Circuit du canyon à Simiane-Collongue


J‘ai changé mon programme de randonnée hier soir quand je me suis aperçue que l’espace forestier des Quatre-Termes était en niveau noir, donc interdit à la circulation. Pas très loin, j’ai trouvé le circuit permanent de la FFSP baptisé « circuit du canyon » qui a l’avantage de faire deux boucles qui se rejoignent au milieu et que l’on peut donc adapter aux marcheurs ou au temps dont on dispose. L’espace forestier est celui de l’Etoile.

Pylônes haute tensionCette randonnée ne correspond pas à ce que je recherche : peu de patrimoine, des points de vue enveloppés dans des lignes à haute tension qui se croisent et sous lesquelles on passe sans arrêt, des longues pistes forestières sans intérêt, une montée en fin de parcours qu’il vaut mieux éviter aux heures chaudes. Le plus intéressant et le plus aventureux, c’était de parcourir la ligne de crête d’une colline sans nom, contrefort du massif de l’Etoile, entre la Galère et l’Oasis puis les sentiers variés qui terminent le parcours sur la colline de Peycaï.

Chemin du château de GuiHaute falaise derrière les arbresDépart du parking le long de la D59 en centre ville. Je retrouve le chemin de Bedouffe que j’avais déjà emprunté lors d’une précédente randonnée (la colline Peycaï) puis le chemin du château de Gui : de hautes barrières rocheuses font penser à un canyon ; une grotte puis un pont-aqueduc du canal de Marseille. Le trajet continue en sous-bois jusqu’au carrefour de Jean Le Maitre. Asphodeline ? Piste coupe-feuUn raccourci à points verts permet par une sente de rejoindre la piste forestière coupe-feu dont les hauteurs sont bordées de pins penchés par le vent. Tout le long de celle-ci, desséchées, de longues tiges dressées portaient de belles fleurs jaunes (asphodèle ?) à l’époque de leur floraison.

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La colline du Montaiguet


La colline du Montaiguet, la colline des aixois !

Les Collines de Gardanne forment un petit massif (2 350 ha) situé dans la moitié Est des Bouches-du-Rhône, au Sud-Est de l’agglomération aixoise entre l’Arbois, la Sainte-Victoire, le Regagnas et l’Etoile. Le Montaiguet possède un certain intérêt ornithologique avec la présence de trois espèces remarquables, le Grand-Duc d’Europe, le Petit- Duc scops et la chouette Chevêche d’Athéna. D’après https://www.myprovence.fr

Parking près de l’arrêt de bus n°14 La Guiramande (il n’y a pas beaucoup de bus…), ce qui veut dire que même sans voiture, vous pouvez venir et repartir en transport en commun ; la Guiramande, sans doute propriété de la famille Guiramand, dont le premier seigneur de la Duranne est venu s’établir à Aix vers 1347.

Route le long des propriétésLa randonnée commence dans une rue étroite qui longe de belles propriétés mais peu passante. Puis je passe la barrière DFCI et me trouve rapidement dans un sous-bois, avec en contre-bas le vallon du Coq.

La descente Montaiguet #7, Team CALM

La citerne DFCI (Défense des Forêts Contre les Incendies) est un vaste impluvium ; les riverains se rappellent sans doute le vaste incendie du 5 août 2005 qui a démarré au lieu-dit… « la mère de Dieu brûlé ».

La citerne Montaiguet #6, Team CALM

Pendant la nuit, des centaines de sapeurs-pompiers ont œuvré d’arrache-pied pour noyer l’incendie, notamment autour du vallon du Coq. Les canadairs, après un accident qui a coûté la vie à deux pilotes le 1er août en Corse, sont cloués au sol. Une trentaine d’Aixois ont dû patienter des heures au milieu d’un champ : dans le pré du vallon du Pré Magnan, entre des poteaux électriques à terre, des souches éventrées, bref, un vrai paysage lunaire. La Provence, 6 août 2015

Sainte-VictoireLe Pilon du RoyPresque au sommet, les points de vue se multiplient : d’un côté, la Sainte-Victoire, le mont Aurélien… et la cheminée de Gardanne érigée en 1984 à 297 mètres de hauteur, de l’autre le massif de l’Etoile avec le pilon du Roy. La centrale de Gardanne, charbon propre, site Lakko.fr ; je me rapproche du Pré de Magnan en contre-bas, témoin de l’incendie de 2005.

Montaiguet #5, désert, Team CALM

Aqueduc de RoquefavourLa piste caillouteuse décrit une boucle puis redescend entre Malouesse et la carrière, sans ombre ; au loin l’aqueduc de Roquefavour apparaît dans toute sa longueur et son élégance ; côté droit, une ancienne habitation s’est installée le long de la falaise. le bastidoncalcaire sur base marneuseBaptisé « bastidon » en 1830, il se trouvait près des cultures de vignes et d’oliviers. Un peu plus loin, le calcaire compact repose sur une base marneuse, plutôt rare dans les calcaires autour d’Aix.

Montaiguet #4, il était un temps, Team CALM

Mur de soutènementLes murs de soutènement de l’étroit chemin de Bompart sont spectaculaires : il y a dû avoir plus d’un éboulement ; je circule maintenant en sous-bois ; la bastide des Brègues d’Or, les bâtiments agricoles, les jardins, les terrasses, le portique et les rocailles sont classés monuments historiques depuis 1989.Panneau campagne Gratte Lapins Au croisement avec le chemin de la plaine des Dés, je tombe sur un panneau « 1625 chemin de la plaine des Dés Gratte Lapins », sans doute l’adresse de Campagne Gratte-Lapins, un nom plutôt campagnard qui semble indiquer l’emplacement d’un ancien élevage de lapins ou la présence de nombreux terriers !

Montaiguet #3 Pleine lune, Team CALM

Une balade courte qui répond à un besoin de se dégourdir les jambes sur une courte période de disponibilité. Les geocacheurs feront les caches dans l’autre sens.

Montaiguet #1 ça commence bien, Team CALM

Aix Montaiguet trace_panoImage de l’itinéraire 4km700 1h10 à 2h déplacement 149m dénivelée (+155, -155m)

Les Caisses de JeanJean, Mouriès


Inspirée de la randonnée 34 publiée dans le topo-guide Les Bouches-du-Rhône à pied, FFR, FFR, 2002, elle s’est transformée, grâce à Majo qui a l’art de débusquer ce que je ne vois pas, en véritable découverte d’un oppidum bien caché !

Nous avons stationné sur un des parkings aménagés par le CG13, au croisement de la D24 (qui traverse les Alpilles du nord au sud) et de la D24A. Le panneau d’information sur la nouvelle réglementation 2016 d’accès aux massifs forestiers a été mis à jour : il est désormais possible de randonner toute la journée en niveau orange et rouge.

Champ d'oliviersonopordonLa balade commence tranquillement le long des champs d’oliviers. Majo m’offre pour la photo quelques fragiles œillets sauvages qui n’arrêtent pas de bouger avec le vent. Quand elle a eu écrasé le globe rouge de l’ail sauvage, elle en a convenu : ça sens l’ail ! et ce que Mireille croit être un chardon laiteux pourrait-il être un onopordon d’Illyrie avec des ailes en forme d’épine sur sa tige épaisse ?

canal des BauxLe canal des Baux que nous allons suivre très régulièrement, coule abondamment ; nous sommes dans la période de plus fort débit pour l’irrigation. Son parcours, d’une longueur de 53 kms [ndlr : 7 siphons, 3 superbes aqueducs, 7 tunnels dont celui des clapiers], danse dans les Alpilles, tantôt au cœur, tantôt à ses pieds. Sans lui, il est probable que les agriculteurs auraient été ruinés, la sécheresse ayant sévi pendant plusieurs années. Il a fêté ses 100 ans en 2014 ; ce canal prend sa source à Eyguières, via le canal Boisgelin Craponne alimenté lui-même par les eaux de la Durance, et la transporte jusqu’à Fontvieille. Il peut servir aussi aux pompiers en cas d’incendie.

[22 juin 1873] C’est donc poussés par une impérieuse nécessité que les populations (+/- 12000 habitants), […] de leur initiative privée, se sont formés le 8 juin courant en association syndicale libre comprenant 760 adhérents qui ont engagé 1430 hectares à l’arrosage, 4000 hectares pourront être arrosés par la suite… Historique du canal

Nous abordons maintenant la longue partie sur la route de Servanes2, passant devant le château qui se cache au bout d’une longue allée. Nous délaissons le GR653A pour continuer sur la variante du Cagalou. Strates qui émergentAu carrefour avec le sentier rural, nous sommes attirées par un haut mur de pierre, tout seul sur le talus à côté de quelques arbres, comme planté là par l’homme ; mais non, ce sont trois strates redressées mises à nu sans doute par l’érosion.

Piste le long du GaudreFenouil sauvageLa piste suit le Gaudre de Malaga ; Majo me montre le fenouil sauvage que j’ai bien envie de goûter ; la racine semble profondément enfoncée dans la terre et je n’arriverai pas à la déterrer sans les outils appropriés. Celui-là n’a pas de bulbe mais on consomme ses feuilles et ses tiges anisées : à l’intérieur d’un poisson grillé par exemple. Une imposante construction sur le Gaudre nous fait penser que Ancien réservoir sur le Gaudre (?)le ruisseau alimentait un grand réservoir avant de continuer son chemin. Le bleu du ciel, les arêtes découpées de la montagne, le vert des oliviers, le jaune des argeiras constituent le paysage typique des Alpilles. Nous aimons.

Paysage typique des Alpilles

Au niveau de Cagalou, un ancien puits puis la belle propriété d’Entremonts. Nous envisageons de nous rendre à l’oppidum des caisses de JeanJean, sans savoir si ce sera indiqué mais il y a une étoile sur la carte : ça vaut donc le coup d’essayer.

balisage zone d'escaladeAprès un rapide coup d’œil à la carte IGN, sur la droite du chemin de Cagalou, deux hommes descendent d’un chemin non balisé ; ça pourrait être celui-là ; nous suivons les icônes bleues représentant un escaladeur mais bientôt ce sentier nous éloigne : nous sommes sur les Petites Caisses où se trouvait autrefois un faubourg allongé de l’oppidum ; après un demi-tour de quelques dizaines de mètres, Majo décide de rejoindre le bon chemin par un raccourci glissant et en pente.

Les Caisses de JeanJean, quel drôle de nom ! attesté en 1791 par le « cadastre » de l’Assemblée constituante, il ne désigne que les terres du piémont méridional, limitées au sud par le « vieux chemin de Maussane à Eyguières » et à l’est par celui de Cagalou. Jehan fils de Jehan [JeanJean], est le premier propriétaire connu de cette partie de Mouriès ; quant à l’origine toponymique de ‘Caisses’, certains pensent à une origine pré-celtique (cal, car, cr = pierre), à moins qu’il ne s’agisse du provençal cais (pluriel caisses), la mâchoire, par analogie avec la forme du lieu, et les dents par analogie aux barres rocheuses découpées qui se font face comme les dents d’une mâchoire. la mâchoire (photo-aerienne-5 GAM)les dents (photo-aerienne-2 GAM)Les photos aériennes d’Alain Laforest du GAM pourraient vous convaincre de cette ressemblance… Des Caisses, il y en a plusieurs : les Petites Caisses et les Caisses de Servane2 sur le piémont sud des Caisses de JeanJean.

Vue sur Sainte-VictoireBorne 10 du parcours d'interprétationAprès un coup d’œil sur Sainte-Victoire au loin, et la tour des Opies, nous entrons par la partie haute de l’oppidum (l’acropole) et découvrons la borne 10 du sentier de découverte (à télécharger) établi par les élèves de SEGPA du collège René Cassin de Tarascon et les écoles de Mouriès, avec l’aide de l’association « Chemin Faisan » et le PNR des Alpilles. Puis nous entrons par ce qui fut la ‘porte‘ de l’oppidum (photo Mireille Laforest) ; Espace entre les deux barres rocheusescaisses-7-10-12-5 porte en cours de fouilles Mireille Laforest GAMquelle surprise ! une vaste prairie dans un espace plutôt plat coincé entre deux barres rocheuses et qu’il est impossible de deviner quand on est à ses pieds.

La zone archéologique comprend un habitat de hauteur, l’oppidum des Caisses, et en contrebas, du côté sud, le site de Tericiae, dans la plaine. Le site est connu depuis le début du XIXe siècle. […] Chacune des deux extrémités de cet espace est constituée d’un rempart, de telle sorte que le village, protégé par ces deux murs, se trouve dans une position quasi imprenable.

Les archéologues ont identifié cinq périodes d’occupation, entre le 8e-7è siècle avant J.-C. et  le 3e siècle après J.-C. où il est définitivement abandonné soit presque 1000 ans d’occupation.
stele CAI.85.02 fragment de futAu cours de ces périodes, les pierres ont été réemployées, comme par exemple les stèles gravées du rempart R1 réutilisées en boutisses1 dans les remparts plus tardifs. Schéma extrait de l’article  de Marcadal Yves, Paillet Jean-Louis, « Blocs architecturaux de tradition hellénistique de l’oppidum des Caisses de Jean-Jean (Mouriès, Bouches-du-Rhône) », Revue archéologique 1/2011 (n° 51) , p. 27-62 ; URL : www.cairn.info/revue-archeologique-2011-1-page-27.htm
DOI : 10.3917/arch.111.0027.

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