Notre Dame des Neiges par le téléphérique du Prorel


Notre Dame des Neiges, nous la voyons d’en bas, avec sa façade blanche. A pied depuis Briançon, nous n’y avons pas songé (1000 m de dénivelée !) ; nous prendrons donc le téléphérique du Prorel : tel est le programme tranquille de notre après-midi. De 1209 m d’altitude à 2354 la télécabine domine le paysage et donne le vertige. Sur le côté parfois, on reconnait le chemin des randonneurs. Peu de monde à pied, peu de monde dans les télécabines. Le coronavirus a manifestement changé la donne cet été…

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Il fait frais là haut mais la marche de nous laissera pas le temps d’enfiler une polaire. Nous commençons par la table d’orientation devant laquelle nous nous livrons à l’identification des sommets avec l’application mobile PeakFinder qui désormais, ajoute le nom des sommets sur la photo. Génial ! un point de vue remarquable sur Briançon, la vallée de la Durance et sur les sommets environnants du Briançonnais, du Queyras et des Ecrins.

Nous rejoignons à vue le sentier bien visible en surveillant les effondrements. Majo, qui aime tant les fleurs, prépare avec application son herbier numérique avec toutes celles qu’elle rencontre à commencer par une plante grasse, la joubarbe aranée qui se présente sous forme de petites touffes qui donnent de belles fleurs roses à raie rose. Dans les cuvettes où l’eau demeure, je sais reconnaître les traditionnelles linaigrettes blanches.

Chapelle Notre Dame des Neiges : on ne voit d’abord que son toit ; devant les montagnes, son clocheton semble toucher la cime du petit Peygut. Même la Roche Noire derrière plus gros qu’elle est visible malgré les quelques nuages. Briançon à nos pieds, petite et silencieuse, la Cité Vauban, les forts qui nous ont fait un clin d’œil à chaque balade et même le lac de barrage du pont Baldy sur le torrent de la Cerveyrette. Nous faisons d’abord le tour de la chapelle ; un papa s’inquiète de voir son enfant s’approcher trop près de la croix et du précipice.

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De Beaurecueil au hameau du Bouquet


Petite randonnée par l’ancienne carraire du Bœuf – le domaine du Boeuf était tout proche au début du XIXe – qui joint Beaurecueil au hameau du Bouquet (Saint-Antonin-sur-Bayon). Le chemin est pratiquement identique à celui figurant sur le cadastre napoléonien car cette voie de transhumance, pendant longtemps, était inaliénable pour permettre aux bergers de rejoindre la grande carraire arlésienne qui les menait dans les Alpes. Un arrêté du parlement de l’ancienne province de Provence du 21 juillet 1783 imposa leur rétablissement, et le rappela par un arrêté de rétablissement des carraires en 1806.

Les « carraires » ou « drailles » sont des servitudes de passage sur des propriétés privées consacrées, à l’origine par le droit coutumier de Provence et affectées au passage des troupeaux transhumants. Il y avait des petites carraires qui servaient à faire circuler les troupeaux dans l’aire de la communauté et les grandes carraires qui servaient à traverser toute la Provence. Les propriétaires n’étaient pas dépossédés du sol sur lequel elles étaient tracées. […]
[…]  la servitude conventionnelle de passage est éteinte par suite d’un non-usage de 30 ans. Selon le site jurisconsulte.net

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Je me suis garée sur le parking de la mairie ; je passe derrière le château avec les deux tours d’angle qui restent, son parc, son pilier sculpté ; c’est l’entrée primitive du château – aujourd’hui celle des fournisseurs. Au bout de l’allée, derrière le bâtiment en face de moi, il y avait la chapelle du XIXe construite sur des salles voûtées ; elle a été démolie en 1990 lors de l’aménagement de la maison de retraite. En faisant le tour du château, plan de Jean Ganne en main (non orienté au nord), vous identifierez peut-être certains éléments et vous me direz si le pigeonnier est bien placé…

L’inventaire des propriétaires successifs est impressionnant, peut-être en ai-je oubliés :

  • Pierre De Cormis a construit la bastide en 1586,
  • Louis de Cormis,
  • Claude de Cormis ;
  • Joachim Laugier en 1715,
  • Jean Joseph de Laugier ;
  • en 1777 Pierre Joseph d’Aillaud de Vitrolles, propriétaire du château, de la carrière, des moulins et fours ;
  • la famille Gallifet, seigneurs du Tholonet. A la révolution, ses biens sont vendus.
  • 1804 : J.-L Arlatan ;
  • Marie-Louise de Gallifet, fille de l’ancien seigneur de Beaurecueil ;
  • M. Vachier, avoué à Aix ;
  • Jean Ferréol en 1849 ;
  • en 1853, l’abbé Charles Fissiaux, fondateur de la congrégation de Saint-Pierre-ès-Liens y fonde la colonie agricole de Beaurecueil pour jeunes délinquants (voir Le grand Cabriès).
  • Les lieux sont confisqués en vertu de la loi sur les congrégations en 1903 et rachetés par Joseph Henri Save (époux de Laurence de Laget, fille de Cormis, nom du premier propriétaire du château…), dans un premier temps au prix de 51075 francs le 21 avril 1904 ; le lot a été surenchéri  le 29 avril 1904 et une vente sur surenchère (59 590 francs1) a eu lieu le 15 juin 1904 à Marseille (le Mémorial d’Aix, 29 mai 1904)
  • 1920 : office départemental des Pupilles de la Nation ;
  • 1924 : office départemental des Anciens Combattants et victimes de la guerre des Bouches-du-Rhône ; (seconde guerre mondiale 39-45 : les lieux sont occupés par l’armée allemande) ;
  • 2018 : municipalité de Beaurecueil ; établissement dénommé EHPAD public autonome communal Le château.

Avec toutes ces transformations, difficile de saisir le caractère originel du château ! Côté ouest par exemple : contre l’enceinte du château, se trouvent une tour (ancien pigeonnier ?) et probablement un ancien bassin de distribution d’eau, car de là, un canal d’arrosage allait vers l’ouest jusqu’à la limite avec le Tholonet. De nombreux bassins circulaires encore présents en 1827, n’existent plus. Prés et pâtures s’étendaient jusqu’à la route. Beaurecueil, une petite commune du pays d’Aix et son histoire, Jean Ganne [ndlr : professeur au lycée Vauvenargues en 1979], Chateauneuf-le-Rouge, 1999

Photo extraite du livre cité d’Emile Julien

Je rejoins l’avenue Sylvain Gautier. A la grande fontaine, restaurée récemment, arrive une canalisation mise en place au XVIIe, qui venait de la rivière Bayon, remise en état par l’abbé Fissiaux au XIXe, pour son pénitencier agricole.

Depuis l’écluse, l’eau était distribuée dans le château et dans différents bassins qui arrosaient le parc et les prés : c’est le béal2 du moulin. En amont on voit encore le canal en tunnel qui passe sous une butte. Il ressort ensuite dans le poney club [Merci à Pierre G., ancien enseignant de Beaurecueil]

Peu après la fontaine, sur la droite, débute la carraire du Boeuf aujourd’hui renommée chemin de Beaurecueil. La ferme de Beaurecueil ou « un pénitencier à l’ombre de Sainte-Victoire », Emile Julien, Atelier des Livres, 2013

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*** Tour du lac d’Allos


Marie nous a tellement parlé de ce lieu ‘magique’ que nous avons décidé de passer une nuit à Beauvezer dans le Haut-Verdon, et de faire deux randonnées : le tour du lac d’Allos et le lendemain, les gorges de Saint-Pierre que, personnellement, je parcourrai pour la troisième fois (lire article La cascade des gorges de Saint-Pierre).

L’album photos

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Durant la haute saison (du 1er juillet au 31 août 2019), l’accès au parking du Laus (ou parking du lac d’Allos), dans le sens de la montée, est réglementé et payant de 8h30 à 17h… sauf si passez avant l’ouverture. Le parking de la Cluite, gratuit, a été agencé en contrebas, rendant le lac d‘Allos à 2h15 de marche. Nous avons choisi le parking payant de façon à profiter pleinement du lac le peu de temps que nous y sommes.

Dès le départ, l’environnement montagnard est coloré : plein de nuances de vert avec les prairies, les pins et mélèzes, les tapis de fleurs jaunes, les rochers gris clair, le ciel bleu limpide : nous sommes déjà ravies. Les couleurs vont se multiplier au fur et à mesure de notre progression.

Le sentier de découverte est ponctué de panneaux d’information que nous prenons le temps de lire. Eh Domi ! tu te souviens comment distinguer le mélèze1 du pin crochet2 ? deux espèces plantées en grand nombre lors du plan de Restauration des Terrains en Montagne, déclenché après plusieurs crues torrentielles et dévastatrices ; la cabane forestière du Laus qui sera sur votre gauche, en est encore le témoin.

Nous passons au dessus du ravin de Méouilles sur un simple pont de planches de bois. Nous n’entendrons pas le chuintement et le roucoulement du tetras-lyre mais nous verrons par la lunette le faux perché sur une branche d’arbre.

Dans la tourbière du Laus, milieu humide et pauvre en oxygène, le ruisseau de Chadoulin dessine d’élégants méandres dans la végétation, comme s’il avait du mal à contourner les obstacles ; autrefois, il y avait là un lac progressivement comblé par des dépôts amenés par le torrent 9 000 ans avant J.-C. Avec une paire de jumelles nous devinons une résurgence du lac : après un parcours souterrain de 2 km à travers cavités et fissures, l’eau resurgit ici 32 m en dessous du niveau du lac et s’écoule dans la plaine de Laus.

Les montagnes se dévoilent autour de la grande Séolane dont le sommet, vu d’ici, a la forme d’un creux, entourée de la Tête de Sestrières et le Grand Cheval de Bois.

C’est dans ce secteur que l’on trouve le lac d’Allos, le plus grand lac naturel d’Europe à cette altitude (2 200 m). Creusé il y a 20 000 ans par un glacier, il est cerné de cinq «tours» en grès d’Annot qui culminent à plus de 2 500 mètres. Le sommet du mont Pelat3 (3051 m), fréquenté par aigles royaux, marmottes, hermines, bouquetins, insectes rares…, offre une vue exceptionnelle sur le lac et, par temps clair, permet de voir de la montagne Sainte-Victoire jusqu’au Mont Blanc… Parc du Mercantour

Au panneau d’information sur les marmottes, bien à-propos, une marmotte un peu lourdaude se sauve dans le pré : je ne vois que son arrière-train. Bientôt un bout du lac apparaît avec ses pics tourmentés puis, face au refuge, les Grandes Tours du Lac  ; la vision complète du lac ne peut laisser insensible l’amateur de nature préservée, sans espace aménagé pour les touristes – hormis le refuge -, sans nuisance sonore, sans parking voiture, sans eau courante, sans poubelle (chacun gère et remporte ses déchets). Nous sommes toutes séduites… la dernière étude scientifique constate qu’aujourd’hui une vase noire se développe au fond du lac : oeuvre du réchauffement climatique ?

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