Cette rando du 31 mars 2019 est un test pour nous les aixois qui randonnons ensemble depuis longtemps ; si les filles veulent parcourir le chemin de Compostelle du côté de Cahors et Rocamadour, il leur faut tester leurs compétences en matière d’endurance ; c’est donc le GR653A entre Eguilles et Pélissanne que j’ai choisi ; j’en ai déjà parcouru plusieurs portions sur Eguilles lors de randonnées en boucle dont celle du circuit qui passe par deux bornes milliaires proches de Aquae Sextiae.
L’organisation est prévue avec deux voitures dont l’une est déposée sur un parking chasseurs près de la borne milliaire de Bidoussanne (Pélissanne). Pour ne pas répéter ce que j’ai déjà écrit, je vous cite les articles correspondant au descriptif des portions de GR déjà effectuées ; le début est marqué par [GR653A] et la fin par [/GR653A].
Nous partons du centre du village d’Eguilles où le GR653A est d’abord bien indiqué puis nous perdons la marque, ce qui n’a pas d’importance tant que nous gardons la direction sud-ouest vers La Bastidasse, Bouillidous. Les routes ne sont généralement pas très fréquentées et sont bordées de belles habitations comme le chemin des sauriers1 que j’ai suivi en partie dans cet article Sur le chemin poissonnier à Eguilles et Coudoux.
Le chemin du Bouillidou suit le ruisseau du même nom, passe devant les arbres en fleur et les troncs noircis par le terrible incendie de 2017 – que je voyais évoluer avec inquiétude depuis ma fenêtre -, l’éolienne de pompage dans une propriété privée ; à la bastide Prêcheur (partie décrite dans l’autre sens dans l’article Les collines d’Eguilles des Ponteils à la plaine), la route se mue en sentier ; au puits, il vire à gauche et part à l’assaut de la colline par un classique chemin pierreux ; nous traversons le pont au dessus des rails de TGV ; le GR suit la voie de chemin de fer mais nous préférons un autre sentier bien visible en face. Il longe sur 200 m la limite entre les communes d’Eguilles et Ventabren. La piste est large, bordée de quelques pins.
La cabane de pierre sèche se trouve près de l’élevage de chèvres, loin de toute autre habitation. Le GR va suivre à nouveau la frontière entre les communes : de petites bornes la matérialisent. Nous entendons les coups de feu du balltrap Artemis.
Nous arrivons maintenant à une vaste étendue dénudée, tout en longueur : l’empreinte de l’oléoduc de la société SAGESS Société anonyme de Gestion des Stocks de Sécurité (merci André pour l’info en commentaire) déclaré d’utilité publique en 2006, entre Manosque et Fos. La servitude de protection est large de 18 m, sans doute pour permettre l’implantation future de nouveaux pipelines… Pourquoi ce transport d’hydrocarbures, produits dangereux, n’est-il pas signalé clairement sur le terrain ?
Sur des chemins caillouteux et sans ombre, nous nous dirigeons en direction des ruines du Mazet (Lire Les bergeries des terres gastes, les Brulades à Eguilles) d’où nous avons une vue dominante sur Sainte-Victoire. Le classique mûrier trône devant la bâtisse ; le long abreuvoir alimenté par un puits est toujours là. Il y a quelques années, un berger emmenant un millier de moutons en transhumance, y faisait halte : nous avions échangé sur le travail des chiens. Sous les arbres en contre-bas, nous prenons notre déjeuner. Nous sommes presque à la moitié du parcours.
Nous redescendons vers les Quatre-termes, coupons l’ancienne voie de transhumance des troupeaux d’Arles (impossible à reconnaître si on ne la connait pas) puis la D17 très fréquentée ; peu après, le GR de la carte IGN s’interrompt par un énorme bloc rocheux en travers du sentier : son tracé a donc changé. Nous le retrouvons peu avant de traverser la D67E. La piste est facile et un peu ennuyeuse ; Majo commence à avoir mal aux pieds et nous essayons de l’encourager ; au passage, nous observons quelques curieuses toiles d’araignée suspendues aux herbes, une toile caractéristique en nappe et entonnoir. Ces toiles ne sont pas refaites régulièrement mais raccommodées et elles peuvent durer plusieurs années dans les lieux protégés. De la famille des Agelenidae mais en l’absence de photos de l’araignée elle-même, je ne peux en dire plus (agélène ou tégénaire ?). Identification des araignées à toiles irrégulières en PACA
Vanne de la grande Plaine, ouvrage de régulation de l’eau du canal de Marseille. Jusqu’en 1970, il fut la source quasi unique d’alimentation de la ville de Marseille et en fournit encore les deux tiers de nos jours.
Le 12 juillet 1834, le maire de Marseille, Maximin Consolat, déclarait que le canal était pour la cité phocéenne une question de vie ou de mort et que quoi qu’il advienne, quoi qu’il en coûte : il serait exécuté. En juillet 1847, l’eau de la Durance arriva à Marseille. Parcourant 84 km, comportant neuf aqueducs (dont celui de Roquefavour), dérivant 5,75 m3/s, le canal de Marseille amenait les eaux de la Durance, depuis Pertuis à la cité phocéenne. De nos jours, pouvant transporter jusqu’à 15 m3 /s, il alimente les communes du sud de l’étang de Berre, l’agglomération marseillaise, Aubagne, Cassis et La Ciotat. D’après le dossier pédagogique de la SCP
Nous rejoignons la très passante D17, l’ancienne voie romaine dite aurélienne ; avant de l’aborder, le balisage comporte trois marques : jaune/bleu, blanc/rouge et coquille saint-Jacques ; c’est la partie la moins agréable car le GR c’est 2km200 sur route passante que nous traversons presque aussitôt pour retrouver la borne milliaire de Caseneuve (Lire Les bornes milliaires de Caseneuve et Bidoussane) cachée derrière la haie en bordure du champ (propriété privée). Via Aurelia : milliaire de Caseneuve, Liodan13
Nous traversons à nouveau pour marcher le long des vignes ; après le Val d’Estable, nous traversons la route à nouveau pour emprunter un chemin de terre qui longe la route. L’opportunité de marcher sur les chemins d’exploitation le long des vignes ne sera peut-être plus possible car la dernière fois que je suis passée en voiture le château Magnan et le Val d’Estable en avaient interdit l’accès.
[Variante en vert foncé sur la carte] La route s’écarte de la voie romaine qui, c’est connu, est pourtant rectiligne ; c’est qu’aujourd’hui une partie de celle-ci est incluse dans une parcelle privée mais au niveau des Crottes, il est possible de la rejoindre ; étant frontière entre deux communes et non cadastrée, je suppose que cette voie est publique (non vérifiée pour l’instant). Je vous l’indique en variante sur la carte. C’est bien plus agréable que la route mais sans garantie quant au droit de l’utiliser !
Ne pas rater sur la gauche le chemin qui, après avoir longé les vignes après le château Magnan et sa chapelle, va rejoindre la voie aurélienne dont vous aurez bien du mal à repérer les caractéristiques romaines sauf à la borne de Bidoussane (ou Gigery selon F. Benoit) qui n’est pas située sur du même côté que la précédente de la voie romaine car elle a été déplacée.
Le parking est à deux pas, sous le grand arbre. Nous sommes fiers d’avoir réussi l’aventure. Contrairement à la plupart des pèlerins de Compostelle, nous avons pris le temps de la découverte. Le balisage aurait besoin de rafraîchissement et la carte IGN d’une mise à jour… En une seule journée, nous avons marché sur le territoire des communes de Eguilles, Ventabren, Coudoux, Pélissanne et La Barben.
Image de l’itinéraire officiel 21km200, 194m dénivelée (+163, -357)
Caractéristiques techniques de notre test : 5h40 déplacement (7h35 avec pique-nique, arrêts et temps de découverte). Télécharger la trace officielle
1saurier : peut-être de saur (salé, fumé) ; ce chemin serait alors la voie du sel la moins connue
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Nicole bonjour
Un petit mot sur le gazoduc de la Sagess qui est en réalité un Oléoduc.
La SAGESSS est la société qui en France gère les stocks stratégiques de pétrole.
En Provence, la société qui opère ce stockage pour le compte de la Sagess est la société Géosel.
Voici pour l’historique de cette société:
http://www.geosel.fr/fr/historique.html
Les sites de Géosel près de Manosque peuvent être le but d’une randonnée
A bientôt
André