Du refuge Cézanne à l’oppidum d’Untinos par le tracé marron


Une boucle classique dans le massif de la Sainte-Victoire par un temps « couvert, avec quelques éclaircies et un  vent à 10km/h ». Les photos s’en ressentent, forcément. Mais je retrouve « ma » montagne avec plaisir.

La météo à cet endroit aujourd’hui et à 3 jours

IMG_0325b.jpgIMG_3308r.JPGPour monter au refuge Cézanne, deux possibilités : une longue et facile par une large piste à l’ouest, l’autre à l’est, ravinée (encore plus aujourd’hui car il a neigé et plu ces derniers jours), rocailleuse et parfois pénible : c’est celle-là que nous prenons.  De gros rondins de bois tentent de limiter le ravinement. L’arrivée sur le plan du refuge se signale par un plan herbeux, quelques murs de restanques et un puits à sec. IMG_3311b.JPGLe refuge Cézanne a été construit dans les années 1980 par les excursionnistes provençaux puis restauré par l’O.N.F. en 1986. Je l’ai toujours vu fermé. A côté du refuge des pierres ont appartenu à une ancienne ferme. Au nord une ancienne aire de battage que l’on repère grâce à la calade. Devant, la table de pique-nique est une invitation à boire un café chaud avant de continuer le tracé brun sur la corniche sud qui nous mènera au collet de l’oppidum.

IMG_3310r.JPGCarte de Cassini 1778 le Trou lieu saintLe rocher en équilibre sur le piton rocheux semble bien menaçant : d’ailleurs l’accès à l’ermitage du Trou, maison de pierre coincée contre le rocher, est désormais interdit ; au début du XXème siècle, il y avait encore là une chapelle dédiée à Notre Dame des sept douleurs, que l’on a longtemps cru construite par l’abbé Aubert, fondateur du prieuré de Sainte-Victoire. « Le Père Rousset en fut longtemps le gardien. IMG_0333r.jpgIl y accueillit, après 1875, les pèlerins de la Croix de Provence au retour de leur excursion ». En 1778, la carte établie par Cassini indique « le Trou, lieu Saint ». Le calvaire, symbole de cet édifice religieux, tient toujours au sommet du rocher. Un puits alimenté par une source, alimentait en eau le hameau du Trou mais ce n’est pas celui devant lequel nous sommes passés en arrivant. Site des Amis de la Sainte-Victoire sur la chapelle du Trou (historique de la chapelle reconstituée et photos)

Pour en savoir plus une recherche sur le hameau du Trou

2010, le hameau du Trou : les fermes, le puits, l’aire de battage, le four à pain sont remis en valeur sous le contrôle de l’architecte Xavier Boutin. Le site sera bientôt réouvert au public. Extrait du bulletin n°31, octobre 2010, Les Amis de Sainte-Victoire.

IMG_0400r.jpgNous continuons sur le tracé brun qui mène jusqu’à l’ermitage de Saint-Ser mais nous n’irons pas jusque là. Le chemin monte et descend sans cesse. Sur le côté gauche le tracé noir se faufile dans le couloir des Libellules. Pas pour nous. Puis le tracé Forcioli. Pas pour nous. Les escarpements de poudingues couleur lie de vin à droite tranchent fortement avec la couleur blanche du calcaire à gauche. Que de choses ont dû se passer d’un point de vue géologique ! Pas étonnant que Paul Cézanne ait tant aimé les couleurs de cette montagne.

IMG_0349r.jpgIMG_3325r.JPGL’oratoire de l’amitié a été construit par deux artisans aixois Charles Troump et Louis Merlin, passionnés de cette montagne : ils ont signé de leurs initiales la pancarte du piédestal. De là, on voit même la cheminée de Gardanne et le pilon du Roy ! Nous continuons vers le collet de l’oppidum. Sur le site d’escalade des deux Aiguilles, quelques sportifs s’exercent malgré le froid. Le vent s’est levé. GC1GPNK, La croix du point 532 par pp34

IMG_3327r.JPGUn groupe de randonneurs courageux écoutent sagement leur guide ; nous rejoignons le site de l’oppidum d’Untinos qu’il vaut mieux appeler oppidum du Bayon, daté du second âge du fer, parce qu’il y en a plusieurs à Saint-Antonin (oppida de la Roque Vaoutade, des Masques, du Pas de Magnan). A nos pieds, le village de Saint-Antonin et la maison de Sainte-Victoire. Au loin les sommets de l’Etoile. Après la cache de Bob_13 l’oppidum d’Untinos GC22EF3, bien près du bord de la falaise, nous revenons sur nos pas en contournant les vestiges d’un mur de pierres. Difficile de se représenter un oppidum à cet endroit. Dans Excursions aux environs d’Aix, A.-M. de La Tour-Keyrié, Makaire, 1899, l’auteur nous apprend que les habitants de Saint-Antonin appelait ce mur de moellons taillés  « la dent » (on comprend pourquoi quand on regarde de loin ce débris de castelas). Il y a ramassé des débris de poterie de différents âges, preuve que le lieu a été habité durant plusieurs siècles.

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Roquepertuse


IMG_9645R.JPGJournée d’initiation au geocaching pour ma nièce lilloise. Moi, je connais : j’y suis venue  en octobre 2007 puis revenue en octobre 2008 : entre temps, le site de l’oppidum (Velaux) a été mieux présenté au public et de nouvelles découvertes ont été annoncées ; la colline Sainte-Propice n’a pas changé : un chemin en contrebas permet d’en faire le tour, un autre d’y monter. la balade débute sous les pins puis se prolonge en plein soleil. Des pylones haute tension dénaturent le paysage.

A cette époque j’avais cherché un petit bar restaurant de village mais personne n’avait pu me conseiller. Aujourd’hui il existe  le

Bar Hôtel Restaurant du cours
15 place François Caire
13880 Velaux
tél  :   04 42 87 93 85

Emilie et Nicolas qui vous accueillaient sur la place du vieux village, ont fermé depuis.

IMG_9648R.JPGIMG_9641R.JPGRoquepertuse est un petit plateau surmontant d’une dizaine de mètres la vallée de l’Arc. Oubliez ce que vous saviez de cet oppidum : de nouvelles recherches interdisciplinaires ont quelque peu apporté des éléments nouveaux. « Appartenant à la catégorie des oppida celto-ligures du Midi de la France, le plateau de Roquepertuse a été l’objet de nombreuses fouilles qui ont permis de mettre au jour une fortification […] et d’établir l’histoire du site. Il s’agirait donc  bien d’un lieu de culte commun à tous les villages de la région.IMG_9652R.JPG Une réinterprétation du style des guerriers assis a fait que les archéologues privilégient aujourd’hui une origine plus ancienne pour ces statues : celles-ci remonteraient au moins au Vème siècle avant notre ère. « […] la révision des mobiliers céramiques et métalliques a permis de proposer une datation plus haute (transition IIIème– IIème siècle av. J.-C.) pour la destruction finale du site. […] les statues doivent être désormais disposées sous un portique largement ouvert sur l’extérieur et établi sur l’une des terrasses du cirque rocheux, en contrebas du plateau ».

Vestiges retrouvés sur le site

IMG_9636R.JPGPour accéder au sommet de cette colline, on débute sur un chemin le long d’une oliveraie ; il tourne et retourne en larges lacets jusqu’à un mur. « Roquepertuse et Entremont tombent aux mains des romains en 124 avant J.-C. La vallée de l’Arc connaît alors un essor exemplaire : des aqueducs, de nombreuses villas et fours à potiers témoignent de sa vitalité économique […]. IMG_5709R.JPGIMG_5714R.JPGDéjà on cultive la vigne, l’olivier et le blé. La densité de la population est telle que les terres plus hautes et plus pauvres de Sainte Propice et le Plateau des Amandiers sont à nouveau exploités. Un commerce prospère trouve des débouchés dans les grandes villes voisines d’Arles, Aix et Marseille, mais aussi dans tout l’empire romain.  » Extrait du site de Velaux

IMG_9638R.JPGIMG_5710R.JPGSte Eutropie est la soeur martyrisée de Saint Nicaise, premier évêque de Reims ; elle mourut de la main des Vandales avec son frère, en 407. Les pèlerins demandaient à la sainte de leur être propice et de leur éviter les coups maladroits dont on revient « estroupia »… Les excès et les débordements auxquels se livraient alors les pèlerins, et dont se plaignait le curé, poussa l’évêque à interdire cette manifestation de dévotion populaire en 1752. La chapelle qui porte son nom déformé, a été restaurée partiellement, sans toiture, uniquement des murs mais avec de jolis reflets dorés au soleil couchant. Au sommet de la colline Sainte-Propice, nous rencontrons un geocacheur, Serge Robert, qui repart aussi vite qu’il est arrivé, redescendant la colline du côté opposé, le plus difficile d’accès. Comme nous, il est venu pour la cache de Bob_13 Le sanctuaire de Roquepertuse et son oppidum.

2002 : un nouveau dinosaure, baptisé Atsinganosaurus velauciensis (dinosaure tzigane de Velaux) est découvert à Velaux par Xavier Valentin, chercheur à l’université de Poitiers. D’après la revue Accents, 213, octobre 2012.

Du haut du plateau, le majestueux aqueduc de Roquefavour apparait au loin.

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Sainte-Propice Velaux, 7km445 2h depl 162m dénivelée

Les gorges d’Oppedette


img_8359r.jpgimg_8385r.jpgLongue et sinueuse cette route qui mène au village perché d’Oppedette1 ! je croise des noms évocateurs tels que Siminane-Rotonde, Banon et son fameux fromage de chèvre emballé dans une feuille de chataignier, Reillanne ou l’abbaye de Valsaintes. On est proche du Vaucluse ; on est dans le Luberon.

La météo aujourd’hui à cet endroit

img_8352r.jpgimg_8356r.jpgA ne pas faire un jour de grosse chaleur ! la presque totalité du parcours se fait sur un sentier dominant les gorges, alternant passages en sous-bois et passages découverts. Sur certaines parties du parcours, il faut marcher sur des lapiaz, un peu comme un fakir sur des aiguilles. Au passage dans le premier sous-bois, c’est un véritable tintamarre (fichier son au format .wma) : les oiseaux piaillent de tous côtés et le cri des nicheurs dans les gorges me revient un écho. Cette première partie jusqu’au pont traversant les gorges est agréable et variée.
http://www.reillanne-en-luberon.com.fr/oppedette.htm

geopark du Luberon

img_8379r-150x150.jpgimg_8380r.jpgLes gorges creusées par la rivière du Calavon forment le défilé d’Oppédette, large de 1 m au passage le plus étroit. Les parois de calcaire […] présentent plusieurs exemples de grottes, ponts naturels et avens. N’ayant vu des ponts naturels qu’à Minerve (Hérault), je suis surprise d’en deviner quelques uns depuis le sentier.  « Le Calavon prend sa source dans les Alpes-de-Haute-Provence, traverse les gorges d’Oppedette, traverse Apt et va se jeter dans la Durance vers Cavaillon. […] Elle porte deux noms : d’abord celui de Calavon, puis celui de Coulon à partir du village des Beaumette.. Le changement de nom se fait à l’ancienne limite entre les tribus gauloises des Albiques (Apt) et des Cavares (Cavaillon). » Extrait de wikipedia.

La localité apparaît pour la première fois dans les chartes au XIIIème siècle ; elle est inhabitée dès le siècle suivant. Les protestants se rassemblaient pour leur culte dans les gorges proches du village.

img_8364r.jpgimg_8378r.jpgAprès le pont, je suis de l’autre côté des gorges ; le parcours est plus difficile : tout en montées et descentes, avec des lapiaz ou des rochers, frôlant parfois le ravin ; je passe à côté d’un aven accessible par un escalier métallique : tentant d’y descendre mais je suis seule et mon topo-guide le déconseille. Je poursuis sur deux passages avec rampe métallique pour ne pas tomber. Les cairns sont bien reconnaissables : ventrus ou comme celui à droite, dominé par un personnage. Clin d’oeil des baliseurs ? Quand je parviens au point de vue, je domine les gorges. Certes mieux vaut ne pas avoir le vertige. Impossible de décrire les sensations ressenties, sauf peut-être en regardant cette vidéo à 360° du site Vaucluse visites virtuelles. Aucune photo ne restituera le spectacle.

img_8373r.jpgimg_8374r.jpgLa dernière partie devient pénible : le balisage est absent ou peu visible, je ne trouve pas l’accès vers le village ; grâce à la route que j’avais préparée sur le GPS, je sais que je me suis trompée ; je reviens en arrière par deux fois avant de trouver l’étroit passage qui descend entre la falaise et une lame de rocher, après la longue dalle de calcaire. Devant moi, un couple d’allemands aura les mêmes difficultés. Non loin de la rivière, c’est la même galère : je cherche le sentier. Quand enfin j’arrive au bord de l’eau, le couple se repose ; j’en profite pour me rafraichir. Mes déboires ne sont pas finis : sur la IMG_8405r.JPGdernière partie du  parcours, je ne retrouve pas le sentier longeant les gorges et rejoignant le parking ; je suis obligée de revenir par la route, sous le soleil. Les allemands auront les mêmes difficultés que moi ! Au final, j’aurai mis presque 1h30 de plus que le temps annoncé !

Itinéraire 6.800km, 4h15 avec arrêt pique-nique et rivière, dénivelée 111m

Pour les amateurs de pierre, a été découvert dans les argiles rouges de l’éocène supérieur, un gisement à célestine, représentatif d’un faciès marin.

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1Oppedette : viendrait d’oppidum signifiant village fortifié