La tour des Opies


Départ du village d’Aureille le long du cimetière. Au début du parcours, les ruines d’un château du 12èsiècle dominent le village. Un guide me voyant seule, entre en conversation et se propose de m’accompagner jusqu’à la tour des Opies1 (498m). De son discours, je retiens qu’il y a une variante possible au départ de la tour des Opies, point culminant de la chaîne des Alpilles.

La météo à cet endroit
avec prévisions à 3 jours

Douce violence de la tour des Opies, Paul Teisseire, conseil général 13

Le sentier s’enfonce doucement dans le massif par les Tardières. Je suis surprise par la végétation le long du sentier : touffue, haute, et pleine d’oiseaux. Mon guide s’arrête devant une ancienne charbonnière dont il ne reste qu’une coque rouillée et un conduit de fumée. Cette activité connut son essor aux XVIIIè et XIXè siècles.

le colParvenu au col, un groupe de randonneurs s’arrête pour la photo de groupe. Virage à droite en direction de la Tour des Opies : le sentier escarpé devient difficile avec des passages où il faut mettre les mains. Deux couples d’aigles de Bonelli nichent dans la falaise mais ce n’est pas la bonne période pour les observer. La montée dans le pierrier est pénible, avec une forte pente, et tout le monde s’en plaint. Plus rien de comparable avec le sentier du début. Depuis le cairn au sommet des plis, il reste quelques dizaines de mètres à monter : encore plus difficiles, d’autant que les ronds peints sur les rochers sont à peine visibles. Enfin, je suis au sommet de la tour.

Denis&Raphael, par Denis Raphaël et Jean-Claude

C’est un ancien observatoire construit pendant la 2ème guerre mondiale, qui a été utilisé après-guerre pour la surveillance des feux ; une ancienne ligne téléphonique reliait la tour au village d’Aureille ; des gardiens s’y relayaient chaque semaine. Elle a été abandonnée dans les années 1960 en raison des difficultés d’accès. Aucune construction à l’intérieur du massif, à l’exception de cette tour. Extrait de Diagnostic paysager du massif des opies, Laelien Delort, agence publique du massif des opies, 2005, Maussane


Vue sur la géologie tourmentée des Civadières

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** Le Haut Montsalier, village abandonné


Les villages abandonnés m’attirent, je ne sais trop pourquoi. Quand certains ne retiennent que la beauté du point de vue dominant, quand d’autres cherchent des trésors oubliés par les habitants exilés ou volent même les croix dans le cimetière, moi, je me complais à faire un retour arrière. J’imagine la vie rude d’autrefois à transporter les marchandises avec un âne, à cultiver puis battre le blé ; j’admire le courage de nos ancêtres souvent obligés de travailler dur, juste pour se nourrir. Le livre de Florence Dominique, par ses informations historiques, m’y aide bien d’ailleurs. 25 balades sur les chemins de la pierre sèche, Florence Dominique, Le bec en l’air, 2010

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Avec le vent et la température ressentie

IMG_0143.JPGNous partons du Plan de Montsalier, où les habitants se sont installés après avoir quitté les hauteurs au début du XXè siècle. Montée régulière dans un sous-bois de chênes. Nous longeons des murs de soutènement faits de grosses pierres arrondies bien disposées. Sous la falaise, les vestiges de murs délimitant l’enceinte du village précèdent le carrefour de chemins de Montsalier à Banon, Redortiers, Revest.

IMG_0145.JPGIMG_0147.JPGDeux des anciens moulins à vent sont des tours rondes – et on comprend mieux un jour de mistral pourquoi il y en avait trois ici ; je suppose que les habitants des villages voisins devaient y amener leurs grains. Le plus éloigné du village, près de la propriété habitée, est déjà plus sophistiquée. En 1829, sur le cadastre napoléonien, deux moulins (le meunier est COMBE Louis, 60 ans) sont signalés le long du chemin des pierres, preuve de l’importance des cultures céréalières. Le linteau de l’un d’eux, lorsqu’il était encore en place, portait la date de 1591. Ils fonctionnaient encore en 1860. Mais le plus ancien existait avant cette date puisque l’abbé Corriol écrit que Vincent Eyroux « le vieulx », marchand de Simiane, le 15 février 1578, achète un moulin à  vent à Montsalier.

IMG_0153.JPGNous prenons au nord le chemin de Redortiers. Champ de pierres ou champ cultivé ?  les feuilles et tiges vert foncé de cette plante sont couvertes d’un léger duvet blanc, et poussent à ras du sol, entre les pierres : serait-ce le concombre d’âne connu sous le nom scientifique d’ecbalie élatère ?

IMG_0155.JPGIMG_0161.JPGAvant le champ en friche, nous cherchons la grande bergerie à trois coupoles bien cachée dans le sous-bois. Chacune des coupoles est montée sur arcs diaphragmes comme celles de la montagne de Lure. Deux enclos, un devant, un derrière, la ceinturent. Quel dommage qu’elle ne soit pas réparée ! sous peu la voûte va s’écrouler.

IMG_0172.JPGIMG_0166.JPGDevant la cabane insérée dans le clapier, nous tombons en admiration sur l’épierrement en tous lieux réalisé par nos ancêtres. D’ailleurs, ici les flancs de collines, les cabanes, les murs, les maisons, les marches, les sols, ne sont que pierres ! au milieu d’un champ, de loin, une élégante cabane de pierres sèches nous invite à la pause : jardin clos, cabane fort joliment assemblée, rustique maison de campagne.

IMG_0174.JPGIMG_0184.JPGNous montons jusqu’au vieux Montsalier perché à plus de 910m d’altitude, par une large voie caladée faite pour le pas des ânes plutôt que pour celui des hommes. Points de vue sur les moulins et la montagne de Lure en toile de fond. L’église Saint-Pierre  est le seul monument restauré au milieu de ruines : hauts pans de murs, vestiges de caves voûtées réservées au bétail : sentiment contradictoire, comme si on voulait maintenir la vie à côté de la mort. Sur la place, la croix de mission rappelle l’époque où l’on tentait de restaurer la foi religieuse dans les villages.

IMG_0185.JPGL’abside est percée d’une fenêtre typique du XIè en meurtrière avec un tout petit linteau échancré. L’église parait curieusement obscure mais il est possible qu’il y ait eu une fenêtre ou deux, dans le mur sud, avant la construction d’un appentis. La Haute-Provence monumentale et artistique, Raymond Collier, Digne, 1986

IMG_0179.JPGExposées au vent, les grandes aires de battage en belvédère au dessus du vallon de la Royère, sont revêtues d’un pavage en calade soigneusement appareillé avec des raidisseurs2. Les aires caladées, c’est-à-dire pavées de pierres, étaient plus coûteuses, mais dégageaient moins de poussière et demandaient moins d’entretien. Les raidisseurs assuraient la cohérence de l’ensemble et sa stabilité. IMG_0182.JPGLes gerbes de blé, disposées verticalement en épis serrés, y étaient séchées au soleil. Les chevaux, guidés par un pautrier3, piétinaient le blé sec de façon circulaire. Puis les hommes frappaient les épis au fléau pour en faire tomber le grain. Tout le système de murs de passage et délimitations a été restauré par l’APARE en 2007 et 2008. Voir cartes postales anciennes et illustrations d’une aire de battage sur le site cugistoria.fr

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Sentier des plaideurs, crête par le GR9, pic des Mouches, col des Portes


IMG_9791.jpgA la montée, le sentier des plaideurs balisé de vert était pratiqué au XVIIIè par des villageois se rendant chez le juge de paix de Vauvenargues depuis Puyloubier. Parcours agréable, le plus souvent protégé des rayons du soleil mais assez fatigant, avec des descentes et montées successives et quelques passages T2 (ressauts rocheux faciles et exposés demandant un minimum d’attention). La descente plus courte et rapide balisé de rouge part du pic des Mouches, point culminant de la che, et rejoint le col des Portes. Entre les deux, un passage en crête difficile et non surveillé. La dénivelée est assez importante puisqu’on part à 400m d’altitude pour arriver sur la crête à 1100m mais le circuit offre de multiples et ioses points de vue sur la Ste-Victoire.

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IMG_9794.jpgIMG_9798.jpgAssez rapidement, un coup de fusil retentit. Est-ce déjà l’ouverture de la chasse ? deux autres coups suivent ; je regrette de ne pas avoir choisi une tenue colorée : certs enfilent même le gilet jaune obligatoire qui se trouve dans leur voiture.
Vingt minutes après le passage dans le ruisseau de l’Infernet, commence véritablement l’ascension de la Ste-Victoire : Col de Subéroqueaprès quelques passages escarpés, parvenue sur une zone de rochers dégagée, je perds le balisage vert. Heureusement, un autre randonneur habitué du parcours vient à mon secours et me guide du haut d’un rocher surplombant. J’atteins le col de Subéroque à 932m d’altitude.

IMG_9800.jpgBrèche de GentyDirection le col de Vauvenargues ; le parcours s’éloigne de la crête, face nord. Après la brèche de Genty et sa curieuse pyramide de pierre, je passe le col de St-Ser ; je descends nettement sous la crête avec plusieurs passages d’escalade dont deux avec ches. Encombrée par mes bâtons de randonnée qui m’avaient bien aidée jusque là, je ne sais comment les accrocher au sac à dos. Col de St-SerPassage avec cheJe m’adresse à un randonneur étranger qui vient d’arriver sur les lieux ; il ne comprend rien, s’installe confortablement pour un moment de repos et je dois donc me débrouiller seule. Après 5 bonnes minutes, après avoir repéré où je poserai les pieds, je descends au bas des rochers. Le parcours continue lentement : les marques sont peu visibles, les cairns rares et les franchissements rocheux assez pénibles. Plusieurs fois, je ferai demi-tour pour repérer les marques du GR (blanc-rouge) parfois plus visibles dans l’autre sens.
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