Névache, vallée de la Clarée


Névache (350 habitants), 45° latitude nord (à égale distance du pôle Nord et de l’équateur terrestre), et la Clarée classée Site naturel et au titre du patrimoine architectural et paysager (soumis au dispositif Natura 2000 depuis 2010) : la journée que nous attendions avec impatience. Comme la navette d’été n’est pas encore en place, nous pouvons stationner sur le parking à l’entrée de la Ville-Haute. Nous commençons par l’office du tourisme, près de la fontaine datée des années 1760. Le programme du jour sera la cascade du Débaret, cascade étoilée sur la carte IGN.

Les vallées de la Clarée, unités de paysage des Hautes-Alpes, site atlas05 (2014)

La météo ce jour à nevache/05 :
Avec le vent et la température ressentie

Le cadran solaire de l’ancienne école (aujourd’hui magasin de sport), dessiné par Évelyne et Norbert Peyrot en 1991, entouré de lettres colorées de l’alphabet ; chaque pièce du puzzle central a été coloriée par un enfant ; il indique 9:20 h au cadran. Est-il à l’heure solaire ? (voir le panneau explicatif sur place)

Petit calcul pour retrouver l’heure légale de la photo soit 10:50 : heure solaire +2h (heure d’été) – 0:26h correspondant à la latitude du lieu ; l’équation du temps le 19 juillet est de -0:06. L’heure légale est donc 9:20+2:00-0:26-0:06 soit 10:48. Bonne précision compte tenu que j’ai lu une heure approximative.

Le long de la route D994g, un deuxième cadran solaire monochrome sur une habitation La bélière1 (1885) paraphé des initiales de l’artiste (SC, LC), est entouré d’un large trait noir de charbon. Photographié à la même heure que le précédent, son ombre indique plutôt 10:30 : il ne donne donc plus l’heure exacte, son stylet a dû bouger. La moitié des cadrans solaires se trouve dans des lieux privés. La couverture du livre Cadrans du soleil, P. Ricou, J.-M. Homet, Editions Jeanne Laffitte, 1984 représente justement celui-là.

Insolite ‘Rue de là-bas devant’ ; il est vrai qu’en montagne les prépositions de lieu devant, derrière, haut, bas (Ville haute, ville basse) donnent une indication sur la localisation des lieu-dits. Mais cette vague indication n’était compréhensible que si la rue ne menait qu’à un lieu unique. Peu avant l’église, une fontaine creusée dans un tronc d’arbre, délivre une eau bien claire.

Le portail de vantaux de bois sculptés en pin cembro de 1498 de l’église saint-Marcellin (premier évêque d’Embrun) est ouvert. Au dessus une fresque peinte de l’Annonciation (XVe). Dans le chœur, le retable baroque en mélèze doré comporte quinze statues et trente figurines en bas-relief. COVID oblige, un siège sur deux est réservé à l’ange gardien…

De style architectural ‘roman-lombard’ emprunté aux techniques et styles décoratifs réputés italiens et provençaux typique du Briançonnais. Sous ce clocher, fut d’abord aménagé une prison qui servit ensuite d’entrepôt des archives sous la Révolution. La face sud du clocher surplombant le cimetière est décorée d’un cadran solaire du XIXe réalisé par le célèbre cadranier Giovani Francesco Zarbula originaire de la vallée de Bardonnéche.  Clarée Tourisme

Notre randonnée débute sur le GR57 – Tour du Mont Thabor – après le pont de l’Outre au tablier de bois rafistolé ; sur la droite, une mini chapelle rurale Notre Dame de l’Outre (?), comme il en existe tant dans les Hautes-Alpes ; nous allons longer la Clarée et monter progressivement, guettant les cascades à travers les arbres grâce au fracas de leurs eaux tumultueuses. Au travers d’une trouée sur les champs, nous pouvons compter le nombre de clapiers, constitués de pierres issues de l’épierrage des champs, destinés à retarder l’érosion des terres. Les épilobes fleuris sont partout. A 300 m de la cascade, après 60 m de dénivelée, un ruban barre le passage et un arrêté municipal du 29/05/2020 nous informe : sentier fermé à cause d’importants éboulements au niveau du verrou2 de Lacou que saute la cascade. Pourquoi n’avoir pas mis cet arrêté au pont de l’Outre ? Ceux qui nous suivent renoncent, nous aussi.  Il faut donc redescendre et traverser la Clarée sur la passerelle de bois. Pas de cascade du Débaret3.

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Gardanne du nord au sud, de Cativel au canal de Gardanne


Parking de la gare de Gardanne, en plein travaux bruyants depuis plusieurs mois déjà. Derrière le parking, un enchevêtrement d’installations chimiques et métallurgiques où arrive chaque jour un train de bauxite de Guinée via le port de Marseille.

De ce minerai rouge riche en fer, Alteo extrait l’oxyde d’aluminium, qu’il transforme en alumines de spécialité.  Actif depuis 1894, le site fut le premier au monde à industrialiser le procédé Bayer de séparation de l’alumine dans de la soude. L’usine nouvelle, 29/11/2019

L’album partagé

Julien m’ayant parlé du moulin de Cativel1 que nous avions aperçu de loin lors de notre balade Entre monde moderne et paysage rural, j’ai eu envie d’aller sur place. Les trois moulins se trouvent perchés sur la colline et je peux vous assurer que ça monte raide. Celui à l’avant-plan qui a été restauré, porte la date de 1567 ; mais l’un des trois moulins est probablement antérieur puisque sur un ancien cadastre (1478) un moulin porte déjà le nom de Cativel1.
De là, je mesure l’importance de l’usine, rouge de la bauxite, à côté de la gare.

La porte des deux autres moulins est bouchée. Sur le toit du second, une croix métallique a été plantée, réplique de celle en haut de Sainte-Victoire (1875). Les deux croix sont l’oeuvre de l’abbé Meissonnier (1894). Merci André pour l’information.

Sur le cadastre napoléonien (1834) le moulin de la section E ville, le premier rencontré, est joliment représenté avec ses ailes et ses vergues ; le dernier moulin de la section A2 Nord est représenté schématiquement avec une paire d’ailes : on peut donc supposer que ces deux là étaient encore en fonctionnement. L’état de section nous apprend que la contenance du premier – Gérard Rémy percepteur propriétaire – serait inférieure à celle des deux autres, ce qui ne correspond pas à la réalité du terrain… Le second appartient aux héritiers d’Augustin Bourrely mais n’a plus ses ailes ; le dernier, qui appartenait à un ancien meunier Pierre Giraud, a été racheté par la commune au début du XIXe.

Comme le faisait remarquer André, sur beaucoup de buttes, ce sont trois moulins qui sont construits : Aix-en-Provence, Allauch, Lambesc, dans les Bouches-du-Rhône, Valbonne (06), la Porte Saint-Martin (75), Saint-Félix-Lauragais (31), Menen (Belgique), etc. Pourquoi trois ?

[…] les moulins constituent un lieu stratégique, de pouvoir. C’est d’ailleurs ce que comprennent rapidement, sous l’Ancien Régime, les seigneurs locaux. Les moulins deviennent, au même titre que les fours ou les pressoirs, une des banalités que lesdits seigneurs entretiennent et dont l’utilisation, obligatoire, est soumise au paiement d’une redevance. Le pouvoir, c’est bien sûr celui de la production de farine, et de son contrôle. D’après La silhouette des moulins au fil de l’histoire

Une étude de la répartition des moulins en France au XIXeDivisions géographiques de la France indiquées par une analyse des moulins en 1809, Claude Rivals, Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest. Sud-Ouest Européen Année 1984 – souligne l’importance de la pénétration des vents ou sa situation le long des fleuves ; même en 1809, le moulin à vent n’a qu’une ou deux paires de meules : faut-il les multiplier pour nourrir la population croissante ? dans les Bouches-du-Rhône il ne représente que 40% des moulins.

La population augmentant, les meuniers réfléchissent au milieu du XVIIIe siècle aux moyens qui permettraient d’augmenter leur productivité. […] Puis la première moitié du XIXe siècle verra les moulins gagner en puissance, notamment grâce à l’arrivée des premiers moteurs, fruits de la révolution industrielle en marche. […] En suivra la fermeture de milliers de petits moulins et un fort mouvement de concentration tout au long du XXe siècle.
D’après La silhouette des moulins au fil de l’histoire

L’église du XIIIe s’y trouvait autrefois autour d’une trentaine de maisons.

Au pied de la colline, ce qui reste du château médiéval. Je descends la montée du castrum en escalier puis guette le balisage du GR2013, un sentier métropolitain entre ville et nature.

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Les collines de Charleval, version du topo-guide


Première découverte des collines de Charleval en 2014, deuxième visite en 2020, en suivant la version officielle du topoguide Les Bouches-du-Rhône à pied, FFR, balisé de jaune. Le début du parcours diffère : à partir du point 31, ce sera le même itinéraire. Je ne signalerai que les quelques modifications rencontrées par rapport à 2014.
Pas de GPS ! avec Claude, nous allons suivre le topoguide uniquement avec la carte jointe et le descriptif, un véritable défi au cours duquel nous avons mesuré la difficulté pour les bénévoles de baliser et pour les auteurs de décrire : mieux vaut ne pas être seul !

La météo ce jour à /charleval/133 :
Avec le vent et la température ressentie

Dès le parking (point 1), nous nous sommes posé des questions : c’est bien en passant derrière le panneau d’information qu’il faut démarrer. Après le premier pont sur le canal, nous prenons la piste qui monte en face de nous ; elle se rétrécit peu à peu. Dès que l’espace est dégagé, n’hésitez pas à vous retourner pour voir Charleval et son château (point 2). César de Cadenet le construira une fois que tous les cultivateurs volontaires pour créer le village, auront construit leur propre habitation.

Quand on est au sommet, il suffit de redescendre côté gauche, de toutes façons impossible de faire autrement. Nous coupons la D6 (point 3) et retrouvons bientôt l’abri bien aménagé pour accueillir les randonneurs le temps d’un pique-nique (point 4), suivi d’une ruine un peu plus loin ; la plaque en hommage à Eric de la part des randonneurs des A.I.L. de Charleval y est toujours. Mais que fait une telle habitation dans un endroit désert aussi éloigné du centre de vie ? Il ne l’était pas autrefois (cadastre napoléonien 1830 section encart A de B3B). Un hameau rural composé de plusieurs maisons, une aire à battre, un four en ruine en 1830, trois écuries, le tout entouré de terres cultivables, appartenait au marquis Jessé de Charleval, soit en totalité, soit en indivision avec la famille Vert. Pas de trace de bergerie mais plutôt d’une ferme où l’on cultivait le blé et un peu de vigne. Les chevaux servaient probablement au labour. Les deux bornes récentes au sol semblent bien délimiter la frontière est du hameau de Mont-Trésor.

Nous passons devant un ancien puits derrière lequel trône une citerne en béton. Après le passage en vallon (point 5) où nous ne voyons plus les traces de l’incendie, vont débuter les nombreuses montées et descentes dans un environnement vallonné ; le passage en crête est balisé de rouge (point 6). On se sent bien isolé : personne en vue, que des forêts, des sentiers perdus, des passages rocheux à emprunter avec prudence mais pas de difficulté de repérage si l’on suit les marques rouges. C’est enfermé quelque part entre ces collines rocheuses que nous avons pris notre pique-nique.

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