Briançon : du parc de la Schappe au pont d’Asfeld par les gorges de la Durance


Le plan du parc de la schappeUne balade courte mais fort intéressante dans le parc de la Schappe, au départ de l’ancienne usine  du travail de la soie, dans le quartier Sainte-Catherine ; on nomme ‘schappe’ le produit que l’on obtient après travail des déchets de la soie, des cocons troués ou tachés. Au début du XIXè ce sont les détenus de la maison d’arrêt d’Embrun qui font le travail de peignage de la soie. La maison Mathieu est fondée d’abord à Saint-Véran puis à Briançon en 1842 pour se rapprocher des voies de communication. En 1847, les frères Chancel s’associent à l’entreprise. C’est une usine de peignage et non de filature ; elle déménage en 1863 dans le grand bâtiment à l’entrée du parc : 5 étages, 125m de long, jusqu’à 1400 ouvriers en 1870. Vers 1930, les pays fournisseurs traitent eux-même leurs déchets ; l’usine ferme en 1933. En souterrain, on trouve un canal de fuite et une conduite qui amène l’eau jusqu’à l’usine.

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Briançon ville d’art et d’histoire, document pdf 2010 par l’office du tourisme

L’industrie française des déchets de soie sur Persée

IMG_5771.JPGIMG_0596.jpgLe sentier de découverte passe un  peu en hauteur dans un sous-bois puis redescend le long de la Durance par plusieurs variantes. L’eau restituée par l’usine hydroélectrique de la Roche Percée (1920) était partiellement canalisée par un ouvrage à ciel ouvert, puis par une conduite et une galerie jusqu’à une chambre de mise en charge alimentant la petite centrale du Peignage. Une passe à poissons, rénovée en 1988, permet le transit de la faune aquatique.
La micro centrale de la Schappe

IMG_0611.jpgIMG_0616.jpgIMG_5783.JPGNous passons sous les installations du parc Grimp’in Forest très fréquenté. Quelques téméraires arrivent sur notre rive par une tyrolienne ; au delà du parc, progressivement, nous entrons dans les gorges de la Durance de plus en plus étroites et resserrées. Sur l’autre rive, des piquets métalliques régulièrement espacés dans la paroi rocheuse supportaient autrefois une passerelle qui traversait la Durance au niveau du pont. Une ancienne borne militaire matérialise encore la zone d’entrée dans le fort des Têtes.

IMG_0612.jpgNous sommes bientôt en vue du vieux pont d’Asfeld que nous avons vu d’en haut la veille, en parcourant le vieux Briançon. Il permet la liaison entre la ville et le Fort des Têtes. Nous essayons en vain de trouver un sentier qui nous ramènerait sur le pont mais cela nous semble impossible.

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En 1700 Vauban avait déjà pensé à un pont permettant de franchir les gorges de la Durance, dans son esprit cet ouvrage de communication devait être composé de deux arches.
Lorsque le projet fut entrepris trente ans plus tard (1730-1731), les ingénieurs en charge de sa construction décidèrent d’une arche unique de 55 mètres sous clef pour relier les 40 mètres séparant les deux rives.
Le rude hiver qui sévissait à cette époque obligea à une certaine diligence dans sa réalisation, toute la maçonnerie fut ainsi terminée en moins de quatre mois (Avril-Août 1730), malgré cette rapidité d’exécution aucun accident ne fut à déplorer durant toute la construction de cette oeuvre audacieuse.

Les enfants trouveront dans ce parc de quoi jouer dans l’aire de jeux ou dans les arbres ; des deux côtés de la rive de la Durance, vous pourrez découvrir les jardins botaniques ; les curieux glaneront quelques renseignements sur le patrimoine industriel préservé.

Voir le plan du parc au début de cette note : 2h A/R minimum

La chapelle Saint-André aux Orris de la Roquebrussanne


Ce circuit vers la chapelle Saint-André peut compléter le circuit des Orris à la Roquebrussanne. Nous partons du chemin des baumes et rejoignons sans difficulté le premier carrefour de chemin (PT1 de la fiche d’Elia’s). Pour rejoindre la source, c’est à droite, pour la chapelle c’est la montée devant vous.

IMG_6604.JPGUn peu plus loin sur la gauche, à peine visible, quelques marches de pierre partiellement écroulées précèdent un sentier étroit qui s’enfonce vers un ancien hameau en ruines. Si vous ne le savez pas, vous ne les verrez pas. Nous passons à côté de quelques arbousiers. En novembre, les fruits de l’arbousier sont bien rouges et mûrs ; après en avoir dégusté quelques uns à la peau dure, je tombe sur un fruit doux et tendre sous la peau granuleuse. C’est un des rares fruits à mûrir en hiver, alors, profitez-en !

IMG_6625.JPGLe sentier sinue et se perd sous les broussailles. Quelques marches d’escalier aménagées en pleine forêt, sont bizarrement matérialisées par des branches de bois ou des pitons métalliques. C’est donc un itinéraire qui fut largement emprunté par de nombreux pélerins pour se rendre sur ce lieu de culte déserté.

IMG_6608.JPGIMG_6616.JPG IMG_6610.JPGL’arrivée face à la chapelle Saint-André nous met en face d’un trou béant  : plus de porte, juste une haute et large arche de pierres délabrées, des murs intérieurs couverts de mousse et percés, des bancs de bois posés sur des pierres. Par contraste, de nombreux objets religieux et sans valeur selon le panneau à l’entrée, trônent dans la chapelle : un autel, un crucifix, des représentations religieuses, quelques bougies et chandeliers, une statuette, etc. Nul doute que certains villageois continuent à y venir et honorer saint-André.

IMG_0562.jpgphoto aérienne motte castrale des BaumesNous montons maintenant par un sentier raide et glissant au-dessus des rochers proches de la chapelle, là où se trouve la cache les orris médiévaux. Ti’Mars… grimpe près des ruines d’une ancienne tour de gué appartenant sans doute à la motte castrale1 des Baumes. Selon La Roque-Brussanne (Var) Notice historiqueJ.E. BrémondRobert Reboul, Latil, Draguignan, 1874, écrit en 1787, cette tour était alors de facture récente : elle doit donc dater du début ou de la moitié du XVIIIè siècle.

IMG_6659.JPGAu retour, nous passons devant le jardin d’Elie Alexis, ‘jardin sans eau’ dont nous avons entendu parler grâce au geocaching. Il est fermé mais une personne de l’association du jardin d’Elie qui s’en occupe depuis la mort de son propriétaire, est en train de soigner des oliviers malades parce que mal taillés les années précédentes. Je lui explique que nous venons de loin ; elle accepte de nous laisser visiter le jardin après nous avoir donné quelques explications sur Elie, son créateur, qui n’avait ni eau courante (mais il savait récupérer l’eau de pluie dans des réservoirs) ni électricité.

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IMG_0637.jpgIMG_0620.jpgPlusieurs espaces ont été aménagés : les cistes qui nous accueillent dès l’entrée, la rocaille, la rocaille exotique, les oliviers et figuiers, le verger dans les restanques qui suffisait à nourrir Elie toute l’année, la serre et ses nombreux cactus, les noisetiers, les plantes tinctoriales. Dans le jardin aromatique, nous pourrons même voir de près le crocus sativus. La fleur comporte 6 pétales violets, trois étamines jaune d’or et un pistil rouge. C’est ce fameux pistil composé de trois stigmates (filaments) qui, une fois séché, donne l’épice safran. Il faut 150 000 fleurs de crocus sativus pour  un kilo de stigmates frais.
Une bien agréable promenade dépaysante dans un jardin remarquable. A revoir en d’autres saisons.
Attention aux horaires d’ouverture en hiver : du 01 Novembre au 28 Février de 14 h à 17 h, fermeture hebdomadaire le Lundi
Téléphone 04.94.86.90.28contact@lejardindelie.fr
le site de l’association Le jardin d’Elie, avec toutes les informations utiles

Image de l’itinéraire chapelle Saint-André depuis le chemin des Baumes 2km200, 1h30 avec visite et recherche de la cache, 131m dénivelée

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1La motte castrale est un ouvrage de défense médiéval ancien, composé d’un rehaussement important de terre rapportée de forme circulaire, la motte. Un fortin de bois y était aménagé avec une tour de guet analogue à un donjon.

La bergerie troglodytique de Cabrone et les aiguiers du Jas des Pins


Nous aurions pu ajouter cette variante à notre randonnée de la veille au départ des Grands Cléments mais cela nous a semblé trop long pour une randonnée en hiver. La plupart des circuits proposés sur internet incluent cette visite dans une boucle longue et parfois difficile. J’ai donc repéré un sentier en pointillé sur la carte IGN qui mène très rapidement à la bergerie de la Combe de Coste Brune et au Jas des Pins. Attention ! zone réglementée dans les monts de Vaucluse, voir l’article sur randonnée et interdiction de circuler 2010

la météo aujourd’hui et à 3 jours à cet endroit :
avec la direction du vent et la température ressentie

IMG_6843.JPGParvenus sur place, nous constatons qu’il n’y a pas de parking, pas de balisage mais le sentier en sous-bois est visible. Progressivement, il se rétrécit, envahi par la végétation ; au bout de 15mn, il a disparu. Heureusement, ayant préparé la randonnée sur mon GPS, je parviens à repérer la direction à prendre. Nous retrouvons bientôt un semblant de sentier. Inquiets cependant, nous continuons dans une végétation dense. Finalement, presque surpris, nous parvenons sur une piste forestière plus large d’où nous apercevons un bâtiment de pierre.

IMG_6791.JPGBien qu’ayant déjà lu le chapitre correspondant du livre 25 balades sur les chemins de la pierre sèche, Florence Dominiquele bec en l’air, 2009, nous ne cachons pas notre étonnement.

Cabrone, pour qui la découvre, est une sorte de miracle, comme une oasis dans le désert. […] De nombreuses traces de reprises de maçonnerie et modifications de percements montrent que cette remarquable construction est le fruit d’un aménagement progressif et d’adaptation fonctionnelles (A.Y. Dautier)

Plusieurs baumes abritent un véritable ensemble troglodytique construit en pierres contre le rocher : c’est la bergerie de Cabrone. IMG_6826.JPGDes signes évidents de vie montrent que le lieu est habité. Nous n’osons pas pénétrer dans les deux premières pièces (qui seraient des étables) devant laquelle un sac est posé. Nous ouvrons la bergerie séparée naturellement du logis par le rocher  : on y voit un mur de pierre intérieur, une ouverture donnant sur l’écurie attenante, des sacs de graines et quelques outils.

IMG_6811.JPGIMG_6821.JPGUn chat s’approche de nous et se laisse carresser :  il se rend ensuite à l’abreuvoir monolithe. En y regardant de plus près, un système sophistiqué d’impluvium1 récupère l’eau de pluie depuis la falaise calcaire en surplomb au dessus des baumes. Des rigoles ont été creusées, remplissent un large aiguier de forme rectangulaire d’où l’eau s’écoule encore jusque dans une cavité naturelle fermée par un mur maçonné bien protégé. L’eau ne s’écoulait donc pas dans les bâtiments et son stockage permettait aux habitants de vivre en autarcie un certain temps : nous sommes presque à 800m d’altitude.
Face à l’habitation à laquelle on accède par un escalier de pierre sèche, a été construit un cabanon couvert de tuiles, transformé en poste à feu comme en témoigne une embrasure de tir ménagée sur la façade nord. De gros éboulis dans le jardin achèvent l’harmonie entre le naturel et le construit.
A.Y. Dautier, Trous de mémoire – troglodytes du Lubéron et du plateau de Vaucluse, les Alpes de Lumière, 1999

IMG_6801.JPGIMG_6803.JPGIMG_6810.JPGAPT_192.jpgAPT_213.jpg

IMG_6831.JPGNous poursuivons vers le Jas des Pins. Le chat nous suit pendant quelque temps, passe devant nous, se cache dans les buissons, vient quémander de nouvelles caresses. Nous découvrons l’aiguier à ciel ouvert dans la dalle rocheuse où l’eau est récupérée par des rigoles pour qu’elle ne soit pas  perdue dans les réseaux karstiques du sous-sol. Comme à Auribeau, une petite auge est creusée dans la pierre à côté de l’aiguier pour le bétail. A l’intérieur d’une des extrémités, un bloc rocheux a été partiellement détaché :  les habitants du jas auraient-ils prévu d’agrandir l’aiguier par extraction de ce bloc ?  IMG_6839.JPGAPT_235.jpgL’éparpillement de l’habitat a été la cause de la multiplication des aiguiers dans cette région. Nous cherchons le jas en ruine qui devait être assez important avec un étage et plusieurs pièces. Il ne reste que des ruines et un semblant de jardin entouré d’un muret de pierres.

IMG_6829.JPGLa boucle du retour n’a qu’un seul intérêt : le point de vue sur le Luberon que vous aurez de toutes façons depuis l’aiguier. De plus, le risque de se perdre n’est pas nul car le sentier ne suit pas celui de la carte. Je vous suggère donc un simple aller-retour pour une petite balade qui intéressera petits et grands. Vous pourrez la compléter par celle de la chapelle bien cachée située au fond de la combe de Saint-Pierre.

La bergerie de Cabrone et l’aiguier du Jas des Pins 1h15 dépl., 3km640, 95m dénivelée (départ dans le virage en épingle à cheveux sur D34 : N43.95941 E005.45175, direction Lagarde d’Apt)

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1Impluvium : système de récupération des eaux de ruissellement tel que plan de roche dénudé et creusé de rigoles de collecte, ou toiture collectrice concave avec lauses inclinées convergeant en direction du trou de collecte