Balcons de Caderaou


Rando avec Majo aujourd’hui. Nous partons pour Saint-Mitre les Remparts, au bord de l’étang de Berre qui a si mauvaise réputation, par un balisage jaune donc a priori sans difficulté. La FFR conseille de ne plus se garer sur le petit parking Gouin pourtant toujours signalé, mais sur celui de la plage de Massane juste à côté. Le Caderaou1 ou cadaraou est une colline qui culmine à 127m d’altitude sur le flanc de laquelle nous allons circuler.

Plages « istréennes » : Massane, par Flapcri ; cette cache est désactivée temporairement depuis le 29 janvier 2014

Plage de Patorgue : descendre sur la riveLe tracé balisé longe la plage ; à la seconde plage, nous descendons par un petit escalier sur le sable : un vieux panneau de bois du CG13 indique le chemin. Là, on dirait un classique sentier du littoral, tranquille et agréable avec son petit pont de bois et ses mini-dénivelés. Nous essayons d’identifier au nord la chaîne de montagne que nous voyons au loin : d’après la fiche, ce serait le mont Ventoux ; je l’admets, n’ayant pas trop le sens de l’orientation… mais je me soigne en ce moment avec la formation de François Jourjon, de randonner malin !

Le sentier du littoral de l'étangPanneau sur le sentier d'interprétationLe sentier serpente ainsi, montant et descendant, poursuivant tout droit vers un petit escarpement rocheux. Nous suivons un sentier pédagogique avec de vieux panneaux complètement délavés. Presque au sommet du plateau, les chemins sont nombreux et le balisage absent ou pas visible : nous nous contentons de maintenir la bonne direction, celle qui descend vers le rivage. Un beau mur de pierre sèche sur une cornicheUn sentier rocheux en escalierLes barres rocheuses parfois s’écroulent sous le travail de l’eau. En haut d’une corniche, un long mur de pierre sèche rappelle qu’autrefois la colline était occupée par de rudes travailleurs. Le chemin alterne à nouveau montées et descentes : nous dominons maintenant l’étang. Le sentier monte en escalier sur des paliers rocheux, traverse un étroit pont de bois, nous apprend que les feuilles de l’érable sycomore ressemblent à celles du platane et que le cèdre peut vivre plusieurs siècles.

Ruine de la LoubièreDans la descente, nous hésitons ; la lecture du topoguide nous laisse perplexes : nous prenons un chemin qui n’est peut-être pas le bon mais qui nous mène au bon endroit, à la ruine de la Loubière qui porte la trace du balisage. Sur la carte IGN, je relève deux allusions au loup : la loubière et la fontaine du loup, toponymes qui témoignent de l’existence ou de la peur du loup. Sur le site geneprovence d’ailleurs, même s’il ne rapporte pas d’histoire de loups dans ce coin, indéniablement les loups au xixè vivaient bien dans le coin (Aubagne, Aix, Pertuis,…) et n’attaquaient pas que les animaux…

Environnement karstiquenous avons encore raté le balisage. Laisse de moules, palourdes, myesLe chemin se rétrécit, entre dans un univers karstique creusé de petits abris sous roche, longe la barrière d’un enclos (enfin ce qui a dû être un enclos mais à l’abandon aujourd’hui) puis se perd au sommet d’une falaise : demi-tour ! à l’enclos, c’est à gauche qu’il faut tourner, Enfin nous approchons de la côte et là, ce qui nous frappe, c’est la quantité énorme de coquillages (des moules surtout) en plusieurs vagues parallèles, qui couvrent la plage. C’est la bonne heure et un endroit idéal pour pique-niquer. le plateau de Vitrolles, la chaîne de l'Etoile ?Nous nous installons face à l’étang. Deuxième exercice d’identification des montagnes en face de nous, donc à l’est : nous reconnaissons facilement le plateau de Vitrolles ; au delà, Majo pense à la Sainte-Victoire.

Au vu de la quantité de moules déposées sur le rivage, nous nous demandons si ces petites bêtes sont mortes naturellement ou à cause de la pollution. Les laisses de mer, constituées d’organismes morts depuis longtemps, sont amenés sur le rivage après un épisode de fort vent ; quelquefois en quantité anormale suite à un épisode d’anoxie… D’après le témoignage d’un ancien pêcheur, autour des années 1950, la vente de moules parfaitement saines, était lucrative. Aujourd’hui les pêcheurs récoltent des naissains de moules pour les mettre en élevage, preuve que la santé de l’étang s’est améliorée, mais elles doivent intégrer des parcs à moules pour y être purifiées.

Les coquillages de l’étang de Berre

Une asperge sauvage aurait-elle décidé d'attaquer Majo ?Après le pique-nique Majo m’initie à la cueillette d’asperges sauvages. Un indice ! une asperge qui a trop poussé dépasse la végétation environnante. Celle de la photo se penche au dessus de la tête de Majo : elle mesure plus d’un mètre de haut. Si la tête se coupe facilement avec les doigts c’est signe qu’elle sera tendre. Dés la mi-février, les versants sud, proches des côtes méditerranéennes voient apparaître les premières asperges sauvages. Fin mars c’est plutôt la fin de saison.

J’ai donc fait une omelette aux asperges (merci Majo qui les a lavées et étêtées).

  • 4 oeufs pour une poignée d’asperges sauvages
  • huile d’olive
  • sel, poivre, persil.
    Faire revenir les asperges dans une poêle avec de l’huile d’olive. Casser les œufs, saler, poivrer, ajoutez du persil haché et battre l’omelette. Une fois les pointes d’asperges dorées, faire cuire l’omelette et consommer chaud.

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Le château de Saint-Estève-Janson


Centrale hydro électrique de Saint-Estève-JansonVoilà une randonnée que j’ai ‘inventée’ pour mélanger histoire et nature ; non balisée, je me doutais qu’elle pourrait réserver quelques surprises. Mais ça valait la peine d’essayer. Je me suis garée à côté de l’usine hydroélectrique de Saint-Estève-Janson, deuxième aménagement hydroélectrique de la Basse-Durance qui utilise les eaux turbinées de Jouques par un canal de 27km. La porte du château au loinSentier barré pour les véhiculesLe canalJe remonte la route D561, tourne en direction de Tournebride en circulant parallèlement au canal de Marseille. Au loin, j’aperçois la tour du vieux château de Janson que je visiterai tout à l’heure. Je rencontre plusieurs fois des passages barrés par de grosses pierres équarries mais il n’y avait pas d’interdiction pour les piétons. J’ai donc continué bien qu’ayant quitté la route prévue : je vérifierai régulièrement le maintien de ma direction ; un balisage d’un vert fade est apparu une ou deux fois puis plus rien.

Ruines de l'ancien déversoir de PonserotLe sentier étant assez évident, j’ai continué ; plutôt étroit et mystérieux, il a longé pendant un certain temps les ruines de l’ancien déversoir1 de Poncerot du canal de Marseille : le canal d’introduction puis le canal de ceinture délimite un large bassin.

Le mur de l'ancien déversoir de PonserotAncien déversoir de Ponserot (photo site http://lecanaldemarseille.fr)Un déversoir d’une superficie de 32 m sur 25 m de long, recevait le trop plein des eaux de pluie amenées dans le vallon. la construction, en 1864, des canaux latéraux, la rive gauche, portant 81 vane(tte)s [petites vannes] de 0 m 40 de largeur, et l’autre, rive droite, 72 vane(tte)s du même modèle, permirent le nettoyage automatique du bassin par chasses d’eau, avec un débit de 500 litres secondes. Vers 1885 un accident grave vint interrompre le fonctionnement du bassin : la vase obstrua les orifices du tuyau de vidange ; aucun écoulement ne put se produire dans le bassin dégrossisseur ; la différence de niveau provoqua la rupture de ce mur qui n’était pas construit pour supporter une telle pression. Extrait de le canal de Marseille au fil de l’eau, Ponserot Sentier d'exploitationRuines de Ponserotfalaise rocheuse et grotteLe sentier se rétrécit, passe non loin de petites falaises, zigzague dans le fond d’un ruisseau à sec, s’en écarte, y revient, traverse d’anciennes terres agricoles par des chemins d’exploitation : un côté sauvage bien sympathique.

J’atteins enfin les ruines de Ponserot dont une énorme ferme. Je tombe à nouveau sur des installations bétonnées qui devaient appartenir au canal de Marseille mais dont j’ignore la fonction. Bassin de saint-ChristopheLa piste est maintenant large et rejoins le bassin de décantation de Saint-Christophe par un chemin en cours de débroussaillage qui sent bon le bois coupé. Pilier de l'ancien pont suspendu de CadenetJe traverse prudemment la route (que de circulation !) pour longer le bassin ; un groupe de touristes m’interpelle pour une photo de groupe. Je dois rejoindre le pont de Cadenet et ce ne sera pas facile de couper le flot de voitures plusieurs fois.

Le pilier de l’ancien pont suspendu (1838) est encore visible, l’un des nombreux ponts du genre construits sur la Durance. Pilier d'une propriété privée près du pont de CadenetLa Durance et ses isclesUn sentier de galetsAprès le pont, un sentier tourne à droite le long du canal ; une jolie propriété s’annonce par un pilier sculpté et daté. Je continue entre le  canal et la Durance qui se montre de temps en temps. Parfois le sol est limoneux, parfois couvert de galets, ceux qu’a laissé la Durance autrefois, à l’époque de ses crues dévastatrices. La piste plate est agréable et fleurie.

Le mur du châteauPuits aux abords du châteauQuand j’identifie le puits, je devine que je ne suis pas loin du château mais je préfère découvrir d’abord l’environnement en suivant au hasard d’étroites sentes ; l’une d’elle mène au bord de l’eau où s’est installé un pêcheur ; une autre mène à une falaise rocheuse que l’on ne s’attend pas à trouver ici. Je ne vois le château qu’une fois à 20m à peine, au travers des arbres : un long et haut mur de pierres porte la trace d’un ancien escalier de pierre, une tour ronde.Une pièce du château avec banc de pierre Je grimpe au niveau supérieur d’où je peux voir les différentes pièces du château. Lorsque les murs d’un château présente une assez forte épaisseur, on réserve des bancs en pierre dans les ébrasements, à l’intérieur des fenêtres : j’en devine un ici.

Entrée remaniéeLa porteSculpture ?Je me tourne alors vers le vestige de cette ‘tour‘ que je voyais au loin tout à l’heure. Je me pose pas mal de questions sur celle-ci, fortement remaniée. N’étant pas spécialiste des fortifications des portes au moyen-âge, je ne peux qu’émettre des hypothèses. Plusieurs indices m’ont d’abord fait penser à un système défensif de porte du moyen-âge avec pont-levis à flèche et à chaîne introduit en France durant la seconde moitié du XIVè : la grande hauteur de celle-ci, les saignées de chaque côté (pour recevoir la flèche2 ?), l’ouverture interne à l’intérieur du couloir (assommoir3 ?), pont levis a fleche et a chaine site flandre au lion l’ouverture externe (bretêche4 ?) mais d’autres indices l’ont contredit : les trous de boulins visibles à deux niveaux (construction à deux étages), des amorces de voûtes sur le côté droit qui devaient assurer la jonction avec le reste du château, des murs droits en avant de la ‘tour’ militent en faveur d’une pièce d’habitation avec cheminée à chaque étage ; et que dire des pierres différentes de celles du château qui font penser à une construction indépendante… qui ne figure pas sur le cadastre napoléonien ? Fortification des portes au moyen-âge, Jean Mesqui

C’est bob_13 qui m’a donné envie d’aller là-bas grâce à la cache qu’il a placée Le château de Saint-Estève Janson. Comme souvent quand je suis captivée, je n’ai plus pensé à chercher la cache mais comme je dois y retourner…

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Eguilles : balade dans les collines


Ciel nuageux, risque de pluie + fatigue = balade courte et proche de chez moi. C’est ainsi que je me suis retrouvée dans les collines d’Eguilles. Je connaissais la partie du parcours jusqu’aux bories d’Eguilles.

La météo à cet endroit
avec le vent et à 3 jours

Vue sur la ligne TGV au loin depuis la mairieChemin des GrapponsPartie du parking Georges Duby – celui de la poste était plein – je rejoins le chemin des Grappons en balcon sur la plaine de l’Arc. Je traverse la RD18, passe devant le stade : pendant un long moment, ce sera une route macadamisée bordée de belles villas ; progressivement on entre dans la pinède. Le chemin aboutit à la très vaste oliveraie du domaine de Saint- Martin, l’une des nombreuses dépendances de l’Abbaye St-Victor de Marseille, au XIe siècle.
Cabane en pierre sèche ou "borie"La couverture du toit vue de l'intérieurLa boucle pour découvrir les deux cabanes de pierre sèche, vaut le détour : elles sont restaurées et l’environnement a été nettoyé. L’une d’elle pouvait se fermer par une porte en bois. L’autre a un linteau monolithique et surtout, plus rare, une voûte en carène inversé se terminant par des pierres plates.

La voie de transhumanceBorne de transhumanceA l’endroit le plus proche de la voie Aurélienne, un sentier étroit et raviné grimpe à angle droit dans les bois : c’est la voie de transhumance des bergers de la Crau. [Les bergers] suivaient l’ancienne voie Aurélienne jusqu’à Eguilles. Une draille contournait Aix-en-Provence par le nord puis passait à travers bois, sur les flancs du Grand Sambuc, au nord de Saint-Marc et de Vauvenargues. Les troupeaux gagnaient ensuite Rians, Quinson, Riez, Puimoisson, Mezel, Digne, La Javie et Seyne. P. Arbos, La vie pastorale dans les Alpes françaises, Armand Colin, 1922.
Eguilles voie transhumance 1823En observant le cadastre napoléonien de 1825, la draille y figure encore avec ses petits rectangles de chaque côté représentant les bornes. On la suit vers l’ouest jusqu’à la frontière avec Lançon en passant au niveau de la bastide du Loup mais elle est interrompue désormais, notamment par la ligne TGV.

Les drailles étaient bornées de pierres plantées par couples, de part et d’autre, tous les quatre ou cinq cent mètres, des tas de pierres délimitant le tracé afin que les troupeaux puissent également les emprunter de nuit.
Ces routes étaient des voies publiques donc inaliénables. Elles étaient entretenues à l’aide des redevances versées aux communes par les capitalistes, les propriétaires des troupeaux arlésiens.Les chemins n’étaient en effet utilisés que deux mois par an, un mois à l’automne et un mois au printemps. Les riverains n’hésitaient pas, entre temps, à les empiéter. Cela donna lieu à de multiples affrontements, que des réglementations ponctuelles ne parvenaient pas à éviter. Les transhumants, lassés d’une lutte sans fin et sans résultat, abandonnèrent dans le courant du XIXe siècle ces routes traditionnelles pour emprunter celles de la vallée.
P. Fabre, Hommes de la Crau, des coussouls aux alpages, Cheminements Ed., 1997.

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