La calanque de l’Oeil de Verre et celle de Sugiton vue d’en haut


img_9777r.jpgimg_9778r.jpgOn y accède facilement par un sentier partant de Luminy par le col de Sugiton et qui descend régulièrement jusqu’à la calanque. Facile au début, c’est le point de départ familial pour le belvédère Saint-Michel et la calanque de Sugiton. Aussi fréquenté qu’une avenue en ville. De nombreux panneaux Calanque de Sugiton vers 1900 (emprunté au site du Vieux-Marseille)d’information ponctuent cet itinéraire de découverte. La première trace d’élevage de moutons et de chèvres dans les calanques remonte à 1364 et se perpétue jusqu’en 1960 ; le jas du col de Sugiton, bergerie déjà ruinée en 1830, en est le témoin. Au dessus de lui, les ruines d’une ancienne carrière d’où l’on devait extraire de la pierre de taille.
img_9790r.jpgJe reconnais le cap Morgiou, où je me suis rendue le mois dernier, et la calanque de Morgiou qui le borde. Là où nous voyons aujourd’hui un torpilleur, nos grands-parents voyaient un cygne… Quelques pins d’Alep isolés parviennent encore à vivre, parfois enracinés dans la falaise. La descente jusqu’à la calanque de l’Oeil de Verre devient plus escarpée et nous devons avancer avec prudence. La température est printanière. Au fond de la calanque des Pierres Tombées – dont le nom vient du fait justement que de nombreuses pierres instables sont tombées au fond de l’eau – malgré l’accident de 2006 et l’interdiction d’y accéder, de nombreux nudistes profitent des derniers rayons du soleil. La première cache Hommage à Gaston 1 au-dessus de la calanque de l’Oeil de Verre1 (ou Saint-Jean de Dieu2) est rapidement trouvée grâce à la photo communiquée par Baba13.

Gaston Rébuffat, né le 7 mars 1921 à Marseille, découvre l’escalade dans les Calanques, puis à 16 ans il découvre la haute montagne, les Alpes et le massif du Mont-Blanc. En 1942, Gaston Rébuffat réussit son brevet de guide de haute montagne malgré son jeune âge. En 1944, il devient instructeur à l’École Nationale d’Alpinisme, ainsi qu’à l’École militaire de haute montagne. En juin 1945, Gaston Rébuffat intègre avec une dispense d’âge, la prestigieuse Compagnie des guides de Chamonix. Il devient alors le troisième « étranger » de la Compagnie, après Roger Frison-Roche et Édouard Frendo. Ecrivain, scénariste, photographe, il reste une icône pour de nombreux passionnés de la montagne. Un an avant sa mort, en 1984, il est décoré Officier de la Légion d’honneur. Trois exemples d’exploits sportifs : Première ascension de l’arête Sud-Ouest intégrale de l’aiguille des Pélerins (1943), Expédition française à l’Annapurna (1950), Première ascension de la face Sud de l’Aiguille du Midi (1956). Source wikipédia, signes de piste, Les calanques… à pied, collection Topo guide, 2007, FFRandonnée / Comité Départemental du Tourisme

L'oeil de verre dans la paroi rocheusepas_oeil_verre_equipe.JPGLa remontée jusque sur le plateau du Devenson est classée *** sentier difficile pour randonneurs alpinistes. Je n’ai rien d’une alpiniste mais j’ai déjà utilisé chaînes et crochets (photo du pas de l’Oeil de verre équipé extraite du livre Sentiers du littoral méditerranéen, Pierre Garcin, Nicolas Lacroix, Glénat, 2008). La montée est raide. Le pas de l’Oeil de Verre a été rééquipé en chaînes et crochets après qu’ils aient été supprimés en 2006 par l’O.N.F. à cause de la dangerosité du lieu ; le préfet finalement a ordonné que soit rétabli cet accès historique. Premier passage sans aide sur une grande plaque rocheuse inclinée où il vaut mieux se coucher le long de la roche ; deuxième passage avec une longue chaîne métallique : je n’ai même pas pensé à regarder cet oeil de verre collé dans la roche (photo de l’oeil à droite Ti’Mars…) ! A la descente ce pas de 10m de haut à la verticale est vertigineux.

oei verre photo TiMars.jpgSans que l’on sache vraiment pourquoi cette calanque fut appelée l’Oeil de Verre, quelques membres appartenant aux Excursionnistes marseillais résolurent de lui donner une raison d’être. A partir de la lentille d’une ancienne lanterne, camouflée habilement par de la peinture, ils en firent un oeil énorme qu’ils fixèrent, avec de l’eau et du ciment, sur le passage le plus visible, le 13 novembre 1904. Descriptif randonnée de l’oeil de verre, d’après le site Eskapad.info

img_9800r.jpgNous enchainons sur des crochets permettant de rejoindre à l’horizontale le point d’appui suivant : là, sur 15m, il ne faut surtout pas lâcher les crochets car ça ne pardonnerait pas. Nous continuons la remontée pénible dans le pierrier ; le sentier a été débalisé de gris et il est parfois difficile de savoir par où passer. Sur la gauche, la grande Candelle et son Candelon, qui autrefois ne faisaient qu’un : nous sommes enfermés entre deux hautes parois rocheuses. Après le Val Vierge, couleur karstique effondré en plusieurs gradins, nous arrivons dans la cheminée du diable, étroite et presque verticale où il faut obligatoirement s’aider des mains. Quand nous arrivons presque en haut, déjà bien fatigués, face au dernier pas, nous hésitons. Les prises sont grosses, éloignées et glissantes. Comment faire quand on n’a pas d’équipement ?

Informations sur les tracés au départ de l’Oeil de Verre (juin 2008)

Après deux tentatives différentes, nous décidons de rebrousser chemin. Nous songeons un moment à emprunter l’autre cheminée du C.A.F. (club alpin français) mais la chaîne a été enlevée et ne sera pas remplacée : elle s’apparente donc maintenant à une voie d’escalade et bénéficiera d’un marquage spécifique en 2008. Nous ne sommes pas les seuls à avoir trouvé difficile cette remontée, si on en juge par ce message lu sur un forum : « Surtout en haut, dans la cheminée du diable, j’ai dû faire de l’escalade pour la première fois de ma vie, en m’agrippant des deux mains et en prenant garde de ne pas perdre la moitié de mon équipement ». Nous renonçons donc à Hommage à Gaston 2 de Baba13.

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* De notre Dame de la Garde au sémaphore du bec de l’Aigle en passant par Sainte-Frétouse


Nous avions prévu d’aller jusqu’à la calanque de Sugiton pour la faire découvrir à ma nièce qui n’en avait jamais vue. C’était sans compter sur le « Marseille-Cassis » : l’accès à Luminy était bloqué depuis 6h du matin. Improvisation d’un nouveau circuit : la Ciotat, sa chapelle Notre Dame de la Garde et son fameux sémaphore, par un sentier peu fréquenté que vous ne trouverez pas sur les cartes IGN.

img_9658r.jpgPremier constraste géologique : les calanques de la Ciotat ne ressemblent pas du tout à celles de Marseille ; le domaine verdoyant de Sainte-Frétouse jouxte une colline dénudée faite de gros galets gréseux agglomérés (où se trouve la chapelle) ; j’ai déjà rencontré ce type de formation dans les Alpes de Haute Provence, aux pénitents des Mées ; comment expliquer qu’un poudingue identique existe à plus de 100km de là ? Il y cent millions d’années, d’une île située au sud-est coulait un torrent aussi important que la Durance ; il a déposé ces galets sous forme de poudingue si caractéristique. Particularités géologiques et biologiques des falaises de la Ciotat et de l’île verte, de J. Laborel.
img_9657r.jpgimg_9656r.jpgLa chapelle de La Garde qui y est construite, tire son origine du lieu d’où la côte était gardée : c’est là qu’avait été transférée la vigie vers 1543. Nous montons jusqu’en haut de la colline ; coup d’oeil sur les « Trois Secs » à l’est, trois proéminences sèches, dénuées de végétation ; on comprend l’origine moderne descriptive du « bec de l’Aigle » (autrefois «Aquila» ou «Le Sec»). Les masses sculptées devant lui ont pris d’étranges formes dont une avec une tête de labrador (photo de droite)« En 1610, le dimanche jour des Rameaux, [les pénitents bleus] allèrent en procession sur la montagne de la Roque Redonne […] et […] décidèrent d’édifier à la place de l’Ermitage de « la Gardy » qui existait déjà là depuis au moins 1500, une chapelle qui serait appelée Notre-Dame de la Garde ». Je pense que l’ermitage Sainte-Frétouze dont on parle dans les archives municipales n’était autre que celui de La Garde. La Vierge dédiée à l’Immaculée Conception est protectrice de La Ciotat et, en 1713, la chapelle devient fameuse par les ex-voto que les gens de mer y laissent. Les ex-voto de Notre Dame de la Garde
img_9671r.jpgsurplombs - ohoto Ti4Mars...Nous cherchons le sentier que nous a gentiment indiqué une randonneuse ciotadenne ; grossièrement balisé de bleu ou vert, il croise plus sentiers dont un mène à l’anse du Cannier où l’acteur Michel Simon aimait se promener : demi tour, c’est la fin du sentier pédestre. Le bon s’enfonce très profondément dans un vallon sombre, presque inquiétant. Nous sommes si bas que nous doutons qu’il sera possible de rejoindre la villa Sainte-img_9673r.jpgFrétouse par ces vallons sauvages. img_9670r.jpgL’érosion a sculpté des « paupières », img_9672r.jpget de vastes abris en surplomb impressionnants (« taffoni »), formés à l’époque glaciaire : en principe, pas de risque qu’ils s’écroulent si vous êtes au-dessus, l’érosion est terminée ! La marche sur le poudingue pentu et ses galets polis n’est pas facile : c’est un passage en escalade avec une corde et quelques vagues marches d’escalier où l’on descend en rappel ; ma nièce surmonte son appréhension et s’initie courageusement au terrain non plat : elle vient du nord de la France. Pour nous, les filles, la remontée du talweg se fait avec les mains. img_9676r.jpgimg_9678r.jpgSans perdre de hauteur, on contourne le vallon et on arrive à l’ancienne propriété agricole de Sainte-Frétouse.
On s’installe sur la grande terrasse au soleil où déjeune un couple de randonneurs. On s’imagine propriétaires, insouciants de l’absence d’électricité, contemplant la mer et les oliviers chaque matin. A de petits détails, on s’aperçoit qu’elle n’est pas aussi abandonnée que le laissent présager les apparences : la remise en état d’une oliveraie abandonnée sur le domaine (propriété du Conservatoire du Littoral depuis 1997), l’aménagement pour le grand public du chemin que seuls les ânes empruntaient autrefois pour ravitailler le sémaphore, la remise en état de longues restanques grâce à des chantiers d’insertion, et ce long tuyau d’eau alimentant la citerne de la villa. Voir la vidéo sur la restauration du site naturel de Sainte-Frétouse.

Nous sommes dans l’ancien atelier du sculpteur suisse Walter Spaeny (1892-1952), ami du réalisateur Jeff Musso décédé récemment et de l’acteur Michel Simon (association les Amis de Michel Simon) que mes parents trouvaient disgrâcieux mais qu’ils aimaient beaucoup. La Ciotat info, revue municipale et le blog Amitié Nature.

« On dit que les lavandières, depuis la nuit des temps, allaient dans les collines de Sainte-Frétouse au-dessous de la Vigie, chercher l’eau des torrents sauvages pour laver leur linge, et surtout, le faire sécher les nuits de pleine lune, pour qu’il soit plus blanc !

Le site de la ville de la Ciotat
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* Cap Morgiou


Dès l’entrée dans le chemin de Morgiou, nous croisons des chasseurs. Au vu des traces de terre abondamment labourée, les sangliers ne sont pas loin. Mieux vaut sans doute les sangliers que la fameuse panthère noire de 2004 qui avait obligé la fermeture des calanques et la réquisition de l’armée ! N’empêche que nous avons cru en voir une, nous aussi, dans les carrières de Beaulieu au nord de Montpellier. Avis aux amateurs de sensations qui voudraient aller vérifier.

img_9581r.jpgDes touffes de globulaires bleus apportent une nuance printanière à cette randonnée d’automne. Après le chemin des crêtes de Morgiou, c’est la descente jusqu’au col du Renard qui est particulièrement difficile et risquée : un pierrier glissant de façon continue. Nous remontons ensuite jusqu’au fortin dont la longue muraille traverse presque totalement le cap dans sa largeur.

img_9578r.jpgimg_9585r.jpgimg_9591r.jpgCe fortin, construit en 1614, aurait été utilisé par les anglais appelés par la contre-révolution royaliste de 1793. En longeant le rempart construit directement sur le rocher, on s’aperçoit que l’enceinte devait veiller sur l’entrée des ennemis par la mer et leur accostage à partir de la calanque de Morgiou. A l’abri du vent derrière le mur de la batterie Est, un groupe de randonneurs déjeunent tout en discutant avec bonne humeur. Après la découverte de la cache Cap Morgiou : face à la mer de Bestioles, nous déjeunons plus loin, derrière un vestige de mur, près d’un énorme trou désormais comblé par des pierres : peut-être la carrière qui servit à construire le fort ?

Batteries du cap Morgiou

Calanque de Morgiou, histoire du fortin

grotte_cosquer_coupe.jpgA nos pieds, la calanque de la Triperie (mais pourquoi ce nom ? il semble avoir été donné récemment, peut-être par les militaires qui ont établi les cartes), bien à l’abri du vent, est étrangement calme et arrondie. L’entrée d’une vaste grotte sous-marine apparait dans la falaise verticale. reconstitution_cap_morgiou.jpgPlus à gauche, dans la pointe de la Voile, la célèbre grotte Cosquer s’ouvre sous 37 m d’eau. Henri Cosquer y découvre, en juillet 1991, des traces de mains, des peintures et des gravures. La datation au carbone 14 permet de faire remonter l’occupation de la grotte par l’homme entre 18500 et 27000 ans avant JC. » Elle est désormais murée pour être protégée. A gauche une tentative de reconstitution à l’époque où elle n’était pas envahie par la mer. La grotte Cosquer, site du ministère de la Culture

img_9601r.jpgimg_9603r.jpgimg_9615r.jpgimg_9620r.jpg

cap_morgiou_1.jpgJe pousse jusqu’au cap Morgiou, étroit et descendant jusqu’à 20m au-dessus de l’eau : à 2m des bords de la falaise, la sensation est grisante (1ère photo de gauche dans la série). Vu d’avion et inversé nord-sud, ne trouvez-vous pas qu’il a la forme d’un hyppocampe… ou d’un pélican ?
C’est l’heure de la descente vers la calanque de Morgiou et ses cabanons, presque tous construits en dur désormais, avec des installations sanitaires qui n’ont plus rien de rustiques. Nous reconnaissons sans difficulté, le torpilleur, îlot rocheux de la calanque de Sugiton ressemblant  à un navire de guerre (3ème photo de la série). Autrefois la pêche au thon se pratiquait à l’aide d’installations semi fixes, les madragues. Pour la madrague de Morgiou (1622-1853), voir la partie histoire des calanques sur le site du groupement d’intérêt public des calanques. En 1622, […], Louis XIII âgé de 21 ans, au cours de son passage à Marseille s’est vu offrir un divertissement organisé par la Prud’hommie des Pêcheurs de Marseille. Le jeu consistait à emprisonner des thons dans des seinches d’où ils ne pouvaient s’échapper. Cette pêche se pratiquait également sur la côte bleue ; elle a été interdite parce qu’elle n’était pas sélective. La calanque de Morgiou.

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