Notre-Dame-des-Anges, voilà un lieu sacré fort ancien (ermitage et couvent), caché dans le massif de Bau Trauca dont les toponymes activent l’intérêt des curieux : grotte de l’Ermite, lieu-dit Paradis et ses légendes associées ; il y a aussi Notre-Dame-du-Rot que nous n’avons pas encore réussi à rejoindre jusqu’au bout… C’est André qui a préparé aujourd’hui.
Un grand parking sur la route de Notre-Dame-des-Anges après l’oratoire (photo google maps) accueille les chasseurs, les randonneurs, les VTT et les amateurs d’escalade au Pilon du Roy. Une piste mène jusqu’au col Sainte-Anne avec points de vue sur Gardanne, sa haute cheminée, ses tours de réfrigération et Sainte-Victoire.
A l’oratoire du col, nous basculons sur l’autre versant de la montagne, côté sud et quelques lignes à haute tension. Dans un lacet serré de la route, nous ne trouvons pas la piste prévue à gauche mais apercevons un improbable mur de pierres au pied d’un rocher. Nous continuons donc la piste – encore un mur de pierres là-bas ; le portail d’accès au lieu n’est plus fermé : nous quittons la piste menant à Plan-de-Cuques pour ce sentier qui arrive au pied du sanctuaire .
Qui dit privé, dit interdiction d’entrer sans autorisation ; nous ne verrons donc pas grand chose : les murs ruinés de l’ancien couvent, l’hostellerie qui accueillait les pélerins et peut-être les citernes. Pour le reste le meilleur document illustré de gravures anciennes et d’un plan, est sans doute celui de Paul Courbon dans sa chronique souterraine.
… une belle grotte de 60 mètres de longueur, avec des stalactites et des congélations fort curieuses, terminée par une double grotte, l’une supérieure où était l’autel de Saint Philippe de Néri, l’autre inférieure qui forme le sanctuaire de l’église, communiquant par un arceau naturel avec la Baoumo Vidale transformée en une grande chapelle à laquelle l’ouverture du clocher sert de dôme.
Père Miollis chroniqueur de ND des Anges au début du XVIIIe
Puisque légende il y a, j’ai d’abord essayé de distinguer les faits de la légende à partir des documents ci-dessous :
Noël Coulet, L’ermitage de Notre-Dame-des Anges de sa fondation (XIIIe siècle ?) à l’installation des oratoriens, Provence Historique, 2018, 68 (264), pp.401- 420
Ferdinand André1, Notice historique sur la maison et solitude de Notre-Dame-des-Anges au territoire de Mimet, diocèse d’Aix, Marseille, typogaphie Vial, 1856
- L’établissement de cet ermitage remonterait au commencement du XIIIe siècle (charte sur parchemin en provençal médiéval), vers l’année 1220, par frère Jean qui s’installe dans une grotte, la grotte Vidale, repère de serpents. Frère Antoine fut le compagnon de ses premières années.
- 1392 : Clément VII accorde une indulgence à ceux qui visiteraient ce lieu
- 1526 : signature d’un bail en faveur de la confrérie par le seigneur de Mimet Marc Froissard Chaussegros
- 1604 : ermitage donné aux Camaldules ; bail signé dans la maison de Claude Fabri de Peyresc, seigneur de Calas,d’un circuit de terroir … tout alentour de l’église Notre-Dame-des-Anges … pour bâtir et construire une église et couvent sous le titre et ordre de saint Romuald
- 1607 : ermitage abandonné par les Camaldules (sans doute pas assez silencieux…), les ermites de Saint-François y retournent (Constant Maurel, Honoré Chabrand)
- 1625 : nouveau bail sur un terrain que les ermites avaient irrégulièrement envahi
- 1632 : délibération du Chapitre pour implorer les grâces de Dieu lors d’un pélerinage vu la sécheresse
- 1640 : donation à la Congrégation des Frères de l’Oratoire qui installent des oratoires de 12 pans2 de haut pour guider les visiteurs
- 1657 : Seuls les hommes sont admis à l’hôtellerie.
- 1790 : destruction partielle ; la statue de la Vierge mutilée est descendue dans l’église de Mimet
- 1693 : construction de la chapelle Le Paradis (accès par un sentier taillé dans la pierre) ; de nombreuses personnalités de l’époque y ont fait une retraite (cardinal Grimaldi, abbé du Chaine, M. de Grignan, abbé de Cabanes, François Piquet (évêque de Césarople),..
- 1697 : les Pères de l’Oratoire acquièrent le domaine de Saint-Joseph (sur Mimet et Allauch)
- 1719 : mort du Père Marrot
- 1773 : accueil de quelques persécutés parisiens
- 1795 : vente du domaine à deux marseillais Gaspard Coste et Pierre Bausset ; puis Olive et Jullien ; le Frère Sabatier relève quelques ruines puis s’enfuit avec l’argent des fidèles. La clé est confiée au propriétaire.
Le retour se fera par le sentier des pèlerins réparé par l’assemblée des communautés sise à Lambesc en 1657 : le seul sentier existant encore début XIXe. Pourvu qu’il soit encore entretenu… Il commence plutôt bien.
Les canadairs au dessus de nos têtes, s’entrainent en une large boucle, au largage de l’eau en prévision des incendies de l’été. L’aire de la Moure est faite pour ça. Au loin, on peut même voir la Bonne Mère à Marseille.
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