*** La Roche Amère ou le vieux village de la Roque


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Vue aérienne des gradins de la carrière, de la chapelle et des ruines du château médiéval – extrait du site de l’IGN www.geoportail.fr –

IMG_0555.jpgIl fait froid ce matin à Villeneuve ; pour nous réchauffer, Ti’Mars… a préparé le café, j’ai préparé le Lusse bröd (pain de Sainte-Lucie), spécialité des pays nordiques finement parfumé au safran (saupoudré de sucre glace, ça c’est une idée à moi !) que l’on mange le jour de la Sainte-Lucie (13 décembre), début de la période des fêtes. J’ai adapté la recette à la machine à pain. Mais si j’en crois mes deux compagnons de route, il n’en est pas moins bon pour autant.

Pâte à pain à mettre dans l’ordre préconisé par la machine ou dans cet ordre :

  • 120ml lait porté à ébullition dans lequel on fait infuser environ 0,5 gramme de stigmates de safran (ou une dosette) hors du feu pendant 15mn
  • 120ml d’eau tiède
  • 50g beurre en pommade
  • lusse_brod_photo_menyse_com.jpg200g farine blanche
  • 2.5g sel
  • 1/2 tasse de raisins secs
  • 75g sucre de canne en poudre
  • 50g d’amandes en poudre
  • 200g farine blanche
  • 1 sachet de levure de boulanger

Garniture :
1 oeuf battu dans du lait

Mettre sur le programme ‘pâte’. Diviser la pâte en 12 parts égales et en faire des boudins. Leur donner différentes formes en S, en étoile (en coupant le boudin en 2), en U renversé. Facultatif : laisser fermenter au chaud pendant 30mn sous un film huilé.  Préchauffer le four à 200°. Badigeonner les gâteaux avec l’oeuf battu dans le lait. Faire cuire 10 à 15mn. Se mangent un peu chauds ou froids saupoudré de sucre glace.

IMG_0548.jpgIMG_0542.jpgNous traversons le village de Villeneuve ou Vilo Novo de la Roco. La tour de l’horloge nous intrigue parce qu’elle ne sert qu’à cela, donner l’heure. On s’attend toujours à ce qu’une tour sert à surveiller. Nous montons jusqu’au point de vue figurant sur la carte. Un peu déçus, nous reconnaissons au loin la montagne de Lure, les Monges, les alpes enneigées. Si la descente repérée par Ti’Mars… à travers bois est raide et caillouteuse, elle a l’avantage d’être rapide.

IMG_0580.jpgIMG_3134r.JPGLIMG_0570.jpge Luberon se termine à Villeneuve, au niveau de la carrière de la Roche-Amère qui exploite des calcaires urgoniens pour le granulat. Au loin la chapelle Notre Dame de la Roque (Notre Dame des Rochas au XVIIIème siècle) n’est qu’un petit point au milieu de la verdure. Quand nous arrivons près de l’accès à la carrière, de grands panneaux nous annoncent une propriété privée  mais c’est le seul accès au castrum, site occupé depuis la plus haute antiquité. Notre Dame de la Roche est perchée au sommet du piton rocheux dominant le confluent du Largue et de la Durance.  Elle fut donnée en 1150 à l’abbaye de Saint-Gilles par l’évêque de Sisteron Pierre de Sabran. L’abside est flanquée au nord des restes d’une absidiole romane curieusement intégrée, soudée dans le nouvel édifice. Au sud, au XVIIème siècle, il y avait un ermitage achevé d’être démoli  en 1972 : il figure sur la carte de Cassini de 1778. La chapelle a été restaurée il y a une trentaine d’années. Jauge Saugnac pour la fissure de la façadeSur la façade, un expert a posé une jauge sur une fissure à lèvres parallèles pour en mesurer l’écartement : les importantes vibrations du sol causées par le travail d’extraction dans la carrière déstabilisent l’édifice. Sur le vernier, je peux lire que l’écartement est de 10.2mm mais en combien de temps, un an, dix ans, trente ?

IMG_3162r.JPGIMG_3159r.JPGancienne archère ?

plan_castrum_villeneuve.jpgIMG_0597.jpgEn grimpant jusqu’au sommet, nous longeons l’ancienne enceinte avant d’atteindre les vestiges de la forteresse du Moyen-Age. Le donjon, construit sur le rocher, est de taille impressionnante : nous dominons la vallée et le village de Volx. Une archère a été dégagée. Aux alentours se trouvait l’ancien village de la communauté de la Roque de Volx, abandonné pour difficulté d’accès, en 1443, au profit du nouveau village. IMG_0604.jpgDe nombreux tas de pierre en témoignent. La translation s’est effectuée à la suite d’un accord entre la communauté et les seigneurs de Brancas de l’ancien village de La Roque. La Haute-Provence monumentale et artistique, R. Collier, Imprimerie Louis Jean, Digne, 1986
Translation de la communauté de la Roque de Volx au lieu actuel de Villeneuve, Loth, Léon de, Annales de Haute-Provence, tome XXII, société scientifique et littéraire des Alpes de Haute-Provence, 1928 – 1929
Le site a été fouillé en premier lieu par Pierre Martel, fondateur de Alpes de Lumière, à partir des années 1950 (plan du chateau extrait de cet article) La carrière de la Roche AmèreP. Martel, Associations et Environnement en Haute-Provence, Les Alpes de Lumière, n°74/75, 1981. ll incite ceux qui voulent sauver le site à se regrouper en association de défense Les Amis de Villeneuve en 1980. Celle-ci fait officiellement des fouilles sous l’égide de la DRAC en 1981, 1982 et 1983 et crée le musée archéologique en 1985. Un lieu riche d’histoire qui risque de disparaitre complètement.

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La poudrerie de Saint-Chamas


IMG_0083.jpgIMG_0011.jpgJ‘ai visité la poudrerie de Saint-Chamas, non pas dans le cadre des journées du patrimoine, mais curieusement, dans le cadre de la fête de la nature 2009. D’espace industriel où se fabriquaient la poudre à canon depuis Louis XIV, puis les explosifs, le parc est devenu espace naturel depuis que la poudrerie est fermée.
Malgré son âge, Eugène Guidi  gambade comme un cabri, sait tout de cette industrie. Il est fier de la plus ancienne poudrerie de France où il a vécu drames, restructurations et épisodes d’émotion tels que le nourrissage d’une famille de marcassins ayant perdu leur mère. Il nous montre l’arbre planté le jour de son anniversaire près de l’exposition de grandes photos de la faune. Quand on l’entend parler de tunnels souterrains, mélinite, propergols (utilisés par Ariane et dans les air bags), explosions mais aussi de somptueux jardins, de nid de cigognes, cyprès chauves, on comprend tout l’intérêt d’une telle visite qui mélange l’histoire et les milieux naturels. D’un thème qui ne me captait guère au départ, il a fait un sujet passionnant.

L’association A3P les Amis du Patrimoine Poudrier et Pyrotechnique

IMG_0012.jpgPourquoi une poudrerie à Saint-Chamas alors que les martinets à poudre étaient en 1672 au bord de l’Huveaune, à Aubagne ? C’est que là bas, les propriétaires terriens n’ont pas le droit d’arroser leurs terres quand fonctionnent les martinets à poudre. Le consul d’Aubagne, M. Deydier, plaide leur cause auprès de l’intendant de la marine, mais il essuie plusieurs refus. Il cherche alors un autre lieu et trouve Saint-Chamas : proche de la mer, avec un canal au débit plus important que celui d’Aubagne.
etapes_fabrication_poudre_noire (document A.P.F.P. Sevran Livry)Le 20 mars 1690, la poudrerie est transférée à Saint-Chamas. Moyennant une rente perpétuelle, la surverse des eaux des moulins du village est détournée vers la poudrerie ; en 1823, Louis XVIII achète les moulins, les engins, immeubles : le canal devient canal de la poudrerie, poudrerie qui occupe 6ha de surface et atteindra 135 ha en 1949.
En 1970 elle est transférée à Sorgues ; de 1975 à 1977, le personnel restant participe à la décontamination du site, au brûlage des explosifs récupérés dans l’étang et au classement des archives. Le maire de Saint-Chamas acquiert 4 ha dans la parcelle sud, le Conservatoire du littoral assure sa protection depuis 2001.

Histoire du parc de la poudrerie, site personnel de J.M. Vacherot

IMG_0102.jpgIMG_1284r.JPGNous nous dirigeons après un petit pont vers le jardin du directeur qui vivait sur place avec sa famille : superbe jardin de style japonais avec passerelle en son milieu. Du marais, un agréable plancher en pin permet de rejoindre la cascade tout en observant les espèces exotiques dont le bambou, l’arbre aux quarante écus (Ginko Biloba1 se prononce yínxìng en chinois moderne), le séquoia, etc.
« Au pied des falaises de safre, s’est développée une forêt humide composée d’aulnes glutineux, de frênes, d’érables champêtres, de sycomores, d’ormes avec une variété de sous-bois impressionnants ».

IMG_00891.jpgIMG_0093.jpgNous passons à côté des stockages souterrains, réservoirs, puis le long de bâtiments qui ont longuement été décontaminés jusqu’en 1990. Dans la partie haute de la poudrerie, c’est le milieu méditerranéen que nous connaissons mieux. Un micocoulier géant et seul pointe sa cime vers le ciel. Depuis la Tour de la Vigie on peut observer quelques flamants roses et canards ; dans les trous des murs de soutènement des collines artificielles, auraient élu domicile des colonies de couples de choucas et dans certains arbres nicheraient des milans. A quoi servaient cette tour ? à surveiller le ciel et prévenir en cas d’arrivée de la pluie : en effet, vers 1876, la poudre séchait sur des séchoirs à l’air libre. Le mélange de salpêtre, soufre et charbon était humidifié pour qu’il ne détonne pas.

IMG_0134.jpgIMG_0132.jpgIMG_0137.jpgIMG_0130.jpg

patrimoine industriel et nature, dans le même espace

IMG_0099.jpgIMG_0142.jpgIMG_0109.jpgIMG_0108.jpg

qui peut m’aider à sous-titrer ces photos ? iris, accouplement de ???, prêle, sequoia

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Les sentiers de Bellevue à partir du col de la mort d’Imbert


Si vous entendez la sirène ou un bruit équivalent à un réacteur d’avion, ou en cas de feu ou de fumée, n’allez pas sur les lieux de l’accident… vous iriez au devant du danger… Quittez la zone immédiatement.

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Quel effet croyez-vous que cela m’a fait quand, me promenant tranquillement sur les sentiers de Bellevue dans la forêt de Pelissier à Manosque, je découvre ce panneau à un carrefour de chemins ? dans ce département rural dont on n’entend jamais parler, serait-il possible que nous soyons dans une zone à risques ?

Une  lecture attentive du panneau m’apprend que sous mes pieds, à plusieurs centaines de mètres sous terre, des millions de m3 de pétrole brut venant de Berre, sont stockés dans des cavités souterraines.

La météo aujourd’hui à cet endroit
Avec la température ressentie

Stockages d’hydrocarbures et de gaz en cavités salines

Ce système original d’utilisation du sous-sol est lié à l’histoire géologique locale de l’Oligocène inférieur : au fond du fossé subsident de Forcalquier-Manosque, en bordure de la faille de la Durance, d’énormes couches de sels se concentrèrent par diapirisme1 sur plus de 800 mètres d’épaisseur. C’est un matériau facile à extraire par dissolution à l’eau (lessivage) permettant ainsi la réalisation de vastes cavités souterraines artificielles, situées à des profondeurs comprises entre 200 et 2000 mètres. Dans 28 cavités souterraines, la société GEOSEL-MANOSQUE stocke 6 millions de m3 de pétrole brut et des produits raffinés amenés du complexe industriel de l’étang de Berre par oléoducs. Dans 8 autres cavités sont stockés plus de deux millions de m3 de gaz naturel sous pression (Géométhane).

Ces cavités profondes (entre 1000 et 1700 m) ont été creusées par dissolution du sel à l’eau douce […]. La grande homogénéité de ces roches salines autorise une excellente étanchéité, toutefois, pour éviter leur effondrement, ces cavités ne sont jamais vides : un système de pompes maintient la pression en équilibre par injection de saumure en fonction des volumes de gaz ou pétrole stockés.

Stockage souterrain de gaz naturel et pétrole

geosel_puits.jpgAu retour, nous découvrirons les têtes de puits réparties dans la forêt de Pélissier, et une zone de regroupement de taille impressionnante. Ce sont des réserves stratégiques au plan national (pétrole) et des stocks de base pour les raffineries de l’étang de Berre (gaz). Depuis 1999, ce lieu est classé SEVEZO II comme l’usine AZF de Toulouse ou Cadarache.

img_0087.jpgimg_0072.jpgCela n’empêche pas de reconnaitre que les sentiers de Bellevue sont aménagés et fort agréables ; d’après le site GénéProvence, c’est là qu’en 1163 serait mort assassiné Imbert de Forcalquier ; n’ayant trouvé aucune trace de cet individu, je préfère adopter l’histoire d’Eugène Plauchudla mort d’Imbert – qui raconte comment est mort Imbert, jaloux d’Audifred qui s’était marié avec Laure dont il était tombé éperdument amoureux. On accède à un parking offrant une vue sur la montagne de Lure et les massifs subalpins. Un étroit passage macadamisé (ça doit être drôlement bien pour les rollers) conduit aux tables de pique-nique. C’est un parcours adapté aux personnes à mobilité réduite ; c’est assez rare pour être signalé. La deuxième édition de la grande course Bike and Run est organisée aujourd’hui sur notre parcours : 120 équipes composées d’un VTT et d’un marcheur se ravitaillent sur le parking. Au passage, les organisateurs ne sont pas avares d’encouragements. Le compte rendu de la manifestation dans la Provence

IMG_0598.JPGNous passons devant une aire de culture à gibier, juste à côté d’un panneau Geosel-Geométhane. « Ces espaces [De bons gagnages herbacés pour le grand gibier] peuvent être aussi plantés de cultures à gibier, comme le maïs, pour tenir le gibier éloigné des cultures agricoles périphériques » (Lire l’aménagement des territoires préconisés sur le site de la fédération des chasseurs). Au moment où nous quittons le balisage jaune, nous traversons un sous-bois de chênes pour rejoindre le rocher de Bellevue GC1N8H4 où nous emmène le geocacheur Estoublon, rare bloc rocheux dans cette vaste forêt. De là, la vue est large sur la Durance, la Sainte-Baume et le massif de Sainte-Victoire.

geai.jpgimg_0077.jpgLe geai des chênes (du moins je suppose que c’est lui) a perdu deux plumes de son plumage postnuptial (10 à 12 barres) rayé de bleu chatoyant et de noir.  Le geai des chênes, vidéo d’un observateur attentif C. Segonne

Itinéraire du parking les Gipières2 au rocher de Bellevue 5.100km A/R, dénivelée 115m, 1h20mn

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1Le diapirisme est le phénomène tectonique par lequel des roches profondes s’élèvent, souvent jusqu’à la surface du sol, à travers (racine : dia) celles qui les recouvraient. Un diapir est donc un corps rocheux, étranger à son environnement, souvent cylindrique et de diamètre kilométrique, qui a percé, comme à l’emporte-pièce, les roches qui l’entourent. Les dômes de sel sont les plus connues des structures diapiriques.
2gipières : de l’occitan gipièra, plâtrerie ; sur cette piste il y avait un site d’extraction du gypse ou pierre à plâtre