Revest des Brousses, oppidum Saint-Pierre et Majargues


Paysage typiqueNous retournons à l’oppidum Saint-Pierre et au lieu-dit les Pierres Percées mais en partant du village du Revest1 des Brousses au lieu de Limans (Limans, les Ybourgues et l’oppidum Saint-Pierre). Mêmes paysages : sentier caillouteux, collines ravinées et sous-bois clairsemés.

Le villagecroix au carrefour du chemin Saint-JeanAu premier carrefour, celui de la croix de bois, Yves s’est discrètement absenté pour son travail de geocacheur-poseur. Sur le chemin de Saint-Jean, je regarde en arrière le village concentré autour de son église.

Oppidum Saint-Pierre : la croix de Saint-Jean, Yves Provence

Sur la carte IGN le quartier se nomme Fautriers, du nom d’une ancienne famille de Revest-des-Brousses ayant possédé une grande propriété à cet endroit ; connue depuis le XVIè siècle au moins, cette famille y a toujours des descendants.

Oppidum de Saint-Pierre, l’entre-deux, Yves Provence

pierre percéeC’est là que nous tournons à gauche pour rejoindre le lieu-dit Pierres Percées : je ne suis pas encore certaine de l’origine de ses trous, parfois de part en part, dont la direction ne correspond pas toujours au sens d’écoulement des eaux. Le parc du Luberon contacté par mail, confirme seulement l’environnement karstique ; mais en surface, à l’air libre, c’est la première fois que je vois une telle quantité de pierres percées. Ces morceaux de roches proviennent de calcaires compacts fins et durs. L’eau acide va ronger la roche pour la transformer en véritable gruyère. Je suppose que les eaux de surface ne s’infiltrant pas sur une couche imperméable ont tout loisir d’agir sur la roche calcaire.

Oppidum de Saint-Pierre : les Pierres Percées, Yves Provence

champ de lavandeRuine d'un mur d'oppidumAu champ de lavande, le chemin de Majargues nous mène à l’oppidum dont nous approfondissons la visite : il y a vraiment beaucoup de murs écroulés et des pierres partout que nous devons parfois escalader.

Oppidum de Saint-Pierre, Yves Provence

Borne IGN non recenséevue aerienne st pierrePrès du lieu du pique-nique, nous retrouvons la fameuse borne géodésique que l’IGN n’a pas recensée dans sa base de données géodésie ; j’aurai l’explication en contactant un administrateur du site : il s’agit probablement d’une borne posée par les élèves de l’IGN lors de leur stage de formation à Forcalquier.

Oppidum de Saint-Pierre : la borne IGN perdue, Yves Provence

Cabane de pierre sèche au sommet de la colline St-PierreToit de la cabane de pierre sèchePierre percée posée sur le murA quelques mètres, la belle cabane de pierre sèche est entourée d’un modeste jardin ; sur le muret trône une énorme pierre percée ; derrière, se trouve l’ancien village de Majargues dont il ne reste que des ruines de maisons, un lieu pour les chasseurs de pièces et autres objets abandonnés. Ruine de maison MajarguesCependant, sous la végétation, nous repérons une ancienne cave (?) mais pas de trace de l’église Saint-Pierre qui constituait au Moyen Âge, un des trois pôles religieux de ce secteur le long de la Laye, aux côtés de l’église du village actuel de Limans et de l’église Saint-Vincent, située en plaine et désormais disparue.

L’église de Majargues apparut encore à l’époque moderne, attestant au moins de sa longévité. […].
En revanche, l’éminence de Majargues abrita sans doute une fortification médiévale associée à un sanctuaire. Espace religieux et espace politique en pays provençal au Moyen Age (IXe-XIIIe siècles). L’exemple de Forcalquier et de sa région, Mariacristina Varano, Archeologie et Prehistoire. Universite de Provence – Aix-Marseille I, 2011

Vue sur Lure, Yves Provence

LureVéhicule abandonné...Après le pique-nique, nous reprenons notre chemin par Vironges sans oublier de nous arrêter pour le point de vue sur la montagne de Lure. Rencontre avec les champs de lavande, la retenue de la Laye qui brille au soleil, puis, plus incongrue, avec un vieux véhicule abandonné et rouillé.

Ferme des Hautes PlainesAu niveau du domaine des Hautes-Plaines, Yves coupe à travers champs pour retrouver un carrefour de pistes qui me rappelle un lieu que j’ai déjà vu en 2012, lors d’une randonnée à thème sur la résistance : sur les traces de René Char. Yves auréoléDu point de vue dominant la vallée, je me rappelle bien qu’à l’ouest, sur la commune de Simiane-la-Rotonde, un avion anglais avait pris feu en mai 1944 : ses débris s’y trouvent toujours (pour s’y rendre : le crash de l’avion anglais). J’immortalise Yves, tout auréolé de branches, tel le phénix des accompagnateurs.

Point de vue depuis les Hautes-Plaines

Qui s’est aperçu que nous n’étions pas loin d’une cache ?

Laissant le groupe se reposer, nous rejoignons rapidement la crête de Jacques, posée par Whitedogs qui souhaitait que nous admirions le point de vue.

Revest-des-Brousses, village pauvre des Basses-Alpes, a ouvert très tôt sa première école (1601) ; sans doute ses habitants souhaitaient-ils à leurs enfants une vie moins difficile que la leur, eux qui étaient obligés d’émigrer durant plusieurs semaines, à Marseille, Aix ou leurs environs, le temps des moissons, pour gagner leur vie.

Le ViguierPigeonnier du ViguierRetour par le même chemin mais arrêt au lieu dit le Viguier ; la toponymie nous aide : c’est sans doute dans cette maison qu’habitait le juge qui rendait la justice au nom des comtes, puis du roi. En bien mauvais état, mais je peux identifier un  pigeonnier. Selon le site genobco. Pierre de Mathieu du Revest, seigneur de Le Revest des Brousses vers 1450-1531, marié avec Dauphine de Vachères du Revest vers 1450, était viguier. La famille Mathieu est toujours représentée au village.

Coup d’oeil sur le château de Pontevès avant de rejoindre le parking.

Image de l’itinéraire 13km940, 405m dénivelée (+560, -560), 2h30 déplacement (6h au total)

1Revest : versant d’une montagne privée de soleil

** Saint-Michel l’Observatoire par les Craux sur le chemin de la pierre sèche


Voilà une randonnée que j’ai faite deux fois en 2010, en changeant de sens, et je n’ai pas vu les mêmes choses ! la troisième en 2015 avec quelques membres de la communauté d’OVS et Yves Provence qui a inclus deux variantes : le village de Lincel et le moulin de Saint-Michel, variantes précédées dans le texte des mots variante 2015 ; en 2010, estoublon avait préparé la visite en effectuant des recherches dans différentes sources dont le livre 25 balades sur les chemins de la pierre sèche, Florence Dominiquele bec en l’air, 2009. De plus trois rencontres fortuites avaient renforcé l’intérêt des découvertes.
Le chemin est balisé jaune tout le long. Nous sommes partis du village, le livre propose un départ de la maison du potier sur la N100 (aujourd’hui D4100).

Les curiosités géolocalisées sur une carte googlemap

La ferme du Claus typiquement provençale avec son pigeonnier central incorporé à l’habitation, Ferme du Clauss’individualise néanmoins avec ses ouvertures entourées de céramiques colorées et son bâtiment surélevé. Nous suivons le PR jaune bien balisé jusqu’au hameau de la Combette autrefois cultivé.

Le puitsLe puitsUn peu d’avant y arriver, voici un puits de pierres sèches restauré ; sa voûte pointue a été remontée avec des pierres récupérées lors de la précédente construction ; une belle poutre de bois sert de linteau tandis que la margelle n’est autre qu’une large pierre plate bien choisie ; nous arrivons au hameau ruiné mais partiellement restauré.

Le lavoirLe lavoirLa Grande Fontaine, point d’eau du hameau, fut sans doute un lieu de rencontre sociale ; elle compte une source, un réservoir, un lavoir avec plusieurs bassins ; l’eau sourd toujours de la barre rocheuse et la mousse a envahi le lavoir.

cornouillesSur le chemin vers Lincel, un ovésien (inscrit sur le forum OnVaSortir) féru de botanique nous présente les cornouilles, fruits du cornouiller mâle, que nous trouvons légèrement acidulées : ce sont des drupes rouges, de la taille et la forme d’une olive, qui entrent dans la préparation de marmelades ou confitures.

Panneau du chemin de CompostelleNous remontons vers Lincel par le sentier muletier soutenu par un haut mur de pierre sèche mais nous ne trouverons aucune des bornes annoncées dans le livre de Florence Dominique.

Variante 2015 : La muraille du châteauNous montons dans le vieux village par une calade puis une ruelle étroite coincée par la muraille du château et les maisons ; Le guetteur de Lincelle château, maintes fois démoli et reconstruit, appartient à un propriétaire privé ; sur le mur, un écusson de la Provence à peine visible derrière les arbres ; le guetteur de Lincel au coin d’une ruelle à angle droit, se présente en armure à nos yeux étonnés, puis un autre à l’entrée d’une maison. Issus de la fête de la récupération, ils ont été une seconde fois récupérés par les habitants pour le bonheur des visiteurs.
L'église de LincelVue générale sur LIncelL’église romane Sainte-Madeleine du XIIIè au toit de lauzes, a conservé son ordonnancement d’origine en croix latine.
Avant de repartir nous jetons un coup d’œil sur ce que nous aurions classé volontiers « plus beau village de France » s’il n’y avait eu ces câbles disgracieux en tous sens. Si vous avez emprunté cette variante, prenez la route ; quelques centaines de mètres plus loin, vous retrouverez le parcours balisé de jaune.

Nous tournons à épingle à cheveu (attention de ne pas rater le sentier sur la gauche) ; le sentier descend doucement jusqu’à la route goudronnée. Nous avons bien failli raté l’étroit sentier du sentier de Compostelle qui nous évite de marcher sur la route.

Le potierNous traversons la N100 (D4100) pour rejoindre la maison du potier d’art Guillaume Common (il fabrique de drôles de lampes-champignons…) qui porte l’inscription la Bégude1 : ancienne ferme, peut-être relais postal, on s’y arrêtait pour se désaltérer. Situé sur la voie romaine, ce lieu a pu recevoir également des voyageurs à cette époque. Suivons le sentier du gué balisé.

le gué du ReculonDu gué du Reculon, découvert en 1961  par Pierre Martin et étudié par Guy Barruol, il ne reste que l’arête formée de 22 gros blocs de calcaire en gros appareil. En se penchant un peu, on peut voir le mur de soutènement en forme de barrage-voûte pour résister à la pression de l’eau et de la terre. Sa taille a été évaluée à 25m de long et 6 à 7m de large. La chaussée est totalement sous terre et c’est tout ce que vous pourrez en voir. Pierre Coste suppose qu’il y avait là autrefois un gué romain mais celui-ci daterait plutôt du XVIIIe.

Via Domitia – le gué du Reculon, YvesProvence

FossileAu milieu du sentier, un gros bloc rocheux s’est détaché de la paroi. Un fossile de pecten y est bien visible. Alors que nous en cherchons d’autres dans « la partie inférieure litée lors de la sédimentation par les mouvements des chenaux marins » sous la barre rocheuse, un homme nous interpelle. C’est un jacquet retraité qui parcourt le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Comment en viendra-t-il là ? toujours est-il qu’il déballe son sac à dos et nous explique que chaque objet est étudié et pesé de façon à ce que l’ensemble soit le plus léger possible. Il nous montre la lame de couteau de quelques grammes, collée à chaud avec de l’araldite dans un petit morceau de bois, le porte-feuille fait main dans une pochette plastique, le fil de métal servant de scie, le matelas mousse, les polaires dont le poids n’excède pas 250g chacune, le sac à dos ultra léger qu’il tient d’un seul doigt. Il nous montre son carnet de  voyages dans lequel il a dessiné les monuments ou paysages visités en chemin. Finalement, le plus lourd sera son guide de randonnée. Il termine en nous conseillant d’aller à Carniol où les fossiles se trouveraient sans même les chercher.

Le chemin de Saint-Jacques dans les Alpes de Haute Provence

Mur de soutènementUn amas de pierres longent la voie jusque dans le fossé. Nous descendons sur les pierres particulièrement instables. Le mur de soutènement est extrêmement haut (4m de hauteur) mais sa fragilité est manifeste : de chaque côté, il s’est écroulé ; il s’oriente sur la droite, le long de la barre rocheuse. Sans doute les pèlerins rejoignaient-ils l’hospitalité d’Ardène par ce sentier arrivant par derrière le prieuré d’Ardène.

CèdresNous, nous arriverons par devant. De très grands cèdres du Liban cachent l’immense propriété d’Ardène ; à l’entrée, on peut lire le nom des propriétaires : les Buffet-Delmas d’Autane dont l’atelier a été photographié et vendu en carte postale au début du XXè siècle. En 1860, Louis-Gonzague d’Ardène plante une cédraie, contenant aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers d’arbres. 871_atelier_marquis_autane.jpgAvant cette époque, le domaine avait déjà été le lieu d’implantation d’espèces végétales venues des terres lointaines : jardin botanique, d’acclimatation avec jardins suspendus. Les cèdres ont essaimé dans la forêt de Bonnieux et se sont reproduits naturellement dans la forêt toute proche. Vous les reconnaitrez à leur cône redressé en forme de tonneau, leurs branches horizontales et leur feuillage persistant.

Le cèdre du Liban, wikipedia

Chapelle d'ArdèneD’abord Villa Ardena ou Villa Dardano, un relais le long de la Via Domitia, d’Ardène devient en 1209 une hospitalité pour accueillir les pauvres ; au Moyen-Age, sur la route des pèlerinages, elle accueille également les pèlerins. La chapelle d’Ardène a servi longtemps de chapelle rurale aux habitants du hameau des Craux2.

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*** Le Beaucet, Venasque sur les chemins de la pierre sèche


Extraite d’un de mes livres préférés, 25 balades sur les chemins de la pierre sèche, Florence Dominiquele bec en l’air, 2009, cette balade sur les chemins de la pierre sèche est un concentré des paysages et des constructions de pierre sèche typiques du Vaucluse, avec 10 caches sélectionnées pour les amateurs de geocaching.

La caladePartie du village perché du Beaucet, à peine sortie de mon véhicule, je tombe en admiration devant la calade qui monte jusqu’au village avec ses pas d’âne permettant aux animaux de l’emprunter. Je me dirige sur la petite route de Saint-Gens. Ignorant comment Saint-Gens se prononce (je ne suis pas originaire de la région…), j’ai eu droit au sourire moqueur d’un habitant à qui je demandais la route de saint [Jeansse – phonétiquement ʒɑ̃s]. Il m’a rétorqué [Jin – phonétiquement ʒɛ̃ ]. Pour une fois la finale ne se prononce pas et le son ‘en’ se transforme en ‘in’…
Saint-Gens de Vaucluse, biographie site geneprovence

Le lavoir du BeaucetLe lavoir et son décor peint par les Ateliers du Beaucet (centre de formation aux métiers d’Arts) en 1998, reçoit l’eau depuis la fontaine ; couvert, il protège les femmes des intempéries et du soleil. Construit en moellons ordinaires et pierres de taille du pays.

Porte sudLa statue de Saint-GensLa routeJe passe sous la porte sud, salue Saint-Gens sur son piédestal puis continue entre deux clôtures, sur un sentier aménagé le long du ruisseau (A) puis sur la route bordée de vignes et de champs de cerisiers.

restanques doubles

Place au chemin et aux diverses constructions de pierre sèche.
Option B : hameau de Caroufra puis retour. Après la maison au bord du chemin puis la dalle rocheuse, un superbe point de vue sur le vallon de Carroufra (D) et ses aménagements : ensemble exceptionnel de restanques1 parementées des deux côtés, conçues comme une véritable digue qui retient les alluvions et draine les eaux de la combe, le tout sur fond de barres rocheuses ; je n’en ai vu de telles qu’une seule fois dans le vallon de Mion (sentier du Badaïre, Arbois).

Vers la VachèreBassin creusé dans la pierreMaison abandonnéeLe sentier monte, emmuré entre deux rangées de grosses pierres ; protégés par la végétation, des aménagements de pierre sont encore visibles en fouillant un peu, comme ce large bassin creusé dans la pierre. Anciens vergers de CarroufraUne haute et impressionnante maison de pierre a perdu sa toiture mais ses murs sont toujours debout. Il ne faudrait pas grand chose pour que les arbres fruitiers reprennent vie. Le vallon de Caroufra, ilagaris
Troglodytes bien cachésTroglodyte provisoireEscalier menant à un habitat troglodytiqueJe longe maintenant une falaise et des habitations troglodytiques (E) bien cachées derrière les arbres. Quelques marches de pierre me servent d’indice. J’arrive à pénétrer dans l’une d’elle qui pourrait être encore utilisée car des outils et une charrette y sont stockés. Il est probablement dangereux de s’aventurer dans ces habitations troglodytiques temporaires ; j’y retrouve les larmiers de tuiles ou de lauzes qui, savamment, protégeaient les habitations des eaux de ruissellement.

Cuve vinaireUne cuve vinaire (F) – appartenant à une propriété privée, était l’indispensable complément des cultures de la vigne ; taillée dans le Cuve vinaire probablementroc, de forme cylindrique, d’une profondeur de 2 m, couverte d’une voûte de protection en encorbellement, elle pouvait être fermée ; une bonde en bas permettait de la vidanger. Un fouloir précède la cuve principale. Sur la photo de droite, une autre cuve, en bordure du sentier, ‘a perdu la tête’.
L’habitation troglodyte, ilagaris
Option C : en prolongeant le sentier vers Carroufra, vous découvrirez d’autres abris de ce genre et le troglodyte de la combe Mayraud (G), restauré avec un rucher de plusieurs niches (pas de photo).

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