de pierre sèche. Les deux linteaux soumis à de fortes pressions, sont fendus.

APT-030-225x300.jpgLa cabane de chasse suivante est d’élégante facture avec ses 4 petites ouvertures en forme de meurtrières. Nous avons failli rater le sentier sur la droite à peine visible qui mène au lieu-dit les Dégouteaux.

APT_034.jpgAPT_041.jpgAttirés d’abord par une accueillante cabane en dur devant laquelle table et bancs attendent les chasseurs, nous passons derrière sur l’esplanade dégagée où de véritables oeuvres d’art en file indienne, tels des mégalithes, s’élancent vers le ciel.

IMG_6718.JPGNous pénétrons sur le site d’anciens vergers où poussent désormais chênes verts, genévriers, pruniers. La cabane de plan carré est couverte d’une coupole élancée. En passant entre deux genévriers oxycèdres, Ti’Mars… soulève un gros nuage de pollen grisâtre que je récupère dans les yeux. Presque aussitôt je me mets à éternuer. Il pollinise en région méditerranéenne d’octobre à novembre et peut provoquer des pollinoses sévères. Une cabane basse au pied d’un grand chêne devait servir de poste de tir aux chasseurs. Des souches d’abricotiers et de cerisiers prouvent que l’abandon de ce verger n’est pas si lointain. Les propriétaires ont essayé de récupérer l’eau : les rigoles et un morceau de citerne sont encore visibles. La dernière cabane de plan oblong (photo img_6716), avec une coupole de forme ovoïde et rupture de pente, est de forme gouttière comme à Gordes, avec beaucoup de petites fenêtres. Son faitage est couronné de cinq pierres régulières alignées. Un conduit de cheminée maçonné et enduit dans l’angle sud-est, une porte de bois, un puits à 7m à l’est, complètent la cabane.
Nous rejoignons le carrefour à l’extrémité du champ.

APT_087.jpgAPT_094.jpgSur un terrain en légère pente entouré de chênes blancs et verts, de plan rectangulaire intégrant quatre pièces en enfilade, cette cabane est la plus impressionnante (voir photo img_6722) ; chaque pièce est couverte d’une coupole et pourtant extérieurement, le volume est régulier : trois portes étroites, un puits de lumière dans la pièce d’entrée, des blocs de taille moyenne et de forme très irrégulière (opus incertum1 calé avec de petites pierres), des linteaux formés de gros blocs parallèles.

IMG_6723.JPGQuelques particularités : des graffitis gravés dont la date sur la porte d’entrée 1771, des vestiges de poutres de plancher à mi-hauteur dans 3 pièces sur les 4, une cheminée d’angle et niche dans la pièce A, un reste de gonds maçonnés à la porte d’entrée. Derrière la cabane, dans une propriété privée plantée de chênes truffiers, nous nous rendons compte de l’importance de cette cabane. Informations extraites de Bories, Parc naturel régional du Lubéron, Edisud, coll. Luberon, images et signes, 1994

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Esparron du Verdon : de la Séouve à la chapelle Sainte-Magdeleine


IMG_0124.jpgDépart près de l’église Saint-André, agrandie et restaurée vers 1710, et son campanile provençal, « cage polygonale s’effilant vers le sommet en un fleuron muni de crochets » (1758). Elle englobe quelques éléments médiévaux.

Le château d’Esparron que domine la tour féodale quadrangulaire des Castellane, avec créneaux percés d’archères d’angle d’époque (fin XIIIè), n’a pas cessé depuis l’origine d’appartenir à la même famille. Même au moment de sa vente à la révolution française, Joseph Ricoux qui l’acquiert, prétend « avoir agi dans la présente vente pour compte d’ami en faveur de trois petits enfants du citoyen J.J.-B Castellane résidant à Saint-Paul-Trois-Châteaux ».

IMG_7053.JPGLe donjon du baron Boniface VI de Castellane défia le nouveau comte de Provence Charles d’Anjou. La puissante baronnie de Castellane s’étend alors sur tout le Verdon. Il manie le sirventès1 avec brio. « la guerre, les efforts, le tumulte me plaisent » disait-il. Mais Charles d’Anjou gagnera cette guerre et les barons de Castellane devront se soumettre.

IMG_0128.jpgVu de derrière, cet ensemble de bâtiments n’a rien d’impressionnant. De face, évocateur des temps féodaux, il domine magistralement le village d’Esparron ; nous voyons bien que la façade des six corps de logis a été restaurée (XVIIIè). Trois étages de fenêtres cintrées sont prises en tenaille entre deux avancées rectangulaires servant de toursIMG_7056.JPGLa fontaine du château accolée au domaine du seigneur, servait également de fontaine publique et alimentait le lavoir tout proche. Avec ses pilastres et son fronton triangulaire, elle décore l’entrée du château depuis 1862.

IMG_0138.jpgAprès la cache Château d’Esparron par MSJWombats, IMG_0140.jpgnous prenons la direction de Quinson par les Sambres, début de parcours commun au sentier de découverte balisé PR jaune ; de nombreux pupitres présentent les espèces végétales : chêne blanc, chêne kermès, genévrier, poirier faux amandier, etc mais en cette saison, il est bien difficile d’identifier les arbres qui semblent morts.

Office du tourisme d’Esparron

Esparron, une des communes du Parc naturel régional du Verdon

cadastre napoléonien 1825 carraire troupeaux d'ArlesIMG_7067.JPGNous marchons sur des blocs rocheux parfois humides et glissants. Au belvédère de la Tuilière, nous pouvons apercevoir le lac. Presque en face de nous, autrefois, un pont édifié vers 1725 permettait aux troupeaux venant d’Arles, de traverser le Verdon lors de la transhumance vers les Alpes : il est aujourd’hui noyé sous les eaux mais nous en trouvons trace sur le cadastre napoléonien. Esparron, situé sur cette draille vivait donc du passage des moutons sur ses terres.

La communauté d’Arles préoccupée d’assurer la conservation de ses immenses troupeaux, entretient dans la Crau des gens armés ; elle facilite la transhumance en établissant des carraires, en assurant le libre passage par des traités avec les riverains, en s’assurant de lieux de parcage pour les troupeaux. Le Droit d’esplèche dans la Crau d’Arles, thèse pour le doctorat Faculté de droit d’Aix.Fassin Paul, impr. de B. Niel (Arles), 1898

En 1934, le département des Basses-Alpes, recevait encore en estivage 120 troupeaux des Bouches-du-Rhône. Le cadastre napoléonien d’Esparron porte trace de ces sentiers de la transhumance : la Carraire de l’abreuvage, la Carraire des troupeaux d’Arles qui longeait le Verdon avant de le traverser au sud de l’actuel ravin de Chabert.

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La chapelle Saint-Pierre-de-Bagnols, coincé dans un vallon des monts de Vaucluse


Petite balade facile et rapide pouvant être un complément à celle de la bergerie de Cabrone, ou à faire le jour où vous êtes aux environs d’Apt. Lieu idéal à Villars pour un pique-nique à l’ombre l’été.

IMG_6845.JPGIMG_6849.JPGNous partons du hameau de Fumeirasse, près du lavoir. Un vieux panneau indique le sentier de la chapelle : ce sera le seul que nous verrons. Ti’Mars… se pose la question de savoir si nous sommes sur le bon chemin. Nous empruntons celui qui monte sur la gauche, longeons quelques champs. Ce n’est qu’une fois à 50m que nous apercevrons la chapelle totalement cachée dans le fond du vallon, au pied d’une falaise impressionnante que surplombe un rocher menaçant. La chapelle Saint-Pierre de Bagnols serait construite à l’emplacement d’un temple dédié à Sylvain et à Jupiter ; sa nef voûtée a été restaurée et agrandie en 1763. Un fragment d’inscription de sa consécration en 1160 a été encastré dans le mur nord de la chapelle.

IMG_6851.JPGIMG_6850.JPGPlus tard encore, en 1160, on trouve confirmée à l’abbaye Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon la propriété de la petite église Saint-Pierre-de-Bagnols au Villars. Cette église est bâtie […] sur l’emplacement d’un petit sanctuaire des eaux gallo-romain – et l’on y venait jusqu’au XVIII° siècle implorer la pluie quand sévissait la sécheresse, ce qui témoigne d’une telle pérennité qu’il est bien difficile d’envisager une rupture dans sa fréquentation… Extrait de Une féodalité contrariée, Histoire du Lubéron, Jean Méhu

IMG_6862.JPGDurant des siècles le sanctuaire fut à l’abandon et en ruines. Le culte à Saint-Pierre s’y perpétua près de deux croix de bois. En 1703 des bergers retrouvèrent les traces des anciennes fondations et des sépultures. On reconstruisit la chapelle sur le même plan. Le 22 avril 1893, les paroissiens de Saint-Saturnin, des Grands-Cléments et de Villars touchés par une sécheresse exceptionnelle ont prié ensemble pour obtenir la pluie. Le 9 mai suivant […] les habitants des Grands-Cléments avaient réuni assez de dons pour acheter une cloche et la déposer dans la chapelle. Extrait de Inventaire des sanctuaires

APT_270.jpgUne aire de pique-nique aménagée sera notre lieu de repas. Nous continuons à tester des testrepas lyophilisés de la boutique Fallières nutrition, destinés aux voyageurs et randonneurs. Nous goûtons aujourd’hui le testtaboulé et le testyaourt aux fruits lyophilisés. Ti’Mars… verse de l’eau froide dans le taboulé (4,10€) posé bien à plat sur la table de bois. Au bout du temps annoncé, les grains de taboulé sont toujours aussi durs et la quantité d’eau, difficile à mesurer, semble excessive. En attendant, nous mangeons un sandwich. Au bout de 20mn, le taboulé est à peine prêt. Nous le goûtons quand même ; le verdict est sans appel : insipide. APT_277.jpgSans doute de l’eau chaude aurait-elle accéléré le processus de réhydratation. A choisir, pour un prix inférieur, je vous conseille plutôt d’acheter le taboulé congelé pour 2-3 personnes de chez Picard Surgelés (3.40€), dégelé de la veille. Evidemment, il vous faudra préparer une portion dans un plat adapté : moins pratique et plus lourd que le lyophilisé mais si vous partez pour une seule journée, c’est envisageable. Le dessert de yaourt aux fruits rouges (4.20€) s’avère donc nécessaire : si la consistance n’est pas tout à fait celle du yaourt (c’est plutôt du lait épaissi), la préparation nous satisfait beaucoup plus, bien que les fruits rouges soient rares. Mais vous aurez accumulé des calories pour repartir.

IMG_6866 Ti'Mars... au zoom dans la grotteIMG_6859.JPGLes deux grandes baumes, creusées très haut dans la falaise en face de la chapelle, sont une réelle invitation à la visite pour Ti’mars… qui grimpe jusque là par un raidillon glissant. Après sa redescente, nous continuons quelque temps dans la combe de Saint-Pierre, qui passe entre les ‘portes’ des gorges, telles que surnommées par les anciens.

Image de l’itinéraire 2km A/R dénivelée 65m 1h30