La maison hantée de la Pré Fantasti


Quel randonneur curieux n’aurait pas envie de se rendre jusqu’au manoir de la Pré Fantasti1 réputé pour être une maison hantée ? en déplacement dans le Vaucluse pour la préparation de l’Aperocache Provence 10 ans (3 et 4 juin 2017, rencontre organisée par l’association des Geocacheurs de Provence et de Partout), j’en ai profité pour faire cette courte balade que j’ai complétée ultérieurement par un circuit vers le lac du Paty, constituant ainsi une vraie randonnée autour du patrimoine.

Je stationne sur le parking du lac du Paty, déserté sans doute à cause du mistral. Le sentier est balisé. Je passe d’abord à la figuerie où était plantée la figue longue noire [violet foncé] de Caromb : deux récoltes par an, la seconde donnant des fruits plus petits. Comme pour la truffe, la figue a sa confrérie  : la confrérie de la figue longue noire de Caromb créée en 2008 : c’est cette association qui entretient la figuerie du Paty, verger conservatoire pédagogique avec 35 variétés de figues différentes.

Un cairn puis les traces d’une ancienne carrière, empreinte économique du XIXe ; c’est un calcaire coquillier de bonne qualité, de couleur blanche ou jaune, assez imperméable : sans doute cela explique-t-il qu’il ait servi à la construction et la réparation de quelques fontaines de Pernes [fontaine du Cormoran par exemple], du couvent des dominicains à Carpentras. Le front rocheux donne l’impression d’étages de pierre.

Au loin le haut manoir hanté surgit, annoncé par quelques pierres posées au sol, gravées ou sculptées en relief (« NI » comme Barberini ?, « AU », « P »). Construite entre les XIVè et XVè par le maître-carrier du lieu, elle est habitée ensuite par les frères Barberini, d’une famille noble originaire de Florence. Ses fenêtres à meneaux se détachent bien sur les murs dorés ; un jardin en terrasse fait face au porche en encorbellement soutenu par un pilastre monolithe. A l’intérieur, on devine l’escalier à vis qui menait à la chapelle privée à l’étage.

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* Les 40 fontaines de Pernes


Les Pernois étaient si contents de découvrir la source saint-Roch au XVIIIè qu’ils ont acheminé l’eau dans chaque quartier du village et fêté l’événement en faisant construire quatre fontaines monumentales : le Cormoran, le Souchet, Reboul et l’Hôpital. L’office du tourisme propose un circuit pour découvrir à la fois les fontaines et les « trésors de pierre ». Avec vos enfants, transformez cette balade en chasse aux trésors : à l’aide du plan, ils devront trouver un maximum de fontaines, les photographier puis au retour les numéroter.

Pernes au fil de l’eau, P. Gabert et J. Rey, Ed. A. Barthélémy, 1992

Compte tenu de l’importance des fontaines, leur charme, leur variété, le conseil municipal délibère et demande l’autorisation de rebaptiser Pernes ; le 18 mars 1936, le Président de la République donne son autorisation : Pernes devient Pernes-les-Fontaines, la perle du Comtat.

1462 : première mention dans les archives à parler des fontaines. De tout temps, les consuls de la ville ont pris soin de protéger les fontaines, allant jusqu’à interdire d’y laver (1596) afin de préserver l’eau pour le bétail. Mais face à l’indiscipline des habitants, des fers pointus sont posés sur les bords des fontaines (1625) ; étaient poursuivis en justice tous ceux qui faisaient leurs plantations trop près de l’aqueduc. En 1750 devant le tarissement des fontaines, des chantiers d’excavation aboutirent à la découverte d’une source considérable dans la propriété de M. Proal à Saint-Barthélémy. Des carriers de Carpentras creusèrent trois cent mètres de galeries pour constituer un réservoir.
En 1759, une ordonnance du Vice-légat interdit d’ensemencer les terres traversées par l’aqueduc ; en 1765 une réglementation sur l’utilisation de l’eau a force de loi ; en 1779, les particuliers qui prenaient l’eau aux fontaines furent d’obligés d’y installer un robinet.

Sur les trois fontaines classées et monumentales, du Gigot, du Cormoran et de l’Hôpital, avec un peu d’attention, vous reconnaîtrez Midas, roi de Phrygie avec ses oreilles d’âne.

On raconte aussi que Midas ayant préféré la flûte de Pan à la lyre d’Apollon, le dieu irrité orna sa tête d’une magnifique paire d’oreilles d’âne.
Midas obtint de Dionysos (Bacchus selon les Romains) la faculté de changer en or tout ce qu’il touchait. Mais à peine son vœu fut-il exaucé que tout, jusqu’à ses aliments, se transformait en or dès qu’il y portait la main. Un jour qu’il était en visite dans son royaume, ne pouvant assouvir sa soif dans le désert, la Terre fit jaillir une source d’eau mais celle-ci se transforma en or. Sur ses prières, le dieu Dyonisos transforma le flot d’or en eau. Version du site mythologie grecque. La richesse de Pernes c’est donc bien l’eau dans une région de sécheresse plutôt que l’or…

Nous avons découvert les principales fontaines grâce à une multi-cache, bien conçue mais qu’il faut bien préparer.

Les fontaines de Pernes, multi-cache de jdesca

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Le Thor et la colline de Thouzon


Yves et moi avons débuté la découverte par le village du Thor, ville d’eau – au bord de la Sorgue – et de patrimoine. Curieuse origine que celle de l’église Notre Dame du Lac ! elle aurait été bâtie à l’endroit où un taureau se prosternait et se mettait à genoux toutes les fois qu’on le menait à un petit lac qu’il y avait ici autrefois. On trouva dans l’eau une statue de la Très Sainte Vierge et l’église fut bâtie à cet endroit.
‎LEFEVRE-PONTALIS Eugène‎, Notre Dame du Thor, ‎Congrès Archéologique de France, LXXVI e Session, tenue à AVIGNON 1909
Eglise romane d’art provençal achevée au XIIè, son architecte est inconnu. Elle possède les premières croisées d’ogives gothiques de la région ; le porche est doté d’un cadran solaire en 1641 : un pigeon s’est blotti dans le trou de son ancien gnomon. L’entrée principale se trouve sur le côté, face à la croix de mission en fer forgé érigée une première fois en 1743, détruite à la révolution, rétablie en 1809. Au début du moyen-âge, elle était dotée d’une horloge publique : au son de la cloche, étaient convoquées les séances du conseil de ville. Prisonnière des hauts remparts jusqu’en 1833, elle se trouve aujourd’hui au bord de la Sorgue.

L’église du Thor ne bouge plus, force de pierre. […] Elle encorne le ciel en même temps qu’elle s’enfonce dans un lit de cailloux vers le ventre de la terre. Sur le pont du Thor j’ai senti parfois le goût vert et fugitif d’un bonheur immérité. Ciel et terre étaient alors réconciliés. Albert Camus, Henriette Grindat [photographie], la postérité du soleil, Gallimard, 2009

La Sorgue 4, Notre Dame du lac, jeancaching84

Près de la passerelle de la Garancine, une roue à aubes tourne encore. La récolte des racines de la garance, cultivée dans les marais du Trentin au nord ouest du Thor, se faisait en septembre, trois ans après la plantation. Séchées au soleil, ses racines étaient écrasées par une meule, ici celle de la fabrique de la famille Poussel, une des sept fabriques du Thor. A l’arrivée du colorant artificiel, la teinture de garance donnant une variété de rouges, a disparu (selon le panneau d’information sur place). C’était la teinture des pantalons et képis d’uniformes de l’infanterie de l’armée française jusqu’au début de la Première Guerre mondiale. Selon wikipedia

Passerelle de la garancine, jeancaching84

Nous pique-niquons dans le jardin des Estourans, au pied du château d’eau-pigeonnier traversé par un bras de la Sorgue. Encore de l’eau !

Jardin des Estouransjeancaching84

Nous prenons notre café face à la porte de l’horloge. Nous l’observons, nous posant la question de l’endroit où se trouve l’escalier intérieur pour atteindre le mécanisme. Jean-Félix Devaux, engagé volontaire thorois de la Grande Armée rase totalement l’ancienne porte dont l’ouverture, pas assez large, ne permet pas le passage des voitures. Cette tour-porche se termine sur un couronnement de corbeaux en machicoulis. En 1847, la porte de Douzabas est terminée. En 1927, pour la sécurité des piétons, on ouvre d’abord un et plus tard deux passages de chaque côté de la porte. En 1958, le vieux mécanisme à balancier est abandonné au profit d’une distribution d’heure électrique. D’après le site de la commune

Les remparts existaient déjà lors du partage de la Provence en 1125 ; dotés jusqu’au XVIè de trois pont-levis, un à chaque porte, ils affichent des dimensions remarquables : 1200 m de long, 6 à 8 m de haut et 1.25 m d’épaisseur. Les maisons y sont adossées, collées, des portes de garage modernes y ont parfois été percées. Dommage ! D’autres curiosités sont à voir dans le centre ancien.

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