Ciel nuageux, risque de pluie + fatigue = balade courte et proche de chez moi. C’est ainsi que je me suis retrouvée dans les collines d’Eguilles. Je connaissais la partie du parcours jusqu’aux bories d’Eguilles.
avec le vent et à 3 jours
Partie du parking Georges Duby – celui de la poste était plein – je rejoins le chemin des Grappons en balcon sur la plaine de l’Arc. Je traverse la RD18, passe devant le stade : pendant un long moment, ce sera une route macadamisée bordée de belles villas ; progressivement on entre dans la pinède. Le chemin aboutit à la très vaste oliveraie du domaine de Saint- Martin, l’une des nombreuses dépendances de l’Abbaye St-Victor de Marseille, au XIe siècle.
La boucle pour découvrir les deux cabanes de pierre sèche, vaut le détour : elles sont restaurées et l’environnement a été nettoyé. L’une d’elle pouvait se fermer par une porte en bois. L’autre a un linteau monolithique et surtout, plus rare, une voûte en carène inversé se terminant par des pierres plates.
A l’endroit le plus proche de la voie Aurélienne, un sentier étroit et raviné grimpe à angle droit dans les bois : c’est la voie de transhumance des bergers de la Crau. [Les bergers] suivaient l’ancienne voie Aurélienne jusqu’à Eguilles. Une draille contournait Aix-en-Provence par le nord puis passait à travers bois, sur les flancs du Grand Sambuc, au nord de Saint-Marc et de Vauvenargues. Les troupeaux gagnaient ensuite Rians, Quinson, Riez, Puimoisson, Mezel, Digne, La Javie et Seyne. P. Arbos, La vie pastorale dans les Alpes françaises, Armand Colin, 1922.
En observant le cadastre napoléonien de 1825, la draille y figure encore avec ses petits rectangles de chaque côté représentant les bornes. On la suit vers l’ouest jusqu’à la frontière avec Lançon en passant au niveau de la bastide du Loup mais elle est interrompue désormais, notamment par la ligne TGV.
Les drailles étaient bornées de pierres plantées par couples, de part et d’autre, tous les quatre ou cinq cent mètres, des tas de pierres délimitant le tracé afin que les troupeaux puissent également les emprunter de nuit.
Ces routes étaient des voies publiques donc inaliénables. Elles étaient entretenues à l’aide des redevances versées aux communes par les capitalistes, les propriétaires des troupeaux arlésiens.Les chemins n’étaient en effet utilisés que deux mois par an, un mois à l’automne et un mois au printemps. Les riverains n’hésitaient pas, entre temps, à les empiéter. Cela donna lieu à de multiples affrontements, que des réglementations ponctuelles ne parvenaient pas à éviter. Les transhumants, lassés d’une lutte sans fin et sans résultat, abandonnèrent dans le courant du XIXe siècle ces routes traditionnelles pour emprunter celles de la vallée. P. Fabre, Hommes de la Crau, des coussouls aux alpages, Cheminements Ed., 1997.