Rando découverte de Fox-Amphoux


Comment prononcer Fox-Amphoux1 sachant que les finales sont souvent sonores en Provence ? j’opte pour la même prononciation que Fos-sur-mer et Amphous conforme à l’origine du nom composé de deux villages distincts au Moyen Age : Castrum de Fossis et Castrum de Anfossis. Un habitant du coin pourrait-il me confirmer que le ‘x’ final se prononce ‘s’ ? un internaute undebaumugnes a bien voulu répondre à cette question (voir son commentaire en bas de page pour la justification) : pour Fox prononcez foks et pour Amphoux prononcez Amphou.

Le campanile vu depuis la tourpetit Bessillon, Mont Aurélien, Sainte-VictoireNous retrouvons le groupe à 10h pétantes ; le mistral déjà se fait sentir. Nous commençons par la recherche d’une cache dont j’ai laissé le plaisir de la trouvaille aux autres randonneurs. Du haut de la tour de l’ancienne prison, nous avons une vue élargie S-S.O. sur le petit Bessillon au premier plan, le mont Aurélien et plus à l’ouest encore Sainte-Victoire, isolée et dépassant fièrement tout un ensemble de montagnes qui n’ont que 600 m d’altitude !

La tour de Fox, Pouille

Un petit bout du micocoulier multi centenaire de la placeSur la place de l’église, ne ratez pas le micocoulier, arbre remarquable vieux de plus de 4 siècles et affichant 5 m de circonférence ! Originaire des régions tropicales, il se plait en Provence. Pour tenir aussi longtemps, il s’est construit des contreforts comme pour les églises. Petit aperçu de ses branches.

Sentier caladéOratoireNous entrons dans une forêt humide qui sent bon la mousse. Dès que nous avons emprunté le sentier caladé et rencontré notre premier oratoire,  j’ai su qu’il menait à une chapelle ; mais pas n’importe laquelle ! une chapelle rupestre Notre dame de Bon Secours, aménagée dans une grotte. Paul Courbon, spécialiste de ce type d’habitat, écrit dans ses chroniques souterraines Notre Dame de Bon Secours :

Chapelle Notre Dame de Bon SecoursL'autel et les ex-votos de la chapelle troglodytiqueUn mur maçonné et crépi barre l’entrée de la grotte. […] Un oculus excentré domine la porte. Le tout est encadré par un bel appareillage voûté plein-cintre en pierres de taille. L’un des plus anciens ex-voto de la chapelle est celui de Paul-François Jean Nicolas vicomte de Barras (1755-1829), la gloire du village ; en revenant des Iles Maldives au sud-ouest de l’Inde, il essuie une tempête épouvantable dont il réchappe.

ex-voto Barras site histoire-genealogieQue ce soit dans sa biographie ou dans l’Histoire des naufrages – tomes I à III, Jean Louis Hubert Simon Deperthes, Ledoux et Tenné, 1781, on ne trouve pas trace de ce naufrage ni de ce navire. Pourtant, d’après la tradition, dès son retour en 1783, il se serait rendu pieds nus au sanctuaire de Notre-Dame pour y déposer un ex-voto qui le représente en face de son navire l’Actif. Si l’on met en doute l’exactitude de ce naufrage au peut douter aussi de sa dévotion mais l’ex-voto, lui, a bien existé et a été volé (il n’en reste qu’une carte postale). Mystère…
Toute l’histoire sur le site Histoire-généalogie : Barras, l’ex-voto disparu.

Chapelle Notre Dame de Bon Secours, papounet83

Des processions y étaient organisées le 3 février pour la saint Blaise, et pour la Sainte-Agathe deux jours plus tard. Le 3, les garçons portaient l’effigie de Saint-Blaise et au bal du soir invitaient les filles ; le 5, ce sont les filles qui portaient l’effigie et prenaient l’initiative d’inviter les garçons au bal du soir. Ces deux saints sont d’ailleurs représentés dans l’église paroissiale. Var, D. Legenne, A. Acovitsioti-Hameau, P. Blanchet, T. Marmottans, J. Nicod, F. Auriac, Christine Bonneton, 2008

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Tête du marquis et vallon des Sepas


Contrairement à la plupart des randonneurs qui stationnent à Vauvenargues, ce n’est pas du côté de Sainte-Victoire que je pars mais côté opposé du côté de la Tête du Marquis : parcours moins connu mais qui offrira, je l’espère, de beaux points de vue sur la montagne mythique des Provençaux.

Le GR9Le château de VauvenarguesLe GR 9 grimpe à l’assaut du plateau et n’a rien de facile : passages rocheux, pas nécessitant un peu d’attention ; le château de Vauvenargues joue à cache cache entre les bosquets. Le tracé du GR ayant un peu changé à proximité du plateau, guettez bien les traces rouges et blanches.

Mur de pierre sècheAncienne charbonnièresortie du GR9 sur le plateau

Progressivement le couvert forestier se raréfie, les rochers parsèment le sol : nous arrivons sur le plateau après avoir croisé des vestiges d’activités d’autrefois : un mur de pierre, une ancienne charbonnière, des ruines de cabane.

Crête sous les nuagesAu carrefour de quatre pistes, celle qui mène à Saint-Marc, large et facile, traverse le plateau désert ; passant sous le mamelon de la Tête du Marquis, elle offre une vue moutonnée sur la Sainte-Victoire : crête et nuages se confondent ; Monolithe de pierre ?de curieux monolithes de pierre sont plantés dans les champs : délimitaient-ils autrefois des champs ? Le lac de Bimontles 4×4 des chasseurs stationnent près d’une fenêtre ouverte sur le lac de Bimont. Serai-je obligée de changer mon itinéraire pour éviter de me trouver dans un vallon dans lequel les chasseurs rabattent le sanglier ?

Les chasseursJe délaisse la longue piste du plateau pour prendre celle qui mène aux ruines du jas de la Keyrié, ruines que je ne trouverai pas. Une battue étant annoncée, je quitte la direction du Terme1 de Judas ; j’emprunte le vallon des Sepas, d’abord accueillant et clairement visible. Progressivement, il se rétrécit, dévoile quelques champignons : celui de la première photo ressemble à une amanite rougissante, conique avec des  squames blanches sur le chapeau. Bientôt le sentier titube sous Champignon conique à pelures blanchesun couvert végétal plus sombre, plus sauvage et plus inquiétant ; Champignonsles sangliers ont fouillé la terre à plusieurs endroits. Alors que je croyais les éviter, je commence à craindre de les rencontrer, dévalant le vallon à toute vitesse alors que je le monte à vitesse d’escargot.

J’accélère le pas, pressée d’en sortir : finalement, Sortie du vallon des Sepasje me trouve coincée dans les broussailles d’une forêt touffue où le bois mort craque sous mes pas et où les branches basses m’agressent ; plus de sentier ; j’avance et recule, change de direction plusieurs fois ; quelques mètres seulement me séparent d’une vraie piste ;  stress ; c’est mon GPS qui me sauvera grâce à l’itinéraire préparé avant de partir. Face à la trouée de la sortie providentielle du vallon, je m’assois pour reprendre mon souffle.

Sainte-Victoire et la Croix de ProvenceIl y a encore un sommet à passer à 625 m d’altitude ; sur l’autre versant, le sentier rejoint le carrefour de pistes : Saint-Marc – Venelles – Terme de Judas d’un côté / GR9 Jura Côte d’Azur – le petit Sambuc – Jouques de l’autre. Je redescends par le GR9 : quel contraste avec les pistes plates et linéaires du plateau de la Keyrié !

Une randonnée inédite au dénivelé cumulé assez important donc de difficulté moyenne ; mieux vaut ne pas la faire seul en hiver à moins d’aimer l’aventure !

teteMarquis_itineraireImage de l’itinéraire 14km100, 241m dénivelée (+ 827, -827), 4h45 déplacement (4h au total)

1Terme : borne limite de territoire ; ici, il s’agit du point limite des communes de Peyrolles, Vauvenargues et Venelles.
Le dieu romain Terme, de la famille des Faunes et des Sylvains, était le protecteur des bornes que l’on met dans les champs, et le vengeur des usurpations. Le dieu Terme fut d’abord représenté sous la figure d’une grosse pierre quadrangulaire ou d’une souche ; plus tard on lui donna une tête humaine placée sur une borne pyramidale ; mais il était toujours sans bras et sans pieds, afin, dit-on, qu’il ne pût changer de place. Extrait du dicoperso

Les sauts du Cabri à partir du Caïre de Sarrasin


Les sauts du Cabri : le point de vue du randonneur, c’est que c’est drôlement difficile de l’atteindre par les gorges du Carami à partir de Tourves. Des gorges profondes, de plus en plus étroites et encombrées de blocs rocheux. Le point de vue de l’ethnologue, c’est aujourd’hui que nous allons le découvrir en partant du plateau au-dessus des gorges. L’eau sera donc notre thématique. C’est Philippe Hameau de l’ASER Centre Var, qui nous guide.

La Caire de Sarrasin a son pendant sur l’autre rive du Carami : la Caire de Piourian, avec une ancienne mine de bauxite de chaque côté. Pourquoi l’IGN en a-t-elle fait un substantif féminin alors que la préfecture en fait un substantif masculin ? écrit « Caïré » sur le cadastre napoléonien, ce toponyme ne m’aide pas à en trouver l’origine. Mireille, qui prend des cours de provençal, et Laurence m’ont proposé « du côté de  » : du côté de Sarrasin et du côté de Piourian, et ça me convient bien. Jean Nicod affirme que cela désigne les lapiaz, fissures calcaires résultant de l’infiltration de l’eau.

Malgré l’exploitation de la bauxite et les travaux d’irrigation, l’environnement n’est guère urbanisé. Aller au Carami, c’est donc aller au delà de l’espace villageois […] pour pénétrer dans un autre contexte spatial […] très différent du premier et où les règles sont autres.

le plateau vu des bords du CaramiGous du casqueComme les jeunes du village, nous longeons la rivière en passant par les « gous »1 auxquels ils ont donné des noms : le gous bleu à la confluence du Petit Gaudin et du Carami, le gous du casque dominé par une petite falaise de 4m de haut dans lequel on aurait trouvé un casque militaire, allemand peut-être ; ici pas de trou à moins que l’on admette qu’il est constitué chaque été par la construction d’un barrage de galets et de branches.

Gous du mariageLe sentier continue ; les falaises s’élèvent sur les deux rives ; le Carami s’engouffre dans une vasque semi circulaire de 5m de diamètre. La coutume veut que l’on fasse ricocher un galet sur la surface de l’eau pour le faire entrer dans la fente du rocher. le nombre de ricochets indique le nombre d’années séparant le lanceur de son mariage ! c’est donc le gous du mariage.
Selon les géologues, quand la Sainte-Baume s’est soulevée, la pente de la rivière s’est accrue, sapant progressivement les parois et la voûte du tunnel.

Lancer un caillou dans un trou, vous l’avez sûrement déjà vu comme par exemple dans un oratoire. Durant les pélerinages à Notre Dame de Paracol, la coutume est de jeter un caillou dans la niche de chaque oratoire. Si l’on vise juste, on a des chances que les voeux soient exaucés… Chapelles de Provence, E.Bousquet-Duquesne, Editions Ouest-France, 2009

tête de tortue (photo A. Touvier)Une grande tortuePlus nous avançons plus les rochers de chaque côté s’élèvent et plus l’impression de chaos rocheux se renforce. Des figures fantastiques semblent surgir du Carami. Ici une grande tortue, là un visage humain. La progression devient plus difficile.

Cabris (photo A. Touvier)tombera, tombera pas ? photo A TouvierLe saut du Cabri est un endroit spectaculaire, où le Carami incise les calcaires du plateau. En levant la tête sur la crête rocheuse, on peut comprendre pourquoi il s’appelle ainsi : merci André d’avoir capté les sauts des cabris en haut des barres rocheuses.

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