Tour de César, du prévôt ou de la Keyrié ?


img_6198r.JPGDéjà deux interprétations différentes pour l’origine de la Keyrié : soit une mauvaise transcription du provençal « Queirie » = qui est de côté (selon le site Geneprovence) ; soit du provençal s’enqueyrar (se battre à coup de pierres), parce que les enfants s’y battaient à coup de pierres, ou même origine que Queyras= grosse pierre carrée…

La météo de ce jour à cet endroit :
Direction du vent et température ressentie

foret_geree_durablement.jpgchevres_keyrie.jpgUn grand classique de la campagne aixoise. La promenade sur le plateau de la Keyrié, sur une large route forestière, est tranquille, pour peu qu’on n’y rencontre pas le berger bourru et img_6206r.JPGquelque peu agressif (il n’est pas toujours comme ça, semble-t-il…) qui vous accuse de gêner le cheminement de ses chèvres et ne veut pas qu’on prenne celles-ci en photo ! ce troupeau entretient le massif, moyen de prévention contre l’incendie, mais aussi un moyen de limiter l’extension du marché foncier. Le long du parcours, plusieurs miradors en bois, pas très hauts : pour la surveillance des troupeaux ou pour la chasse à l’affût ?

Anémone palméeophrys_provincialis.jpgFortement exploités, les chênes verts se présentent sous forme de souches. Des fleurs rares et protégées poussent dans ce coin : l’anémone palmée poilue avec des fleurs jaune vif : disparue en 1970, elle a réapparu en 1999 ; l’Ophrys de Provence, une orchidée que l’on ne rencontre que dans le sud de la France de mars à mai ; dans les parcelles agicoles des tulipes oeil-de-soleil, fleur rouge aux pétales terminés en pointe. Si vous avez la chance d’en voir au printemps,  mangez-les des yeux mais ne les cueillez pas.

img_6201r.JPGNous discutons quelques minutes avec les ouvriers qui restaurent la tour en vue d’en faire une vigie. La porte d’accès à la tour située en hauteur et sans escalier, interdira toute intrusion, à moins que d’amener sa propre échelle comme le feront les garde-forestiers. Cette réhabilitation fait partie du projet territorial du Grand Site Sainte-Victoire. A la regarder de près, je m’aperçois que sa consolidation a été un peu bâclée. Je suppose que plus de 600 ans après sa construction, l’urgence a dû prévaloir puisque c’est la dernière tour de cette époque encore debout. Les possesseurs d’un GPS de randonnée y trouveront une borne IGN Saint-Marc Jaumegarde 01 en granit (43°32’50.2950N, 05°29’18.9638E système RGF93) sur laquelle ils pourront poser leur appareil pour vérifier l’exactitude de leur positionnement. Dans le cas de mon eXplorist  210, la précision est de l’ordre de deux à trois dixièmes de seconde.

Tour cylindrique de 15m de haut, évasée à sa base, elle porte plusieurs noms : la tour de la Keyrié, banale démonination géographique, mais aussi improprement connue sous le nom de tour de César, peut-être à cause d’une  confusion avec la tour qui était au nord, « celle d’Entremont, qu’on dit avoir été bâtie sur les ruines d’une plus ancienne, dont la construction remonterait au temps de César ». Les rues d’Aix ou Recherches historiques sur l’ancienne capitale de Provence, Roux Alpheran, Typographie Aubin, 1846. Mais aussi la tour du prévôt, car en 1383, le chanoine Isnard, prévôt du chapitre d’Aix-en-Provence, l’aurait fait élever pendant les troubles occasionnés par la succession de la Reine Jeanne. Bruno DURAND, Saint-Marc Jaumegarde à travers les âges, Aix-en-Provence, 1964.

Ce dont on est sûr, c’est que c’était une des nombreuses tours de guet à signaux devant prévenir les habitants de l’arrivée d’ennemis venant de la Haute-Provence… ou d’Afrique selon d’autres.  Les gardiens étaient chargés d’allumer de grands feux pour avertir les gens de la campagne du danger, du plus loin qu’ils l’apercevraient. On sonnait les cloches de toutes les églises, et les paysans se retiraient aussitôt dans la ville dont on fermait les portes sur eux.

img_6214r.JPGimg_6210r.JPGAu retour, la Sainte-Victoire me surprend : difficile à reconnaitre car, de ce côté, elle échappe aux clichés touristiques. Est-ce bien la barre du Cengle sur la photo de gauche ?

Une manière de revisiter ce grand classique de la balade familiale, c’est de chercher Keyrié, le trésor caché par l’équipe de geocacheurs audeclar. A peine 5km aller-retour, 46m de dénivelée (tour_cesar_itinéraire) ; si vous trouvez la barrière ouverte, ne vous aventurez pas en voiture, vous risqueriez de la trouver fermée au retour ! On peut partir de Beauregard également par la CD63c puis le chemin noir.

Au printemps ouvrez les yeux !

La chartreuse Notre Dame de Montrieux


Montrieux = Mons Rivi, le mont du ruisseau – commune de MéounesBonaparte lui-même a logé sa famille dans la célèbre Maison des têtes pendant le siège de Toulon, où Raimu aimait se rafraîchir quand il faisait trop chaud sur la côte.

chartreuse-montrieux-r.jpg

img_5855r.JPGimg_5859r.JPGimg_5862r.JPGBien qu’elle ne se visite pas, la chartreuse de Montrieux mérite une petite visite de l’extérieur. En poursuivant le chemin, on s’aperçoit que la chartreuse est très grande ; quelques chartreux sont dans le jardin en train de prier. Seule la chapelle Sainte-Roselyne (de Villeneuve) est ouverte aux laïcs : en effet, les moines vivent encore pleinement la règle rénovée de Saint Bruno qui leur impose l’isolement. Accessible uniquement à pied par un chemin privé passant au dessus du Gapeau, la chartreuse, restaurée à partir de 1843 (à cette époque, il fallait au moins 3 heures pour relier Toulon à Méounes en diligence ), n’a plus rien à voir avec les bâtiments d’origine du XIIème siècle.

Gherardo, frère cadet de Pétrarque, vint expier ses fautes à la chartreuse et oublier sa belle. Il y reçut deux fois la visite de son frère poète (1347, 1353 ) qui, à sa mort, légua une somme d’argent au couvent. Pendant la grande peste de 1348, tous les moines moururent sauf un : Gherardo qui resta seul, défendant bravement la chartreuse contre les pillards.

Non loin de là, à Montrieux le Vieux, l’ancien couvent abritait les domestiques, les frères convers, les religieux infirmes ou âgés. Le plus abondant des torrents y faisaient tourner les moulins à blé et à huile. (André Hallays, En flânant, Paris, 1903).

Omar de Valbelle (XVIIème), descendant du fameux Guillaume qui offrit une partie de ses biens à la chartreuse en 1170, se fit construire un tombeau extradordinaire digne de sa vie de séducteur, du moins c’est ce que dit une légende tenace…

Pour en savoir plus sur O. de Valbelle voir le site clair de lune

Près de la fontaine, le 19 août 1944, le colonel de Linarès rassembla ses troupes…

Pendant ce temps, le 3ème régiment de tirailleurs algériens du colonel de Linarès, guidé par les moines de Montrieux, traverse un massif montagneux [ndlr : le Siou Blanc) sur des pistes réputées impraticables et arrivent aux portes de Toulon sans recevoir un coup de feu : le Revest est atteint. Ces mouvements montrent la faiblesse du dispositif ennemi dans la région et permettent au général de Monsabert d’envisager une action sur Marseille. (extrait du site France-libre.net)

img_0164r.jpgLa forêt autour offre quelques possibilités de balade au Jas de Gabrielle ou dans le Grand Bosquet. Devancé par un chien des Pyrénées impressionnant quand il  court vers nous, un troupeau entretient la forêt : nous ne courons pas, nous nous arrêtons lorsqu’il s’approche de nous (c’est ce qui est conseillé dans le panneau à l’entrée). Les chèvres blanches en liberté sont bien en chair et gourmandes, se hissant fébrilement sur leurs pattes arrière pour attraper le meilleur des feuilles. Le berger, loin derrière, essaie de rassembler les égarées ; c’est lui qui nous indiquera le chemin forestier pour retrouver l’ET21 puis le gué sur le Gapeau. Cette petite boucle de 5.300km dans la forêt de la chartreuse nous a été inspirée par le geocacheur Actarus83.

Site de la chartreuse de Montrieux

La chartreuse, par Wikipédia

Dans les secrets du monastère interdit – Le Point, 15 novembre 2007

L’éléphant de pierre du Siou Blanc


img_5837r.JPGEncore de la neige sur le chemin du Siou blanc en ce dimanche 18 novembre ! autre surprise : l’indication de nombreux avens dus à la dissolution du calcaire par l’eau. On en découvre partout : l’abîme des Morts protégé par un grillage, l’abîme de Maramoye (= la femme maudite), l’aven Claustre, celui des trois marins, de l’Etrier, Cyclopibus, Claude, Bernard, et même celui en bordure de route qu’un effondrement de terrain vient de révéler, etc. Certains de ces trous peuvent avoir une profondeur de plusieurs dizaines de mètres.  Probablement un véritable gruyère sous nos pieds, ces calcaires compacts étant fortement entamés par l’érosion. Est-ce pour cela que l’accès du plateau de Siou-Blanc est interdit la nuit ?

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec la température ressentie

img_5842r.JPGDe très nombreux sentiers de randonnée, fort bien balisés par le conseil général du Var mènent au Roucas Traoucas (= rocher percé en provençal). Le sentier se parcourt dans une végétation basse de feuillus parmi lesquels l’éléphant de pierre finit par émerger sur un fond de ciel bleu. On y accède finalement en marchant sur des dalles de pierre souvent creusées de trous et de fissures. Je passe sous son ventre, lui caresse la trompe, m’installe sur son arrière-train en regardant sa queue bosselée. Curieuse construction de la nature…

img_5838r.JPGimg_5843r.JPGimg_5848r.JPGimg_5849r.JPGimg_5852r.JPG

La curiosité nous emmènera jusqu’à l’abîme des Morts très près du parking. Malgré nos efforts, nous n’en verrons pas le fond de quelque endroit où nous nous placerons. A donner des frissons dans le dos, surtout pour ceux qui envisageraient de passer au-dessus du grillage…

Merci au geocacheur Actarus83 : voilà une balade sur la piste de l’éléphant de Siou Blanc qu’on peut varier à l’infini (de 1km à 22km), selon le point de départ choisi sur le chemin de Siou Blanc. En plus, les nombreux avens apporteront quelques sensations à ceux qui resteraient sur leur faim. Amateurs d’archéologie, n’oubliez pas la bergerie des Maigres et la grotte du Vieux Mounoï à Signes (voir site de l’ASER Centre Var).

Randonnée aux aiguilles de Valbelle dans le Siou-Blanc, par le petit Pierrot, site Clair de lune (site toujours bien documenté)

L’éléphant de pierre à partir du Broussan, avec quelques photos d’avens, blog de Fouchepate

Voir quelques itinéraires vers le roucas traoucas

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Réponse au commentaire de vnc : abîme ou aven ?

LAven (terme occitan, devenu générique en France) désigne un gouffre ou puits naturel qui se forme en région calcaire, soit par dissolution, soit par effondrement de la voûte des cavités karstiques.  

L’Abîme (du grec abussos : sans fond) est un gouffre ou puits naturel très profond (dont on ne voit pas le fond)  ; selon le dictionnaire de géomorphologie consulté, son sol est en communication avec des galeries souterraines.

Maramoye est donc un gouffre, un aven profond … et un abîme