Le four à cade de Cuges les Pins


C‘est en cherchant un lieu intéressant comme but de la cache mystère de la rencontre 2013 des Geocacheurs de Provence, que je suis tombée sur ce four à cade sur internet ; j’ai téléchargé la trace Riboux – Puits d’Arnaud – Jas de Frédéric en ne sélectionnant que la première partie du circuit. Beaucoup de mistral ce jour là et donc personne au départ de Riboux dans le Var. Les pistes numérotées sont précédées des lettres SB (pour Service des Bois de l’ONF ?). Rapidement je me suis trouvée face à un sentier barré par une très longue clôture remontant la pente. Une propriété privée de plus qui empiète sur la forêt. Après avoir consulté la cartographie de mon GPS, je décide de tenter de retrouver le sentier un peu plus loin. Je longe donc le grillage vers la droite, obligée parfois de m’en éloigner quand la végétation est trop impénétrable. La montée est rude, les griffures inévitables. Bientôt je retrouve un sentier qui croise le chemin public par lequel j’aurais dû arriver.

La grande piste forestière caillouteuse monte régulièrement la pente de la Sainte-Baume de la forêt domaniale de Cuges. Puis à un carrefour où il serait tentant de continuer la piste, je la quitte pour un sentier plus étroit qui continue à grimper. Au cairn, il faut tourner à gauche et passer sous la ligne à haute tension. Le sentier se rétrécit encore,  je dois écarter la végétation mais plus d’erreur possible jusqu’au four à cade.

Il est en effet bien restauré par l’association les chemins du patrimoine et je comprends mieux comment cela fonctionnait à l’époque de leur prospérité (1880-1950). L’huile extraite du genévrier oxycèdre était acheminée vers les apothicaires et les grossistes mais nombre d’éleveurs en ont fabriqué pour leur usage personnel : en effet, elle servait pour soigner les troupeaux contre les parasites et les affections de la peau. Lire à la fin de l’article le commentaire de DD qui nous fait part de son expérience.
Ne pas confondre avec la cade (pourquoi l’appelle-t-on ainsi ? peut-être de caldo signifiant « chaud » en italien) qui est une sorte de quiche génoise à base de farine de pois chiches et qui se mange chaude. En Ligurie, elle est connue sous le nom de farinata. Recette de la cade toulonnaise

Mode d’emploi : Le bois du cade est préalablement coupé en bûchettes de 20 cm de long et quelques cm d’épaisseur. Il est placé dans la jarre par l’orifice extérieur […]. Puis elle est hermétiquement close par une pierre et de l’argile. Puis toute la partie supérieure est recouverte d’une épaisse couche de terre. A partir des tunnels latéraux, la chambre de combustion est bourrée de fascines et de tous les bois disponibles de la forêt. Sous l’effet de la chaleur, le cade dégage une fumée blanchâtre […]. La fumée prend, alors une teinte bleuâtre annonçant l’huile vraie.
L’enguentié s’empresse de changer la cornue de réception. […] A l’intérieur de la jarre la température est de 250°C. Lorsque le débit ralentit, on recharge le foyer et on obture les évents pour obtenir, de nuit, une combustion lente, « à l’étouffée ». Le lendemain, de bon matin, on vide la jarre. Extrait de Four à cade, site saute-collines

Technique et histoire, randojp

Retour par le même itinéraire. Autant je ne sentais pas le vent sous les arbres, autant en arrivant sur le parking, j’ai senti ma douleur : une violente rafale a refermé la porte de mon véhicule sur mon tibia alors que j’étais en train de changer de chaussures…

5km180 1h30 déplacement A/R (2h au total) 130m dénivelée (+430m de dénivelées cumulées)

Chateauneuf Val Saint-Donat : une colline sous le Beau Vent de Lure


Beau Vent de Lure : un titre poétique cité dans le livre de J.L. Carribou, F.X. Emery, 15 balades littéraires à la rencontre de Giono, tome 2 montagne de Lure, le Bec en l’air, 2012. Cette dénomination aurait pu être tirée d’un livre de Giono mais non, elle provient d’une délibération du conseil municipal à l’époque de la révolution française.

Un décret de la Convention nationale du 25 janvier 1793 invitait les communes, dont le nom rappelait les idées de royauté, de féodalité ou de superstition, à changer immédiatement ce nom. […] On chercha une désignation nouvelle dans une particularité atmosphérique du pays et on remplaça le nom de Châteauneuf-Val-Saint-Donat par celui de « Beau-Vent-de-Lure »

La météo à cet endroit
à 3 jours avec le vent

Deux boucles enchaînées à partir du même village : la première plutôt facile et courte, vous mènera au vieux village de Chateauneuf Val Saint-Donat dont les ruines sont visibles depuis le chemin. Ce village, comme celui de Colline et Regain, se situe au pays du vent, sur la montagne de Lure. Un retour  émouvant dans le passé.

Voilà le vent qui court. Les arbres se concertent à voix basse. Giono dans Colline

Départ sur le parking face à la mairie. Très vite, après la traversée de la D801, je me retrouve sur un chemin champêtre au pied de la colline. Il y a encore de la neige par endroits. Après avoir tourné à gauche, je passe près d’un cabanon de jardin, un puits ; le modeste jardin est clos par un petit mur coiffé de pierres dressées destiné à empêcher les chèvres de le franchir.

A 567m d’altitude, un oratoire est dédié à Saint-Antoine de Padoue tout comme l’était l’église en haut de la colline. Le chemin s’élève au milieu d’anciennes cultures ; chênes verts et genévriers oxycèdres (les cades) aux baies brunes, alternent dans la garrigue. Au panneau indiquant le vieux village, le sentier monte entre deux habitations provençales puis s’infléchit sur la gauche, sous le village. Je cherche l’église sur Saint-Antoine sur les hauteurs mais ne trouve qu’un mur en ruine.

Eloignée de 200m à l’est du reste du village, probablement complètement cachée par la végétation, elle me contraint à cheminer vers la droite dans la neige fraîche. Mon sac à dos s’accroche parfois dans les branches. Je réussis à grimper en haut d’un des murs d’où je peux voir l’intérieur et le fameux oculus dont parle l’abbé Maurel. Avec ses 18 mètres de longueur, 6,90 mètres de largeur, 12 mètres de hauteur environ, près du cimetière, elle fut sans doute église paroissiale et non simple chapelle ; sa voûte était autrefois recouverte de lauzes. Saccagée probablement pendant une incursion ennemie, elle ne fut pas réparée immédiatement, les villageois pouvant utiliser la chapelle du seigneur près du château. En 1638 cependant, Toussaint de Glandevès en visite à Chateauneuf, ordonna sa restauration,

[…] la construction d’une chaire, d’un retable, d’un tabernacle, de fonts baptismaux, la réparation de la toiture, du pavé, l’achat de divers ornements, et décida que dorénavant les droits paroissiaux seraient transférés de l’église Nostre Dame de l’Etoile à l’autre église qui est au bout du village joygnant le cimetière sous le titre Saint-Antoine.

Mais ce ne fut pas aussi facile ; au moment du transfert, en avril 1646, le rentier du seigneur s’y opposa au nom de son maître ; en 1677, le seigneur vendit son consentement en échange de 500 livres, d’une messe journalière et de deux cloches laissées dans sa chapelle. Et pourtant, en 1683, lors de la visite de l’évêque, la population se plaint que le transfert ne soit pas encore totalement effectif, même si le vicaire perpétuel avait demandé à être enseveli près de la porte de l’église, cette église qu’il considérait comme paroissiale officiellement.

De mon perchoir fort malaisé, je constate que la porte d’entrée de l’église est accessible, tout simplement ; je contourne le monument et m’y fraie un passage. Au-dessus de la porte primitivement ogivale, on lit, gravée sur la pierre, la date de 1637 qui est celle de la restauration mais non de la construction de l’édifice. Du cimetière, il ne reste rien : toutes les sépultures ont été pillées.

J’aimerais retrouver trace de cette église seigneuriale Notre Dame de l’Etoile, ancien prieuré ; enclavée entre le château et deux rues fort étroites, celle qui a concurrencé l’église Saint-Antoine (lors de la visite de l’évêque de Sisteron  en 1638, Notre Dame de l’Etoile était église paroissiale) ne pouvait être agrandie sans détruire les bûchers, caves et autres bâtiments attenant à l’église. 11,65 mètres de longueur et 5,40 mètres de largeur. Une tribune au-dessus de la porte principale, avait été construite en 1637 pour l’usage de la famille seigneuriale qui y accédait de l’avant-cour du château sans avoir besoin de descendre dans la rue ! Malheureusement je n’ai pu situer

la façade en joli appareil, l’abside en cul-de-four,  des murs latéraux avec un arc de décharge. Raymond Collier, la Haute Provence monumentale et artistique, Digne, 1986

tant la végétation en cache les vestiges. Quant au château, que j’ai observé en détail lors de ma rando depuis Aubignosc, je vous en parlerai dans un prochain article.

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MP 2013 : chasse au 13’or à Cadolive


Cette chasse au 13’or a été organisée lors de l’inauguration de Marseille Provence 2013, capitale européenne de la culture. Plusieurs villes des Bouches des Rhône avaient préparé leur chasse au trésor autour du même thème : le bâton de sourcier1. Pas de tirage au sort du gagnant donc à vous de proposer une récompense à vos enfants. Si vous ne connaissez pas Cadolive2, cette chasse au trésor vous prendra sans doute un peu plus d’une heure. Pour les plus jeunes, la reformulation des textes imagés sera nécessaire (ce qui est entre parenthèses est pour eux) ; dites bien aux enfants de s’aider des noms de rue.

Je l’ai adaptée légèrement pour que les enfants s’impliquent plus facilement dans la recherche ; ce qui est en italique a de l’importance ;  à trois endroits différents, nous était communiqué un indice par une personne qui nous accueillait sur place ; j’ai inclus cet indice dans le titre de la photo. Si vous avez un doute sur le lieu final qu’il fallait découvrir, écrivez-moi !

Un monsieur revient sur les terres de son enfance. Il s’empare du bâton de sourcier de son grand-père, bâton qui le guide alors dans une folle aventure qui commence en face de la mairie de Cadolive. Il raconte :

Ce bâton veut-il me mener vers une source cachée ? il m’entraîne à l’opposé de l’hôtel de ville pour me faire traverser le gué de la rivière de voitures. Non pas du côté des voûtes mais a-droitement vers une source de musique et de livres.  Puis mon guide se tourne davantage vers un passage couvert (souterrain) qui me permet de saluer trois lions. En levant les yeux, je découvre une montagne prénommée Victoire.

Mon sourcier remonte les numéros de rue à contre-sens (les numéros des rues vont en descendant jusqu’au n°1). Ici on évacue l’eau sous des petits ponts devant chez les gens. Je ruisselle jusqu’au balcon pour admirer un cercle de brique entourant un abreuvoir aux quatre tuyaux. Ne pouvant boire cette eau, mon bâton continue à s’en éloigner vers l’olivier qui nous dit de suivre la République ; très vite mon bâton m’emporte dans la voie où l’on puits(ait) jadis l’eau précieuse ; le bois du bâton se dirige non pas vers un arbre à mûres mais dans une étroite rue où l’on cuisait autrefois, sous un petit toit, de belles miches nourries au blé. Quand la rigole se termine sous mes pieds, mon guide veut partir vers la voie qui amène en bas et qui pourtant s’appelle montée.

Je découvre ébahi une cloche perchée sur un géant de pierre jaune. Je dois y aller, c’est là que se cache mon premier indice. Mon bâton veut  traverser le gué de bandes blanches sur le ruisseau de voitures. Il va maintenant jusqu’à la source rouge (borne à incendie) qui aide les sapeurs à  braver les flammes. La piste est chaude : la voie porte le nom d’un ancien lieu de lavage ; ce n’est qu’après de nombreux pas que je découvre ce lavoir aux bords penchés, où on se gelait les doigts en hiver avant que n’arrive les machines à laver.

Il veut dégringoler marche par marche jusqu’à retrouver le plat, tout en bas, à la clairière large (un parking en forme de demi-lune). Je me retourne un instant : quelle vue sur le mont Julien ! Il veut couler mes pas dans un petit passage marqué de deux barrières ; j’aurais pu entendre autrefois « en voiture ! » car la bastide rose est l’ancienne gare du village.

Sur la rive d’en face, je peux toucher le bois (un endroit avec plein d’arbres) contre le métal (une barrière). Une fois la barrière dans le dos, deux dégringolades sont possibles mais seule la gauche est la bonne.  Cette pinède puise l’eau intelligemment pour survivre. Un totem de bois (panneau de bois) n’y a pas survécu. Mon bâton peut toucher le toit d’une maison bâtie sous terre ; quelqu’un y a gravé trois sportifs côte à côte. Mon sourcier me dit de continuer dans le sens contraire de la flèche.

Après un drôle de tremplin, il me faut continuer sur un chemin de hauts et de bas. Au totem suivant (panneau de bois), une balançoire (planche à bascule) a été emportée ; encore une bosse et un drôle de tremplin. Mon guide frétille non pas du côté des barres de fer mais toujours selon la même ligne.

A mesure que j’avance, je distingue les étranges branches métalliques d’un arbre qui n’a pas besoin d’eau mais d’un autre type de courant pour vivre. A la cime une fourche ; sur une petite butte, une borne de roche carrée coiffée de rouge3 : elle délimite la fin de Cadolive et le début de la commune voisine. Quand la borne sera à votre droite, vous aurez trouvé le chemin qu’il faut prendre. Un peu plus loin un totem vélo. C’est bien le lit d’une voie d’eau que je trouve en bas : je décide de suivre ce vallat des Gorgues qui me parle d’un homme arboré ou bien l’inverse d’un arboret-homme (à lire à voix haute).

Je longe donc ce lit (sans quitter le chemin) dompté par les hommes qui ont placé de gros blocs de pierre. J’ignore le totem suivant pour passer le lit, retrouver la mont-agne. Au sommet le jumeau de l’arbre de fer nous accueille. A proximité, une petite forêt telle une île au milieu des douves. Il s’agit d’évacuer l’eau par temps de pluie. Mon guide veut nous faire contourner l’île dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.

L’on passe un pont sous terre qui rejette l’eau vers le contre-bas. A la pointe des murs tombés sous le poids du temps et des eaux du ciel était un lieu où l’on enfournait la chaux (panneau) qui, si elle était vive mélangée à l’eau, devenait éteinte. Quel pouvoir !

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