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Les tulipes de la Brillanne, la glacière et Notre Dame des Anges à Lurs


La rando que nous devions faire en groupe a été annulée ; le temps est à la pluie et même à l’orage. Mais les tulipes ne peuvent plus attendre : Yves et Brigitte m’ont prévenue qu’une bonne partie a déjà été coupée ; je décide d’y aller quand même assez tôt pour avoir une chance d’échapper au mauvais temps.
Album photos

La météo aujourd’hui à cet endroit :
Avec le vent et la température ressentie

Je me gare à la Brillanne sur le parking de Carrefour Market près du chemin de Pissais1 que je vais emprunter pour éviter la route. Au canal de Manosque que je traverse, je longe la berge boueuse et rapidement les chaussures sont lourdes à soulever ; heureusement je n’ai que 260 m à parcourir.

Au loin, les voitures sont garées n’importe comment le long de la route ; le spectacle des tulipes se trouve dans le champ qui la borde sous la forme d’un étroit tapis coloré sur fond de montagnes enneigées.

En effet les tulipes ont été coupées et les pétales jonchent le sol entre deux rangées. Mais le spectacle coloré est quand même là, même si des rangées entières ne sont plus que feuilles.

Ce n’est pas la fleur qui est cultivée mais le bulbe venu de Hollande ; au départ de 9 à 10 cm de circonférence, on les fait grossir jusqu’à 11 ou 12 cm. 11 ha de surface sont réservés aux bulbes hollandais, 2 pour la côte d’Azur et 3 pour production locale en serre.
Pour que la plante se concentre dans le renforcement et l’accroissement du bulbe, il faut la couper. Les bulbes sont mis à sécher et envoyés en Hollande.
Produire ici permet d’étaler la période de floraison : en France on peut faire des fleurs en décembre ou janvier, en Hollande janvier ou février.
Celles vendues aux grandes surfaces et sur les marchés sont vendues 25 centimes l’unité et poussent sous serre ; celles dans les champs ne lui appartiennent pas.
Luc Boissière est désormais le seul à produire des tulipes (10 dans les années passées) ; les hollandais produisent depuis peu des tulipes sous plastique pour contrôler la floraison ; ils importent de Nouvelle Zélande et Tasmanie avec un décalage de 6 mois dans la floraison. D’après La Provence, Alpes, 9 avril 2019

Il ne pleut pas, je décide de tenter la visite de l’autre champ situé sur le territoire de Lurs, sur la route du hameau de Pied d’Aulun ; la vision d’ensemble des alignements de tulipes est différente, tout en longueur. Je me régale des couleurs vives, sombres ou pastel. Il ne pleut toujours pas ; je continue vers la glacière dont j’ai découvert le point sur la carte IGN en préparant la rando pour le groupe. Amis geocacheurs, si vous avez du courage, vous pouvez grimper sur la colline pour une vue plongeante sur les champs de tulipes et trouver la cache :
pied d’alun, sharkstudio

Route peu fréquentée mais route quand même ; au carrefour avec la D116, un oratoire annonce sans doute la proximité avec la chapelle Notre Dame des Anges. Un hangar agricole, le hameau des Seignés puis c’est le carrefour avec la D12 qui mène à la nationale. Le ciel en face de moi est lourd de nuages gris : je marche dans le mauvais sens on dirait. Encore une petite route qui mène au village en passant par le Serre. En haut de la côte, je passe la barrière et cherche le sentier qui devrait me mener à la glacière. Il descend en douceur depuis le lieu-dit la Casse2.

En bas du sentier un panneau d’informations sur la glacière des Buissières m’en apprend bien peu puisqu’elle n’est même pas datée et non répertoriée sur le cadastre napoléonien (les glacières artisanales étaient-elles soumises à imposition ?). Avant l’invention des réfrigérateurs, on y stockait des blocs de glace en hiver pour s’en servir en été. On peut voir le chenal de nettoyage et d’évacuation sur le côté gauche et le couloir qui mène au réservoir dans lequel on conservait la glace. Nous ne sommes qu’à 437 mètres d’altitude, côté ubac, près du ruisseau du moulin des prés. De toutes les glacières recensées dans l’ouvrage L’artisanat de la glace en Méditerranée occidentale, Ada Acovitsioti-Hameau, ASER, 2001, c’est la seule qui soit en-dessous de 630 m d’altitude. Si elle était fabriquée sur place, c’est sans doute entre le ruisseau et le chemin que devaient se trouver les bassins de congélation. Elle pouvait alors alimenter le séminaire Saint-Charles Borromée installé à Lurs en 1736 par l’évêque Louis de Thomassin, ou le château épiscopal, résidence ordinaire des évêques de Sisteron.

Je descends maintenant jusqu’au torrent du Lauzon dont l’eau est claire et tentante. En face des vestiges d’un bâtiment bétonné le long de la route, coule la cascade du Lauzon sous le pont du chemin de Monessargues.

Un canal de dérivation et sa martelière alimentaient en eau le moulin de Monessargues. En contrebas, on voit que le torrent a creusé une petite gorge, au pied de laquelle l’eau forme une cuvette qui doit certainement attirer les baigneurs en été. M. Masse y produit toujours de l’huile d’olives bio à l’ancienne.
PARADIS EN HAUTE PROVENCE/ PARADIE IN PROVENCE, Thierry9076

Construit en 1674, sous le règne de Louis XIV, le moulin de la cascade permet encore aujourd’hui de fabriquer de l’huile à l’ancienne. À l’origine, cette pièce du patrimoine lursien était communale.

En suivant la route, je repère après le pont sur la droite, deux petits sentiers qui mènent au bord de l’eau, puis les champs d’oliviers ; quelques gouttes de pluie me rafraîchissent, je n’enfile pas mon imper ; enfin la chapelle Notre Dame des Anges située sur l’ancienne station romaine d’Alaunium, que j’avais visitée il y a bien longtemps.
C’est le clocher-tour de section carrée que l’on voit en premier, avec un étage percé de baies en plein cintre. Le panneau d’informations, délavé, aurait bien besoin d’être changé…

On raconte qu’après avoir été saccagée en 1655, la plus ancienne chapelle se réveille miraculeusement sous l’effet de chœurs d’anges. Lors du miracle qui guérit Jeanne, des anges font entendre leur voix en l’honneur de Marie. A la nouvelle de tous ces prodiges, de nombreux malades affluent et guérissent ; la chapelle se couvre d’ex-voto et devient lieu de pélerinage. L’histoire du culte de la Sainte Vierge en France, depuis l’origine du christianisme jusqu’à nos jours, Volume 7, M. le curé de Saint-Sulpice, 1866

Une inscription antique est réemployée dans le mur nord de la chapelle NotreDame des Anges qui appartenait au couvent des Récollets (fondé en 1661), et fut bénie en 1664. L’ancienne chapelle (XIe) fut conservée sous forme de crypte. La nouvelle chapelle qui la surmonte, de style classique, contient deux autels superposés – dont l’autel de la Vierge en bois doré et peint du XVIIIe – avec des gisants et des dédicaces des évêques de Sisteron. L’intérieur comprend également un superbe escalier en bois sculpté. Extrait du site sur les chapelles rurales et La Haute Provence monumentale et artistique, Raymond Collier, Digne, 1986

Me revoilà de l’autre côté du champ de Lurs ; de nombreux visiteurs étrangers munis de perche à selfie ont pénétré dans les allées pour immortaliser le spectacle éphémère ; j’entends le propriétaire, qui vient d’arriver en 4×4, crier sur les sans-gênes qui ne respectent pas l’interdiction ; je le sens en colère car depuis plusieurs semaines, le défilé est incessant dans ses allées.

Le ciel s’assombrit. Pas sûr que je rejoindrai ma voiture avant l’orage. J’accélère, reprend le bord du canal de Manosque et c’est à quelques minutes de ma voiture que l’orage éclate. Ouf !

Une randonnée facile sur petites routes revêtues pour découvrir en avril le spectacle des champs de tulipes en fleurs, et le petit patrimoine lursien. Et si ce n’est pas la saison des tulipes, n’hésitez pas à visiter le village de Lurs à partir duquel plusieurs randonnées sont possibles.

Image de l’itinéraire 11km850, 2h50 déplaement (3h au total), 72 m dénivelée (+190, -190)
Télécharger la trace

1Pissais : peut-être de pissaire = qui pisse, à cause des petits canaux où l’eau coule en petites cascades
2Casse : désigne un éboulis rocheux dans les Alpes du Sud.

©copyright randomania.fr

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2 réflexions au sujet de « Les tulipes de la Brillanne, la glacière et Notre Dame des Anges à Lurs »

  1. Nicole bonjour.

    Je vais te proposer une autre explication pour le toponyme Casse.
    Dans le sens de pierrier, il s’emploie plutôt dans les hautes-Alpes.
    Ici dans les Basses-Alpes il peut s’agir d’une chasse (Voir les deux traductions proposées à Cassiho dans le TLF) mais je pencherai pour une casserie d’amandes.
    Amitié
    André

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