La cascade de Malaga, Rognac


Le 5 juillet, Anne et moi étions sur le terrain dans le cadre d’une enquête qu’elle devait faire ; alors que nous retrouvions le second parking au bout du chemin de Saragousse, des jeunes nous interpellent et nous demandent comment se rendre à la cascade. Ah ? il y a une cascade par ici ?  Moi qui pense bien connaitre la région, je m’étonne que dans un endroit aussi sec, ce soit possible mais je consulte la carte et les photos qu’ils me montrent. Ils ajoutent qu’il faut y aller après une forte période de pluie. Anne et moi, nous nous regardons d’un air entendu : il faudra qu’on aille la découvrir.

Le Vabre1 de Malaga est un petit cours d’eau qui prend sa source à la Fontaine de l’Oule dans les reliefs de Rognac. Il se dirige en direction du centre de Rognac et trouve son exutoire au quartier du Petit Vacon, à proximité du collège. Plan local d’urbanisme, Déclaration de projet emportant mise en compatibilité – Aménagement de la zone d’activités des Plans. juin 2017

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Avec le vent et la température ressentie

Sur la carte IGN actuelle le cours d’eau issu de la source de l’Oule2, est représenté par une ligne discontinue (cours d’eau temporaire) alors qu’en 1950 la ligne était continue (cours d’eau permanent). La Fontaine de Rognac se trouvait environ 280m au sud-ouest de la Fontaine de l’Oule2. Le cadastre napoléonien me permet d’imaginer une hypothèse : la première source du village (Fontaine de Rognac) qui avait été canalisée, réparée fin XIXe, s’est tarie ; le toponyme est resté pour désigner le quartier, et c’est l’eau de la Font de l’Oule qui tombe en cascade.

Je n’ai guère d’espoir de voir une cascade aujourd’hui mais j’ai très envie de découvrir les lieux. Le parcours commence par un sentier plat le long des champs ; au carrefour avec la citerne, on traverse la plaine de Marroc. Au point 137, après les oliviers, au pied de bancau, il est possible de remonter le long du lit étroit et rocheux du ruisseau sur 150m pour découvrir la source de l’Oule, émergeant d’un  trou du rocher. Si vous terminez dans le lit rocheux, ce sera humide et glissant. Personnellement, j’ai préféré y accéder à partir du sentier partant du plateau supérieur, plus court et plus facile, surtout s’il a plu. Les toiles d’araignées au plafond sont bien le signe que l’eau n’est plus abondante.

Une piste caillouteuse en descente – chaussures avec bonnes semelles conseillées – ouvre sur un décor de hautes falaises d’une bonne vingtaine de mètres de haut qui se contorsionnent et portent d’anciennes traces d’humidité. Je passe du soleil à l’ombre.

A l’intérieur d’une échancrure en V dans la strate supérieure, je devine l’ancien écoulement de la Fontaine de Rognac. L’eau devait probablement tomber en cascade autrefois.

#08-Vabre de Malaga : l’héritage de Matheron, lescigales

Enfin j’arrive dans le cirque de la cascade ; la strate supérieure étant en surplomb, quand la cascade coule, elle donne l’impression de sauter par dessus bord sur un gros bloc rocheux blanchi et calcifié par l’eau. Cette disposition est caractéristique d’un relief de cuestas. La falaise de la barre rocheuse est constituée de calcaire aux pentes abruptes, organisée en strates horizontales épaisses scindées en deux bancs par une petite corniche sur laquelle s’est implantée de la végétation. Des blocs rocheux fracturés verticalement se sont détachés de la paroi et se retrouvent au sol.

#07-Vabre de Malaga : la barre rocheuse, lescigales (avec explication de la formation géologique)

Photo de la cascade à droite, de novembre 2019, empruntée à l’association Les semelles usées de Rognac ; photo à gauche empruntée au blog de adair13

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Du moulin de Pallières à la source de la Cadière


Je pars du parking de la Lanterne aux Pennes Mirabeau1, sans ombre mais proche du début de la randonnée, avec vue au nord sur le plateau de Vitrolles, le radar et l’affreux cube noir du stadium (Architecte Ricciotti, Grand prix de l’architecture 2006).

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Petite montée jusqu’à la Lanterne du Souvenir – d’où le nom du chemin : camin dou fanau. Offerte par la SACEM en 1928, elle n’était dédiée qu’aux morts de la première guerre mondiale. Après la seconde guerre mondiale, elle portera l’inscription des morts de la seconde guerre. Gravée sur la façade, la devise de la commune : Super pennas ventorum, sur les ailes des vents.

Sur le cadastre napoléonien (1833, Les Jonquiers, E3) deux moulins côte à côte : la tour du premier (parcelle 683) a été réutilisée pour bâtir la Lanterne du Souvenir : c’était un moulin à farine ; le second (parcelle 684) restauré depuis peu, était un moulin à huile devant lequel était construit un bassin, peut-être pour y récupérer l’huile. L’aire à battre et un champ d’oliviers se trouvaient à l’ouest. Derrière les moulins un vaste pré qui devait être en pente.

Sur le plan du début du XIXe, on s’aperçoit que le moulin à huile (aujourd’hui à farine) déversait l’eau de végétation dans le cours d’eau en-dessous le Merlançon. C’est peut-être le canal d’évacuation de cette eau que nous avons aperçu avec André lors de notre première visite.

Les étapes du travail permettant d’extraire l’huile des olives sont :
– déchirer la peau, réduire les olives en pâte, le triturage ;
– pressage : la pâte obtenue est placée dans des filtres (les scourtins en forme de bérets). […] les scourtins laissent passer l’huile lorsque l’ensemble est pressuré ;
– laisser décanter et cueillir l’huile :  […], au moyen d’une feuille (en métal et très plate) […]. L’eau de végétation est stockée dans les “Enfers” d’où elle est quelquefois déversée dans le cours d’eau voisin. Fédération des Moulins de France

Nous apercevons les ailes du moulin de Pallières qui tournent au moment de notre passage, ensuite le meunier qui grimpe la rampe menant à son moulin construit sur le rocher (voir photo ancienne ci-contre). Nous lui demandons si nous pouvons le visiter. Guy, un provençal  de souche à l’accent fortement chantant, nous accueille avec enthousiasme. Il nous explique comment faire la farine, régler les meules ; lorsqu’il évoque en langue provençale le nom des différentes parties du moulin, André et lui échangent : je ne capte que quelques mots au passage. Le meunier, anciennement responsable des espaces verts de la commune, a reproduit à l’étage une rose des vents du XVe.

Fièrement, il nous annonce que les deux farines de blé bio pennois seront vendues dans une boulangerie du village L’atelier du Gavothé. La restauration du moulin par une société spécialisée du Maine-et-Loire n’est pas totalement à l’ancienne puisque le moulin pourra fournir de l’électricité. Voir le site des Pennes. Retrouvez Guy Lagier sur la vidéo de FR3 : un passionné qui saura communiquer ses connaissances.

J’ai recensé pas moins de 8 meuniers habitant Les Pennes en 1841 ! Joseph SAUNIER (né le 13/09/1780 à Eyguières), Jacques SAUNIER son fils, Michel FOUQUE (né à Marignane) et Marius LION, Guillaume JACOMAN, Jean-Baptiste CADENEL, Christophe et Marius BOUDIER. Trois moulins sur la carte de Cassini de 1778 : un moulin à vent sur la crête, le moulin du Diable à Cadenel et le moulin Mourie ruiné dans la plaine du Brusc. Le moulin du Repos (Vitrolles) et celui des Bastides (Séon) sont proches des Pennes. Mais de quel moulin étaient-ils meuniers ?… En supposant qu’ils vivaient au plus près de leur lieu de travail, je  pense que ce sont les SAUNIER qui faisaient tourner le moulin du marquis Louis Nicolas II de VENTO des Pennes ; sa fille Claire-Henriette de PAZERY de THORAME (voir généalogie)  héritera du moulin ; après la Révolution, les biens du marquis passeront dans le domaine national en 1867 ; le moulin sera définitivement abandonné.

Pour ma deuxième visite, je vais continuer sur l’étroite crête de la barre rocheuse qui m’a fait penser en miniature à celle de Sainte-Victoire : rocheuse, toute en montées et descentes, nécessitant donc un peu d’attention ; après la barrière DFCI, je contourne le réservoir par la droite. Une rare trouée, sur la droite, entre les pins offre un magnifique point de vue sur les terres rouges vitrollaises où je serai tout à l’heure. Deux vestiges militaires également qui pourraient être des postes d’observation.

Le balisage bleu se dédouble : un ancien et un nouveau qui arrivent au même carrefour quelques centaines de mètres plus loin. Au nord vous retrouverez le point de vue sur l’étang, le plateau de Vitrolles, l’aéroport. Progressivement, la végétation devient plus aride. Tant que vous n’êtes pas passé au-dessus de l’autoroute, il ne faut surtout pas descendre trop bas. Une fois dessus, en le suivant des yeux vers le nord-ouest, vous arrivez jusqu’à l’aéroport et l’étang. Après l’autoroute, deux sentiers redescendent vers Pallières, l’officiel bleu étant le deuxième ; j’ai pris le premier, caillouteux et roulant, qui passe non loin d’une propriété privée mais sans mention d’interdiction.

Après avoir traversé la route D113, j’ai zigzagué dans la zone artisanale de l’Agavon et du quartier résidentiel Le Repos, ne prenant que de petites routes, découvrant avec bonheur une place à l’ombre et quelques bancs à côté du jeu de boules Maurice Marin. Depuis l’avenue du Mal de Lattre de Tassigny, je n’ai pas trouvé de ruelle publique pour rejoindre l’avenue Jean Monnet où passe le GR2013. Sans doute est-ce possible de traverser au garage Renault qui s’ouvre des deux côtés.

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Martigues, entre terre et mer, côté golfe de Fos


Le sentier des douaniers à l’est de Martigues (Le sentier des douaniers de cap Couronne à Carry le Rouet), je l’ai parcouru ; mais côté golf de Fos, l’amie qui m’accompagne et moi-même, nous ne le connaissons pas. Je prépare donc un circuit qui passe dans le vallon de Cavalas (à noter, passant par la crête : boucle des vestiges militaires à Cavalas), traverse l’intérieur des terres puis longe la côte ouest.

Départ au pied de la centrale thermique de Ponteau (Lavéra, Cycle Combiné Gaz) et ses hautes cheminées colorées de rouge et blanc en haut, et bleu clair à la base : impossible de les rater, c’est un bon point de repère ! Chacune mesure 140 m de hauteur (celle de Gardanne : 297 m). Désormais inutiles depuis le passage au gaz, les quatre cheminées en béton armé seront-elles démolies ou gardées comme témoignages du passé ?

L’album photos

La météo ce jour à cet endroit :
Avec le vent et la température ressentie

La certification ISO 14001 vise à améliorer régulièrement les performances environnementales de la centrale. Cette norme internationale atteste l’existence et l’efficacité des démarches environnementales en vigueur.[…] Depuis 2012, les émissions de CO2 ont baissé de 54 %, contribuant ainsi à l’amélioration du bilan carbone global du groupe [ndlr : qu’en est-il à Martigues ?]. En 2018, plus de 90 % des déchets ont été valorisés. [Le cycle Combiné Gaz] a cédé au Conservatoire Régional des Espaces Naturels la partie la plus riche du vallon des Renaïres et protège le biotope sur une surface de 11 hectares, par la mise en place d’un arrêté préfectoral.[…] Sur le CCG de Martigues, la mise en sécurité de l’ancienne centrale fioul est achevée. Dossier de presse de la centrale Martigues-Ponteau

Sur le parking, les premiers amateurs de bateau s’activent ; nous suivons la route vers l’est qui traverse un lotissement, passe sous la ligne de chemin de fer de la Côte Bleue puis monte par le vallon de Cavalas, à découvert ; il fait chaud sur ce sentier caillouteux. Sur la crête, je repère les deux grands pylônes à haute tension, puis la rampe permettant autrefois de monter du matériel jusqu’à la batterie de Cavalas grâce à un treuil.

Nous passons devant l’ancien moulin puis descendons vers la carrière des Auffans, exploitée au cours de la seconde moitié du XIXe siècle puis de 1950 à 2003 pour la restauration de monuments historiques. De là, le fameux PDT (Poste de Direction de Tir) spécial se reconnaît bien si on l’a visité sur place. Nous trouvons une pierre pour pique-niquer sous les arbres.

Après une courte traversée en sous-bois, nous retrouvons la route qui passe au dessus de la ligne de chemin de fer. Ses décorations métalliques en forme de pomme de pin sur acanthes sont typiques du XIXe et se retrouvent sur d’autres ponts route de la ligne, ou sur les rampes d’escalier extérieures.

Un petit bout de route vers le lieu-dit les Soubrats puis nous entrons dans la garrigue qui porte les traces d’arbustes incendiés parmi des fleurs jaunes et roses. Non loin d’Arnette, une vieille ruine de maison puis des vestiges de la batterie de terre allemande d’Arnette.

Les Allemands y installèrent en 1944, à proximité de l’ancien sémaphore d’Arnette,  une batterie de trois canons de 17 cm K18 L50. Avec Cavalas, elle commandait la baie de Marseille et le golfe de Fos. Selon le forum sudwall

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