Rocher Mistral, la Barben


Le parc Rocher Mistral ouvert le 1er juillet 2021, conte quelques épisodes de l’histoire de la Provence ; pas de grands spectacles comme au Puy du Fou mais plutôt une immersion de 15 à 25 mn dans un environnement d’époque reconstitué, avec des trucages vidéo, quelques personnages en chair et en os qui déambulent sous vos yeux. Pas de scènes qui font peur mais elles se déroulent dans le noir avec un faible éclairage.
Le château qui a bénéficié d’importants travaux de restauration, ne se visite pas mais en nous rendant aux spectacles, nous voyons ce qui fait sa grandeur : la porte, la terrasse et son double escalier, quelques tableaux au mur. Des panneaux d’information explicatifs.
Au bout du marché provençal où se vendent des produits d’origine (comme le « vrai » savon de Marseille) mais à vocation commerciale, deux scènes de pièces de théâtre qui ne manqueront pas de réveiller vos souvenirs. Même si les acteurs n’ont pas tous un accent provençal naturel, ils jouent plutôt bien et j’ai passé un agréable moment.
En s’organisant dès l’arrivée pour enchaîner les spectacles, une demie journée suffit pour les voir tous, ceux de la journée et celui de nuit. Nous avons commencé à 17h.
Les jeunes à l’accueil, dans l’attente des clients, ne semblent pas toujours très motivés… Pass sanitaire obligatoire. Le restaurant du château Le Daudet doit être réservé.

La révolte des Cascavèu

(spectacle immersif en continu à l’intérieur du château)
De cascavèu = grelot en provençal.
Vous y verrez les décors d’époque, l’incendie du château et les cascavèu qui tentent d’entrer dans le château.

Dans un contexte de peste à Aix, la révolte des Cascavèu est une sédition qui s’éleva en Provence en 1630 à l’occasion d’une brouille entre le cardinal de Richelieu et le gouverneur de Provence, le duc de Guise. Leur signe de ralliement était un grelot attaché à la taille. Le cardinal de Richelieu promulgue l’édit des Élus qui prévoyait de transférer le pouvoir de collecter les impôts à des délégués royaux. Les Cascavèu brûlèrent quantité de maisons et répandirent le désordre jusqu’à La Barben, où le château et la forêt furent incendiés.
Dans l’urgence, le Parlement fut transféré à Brignoles. Henri II de Bourbon-Condé rentra dans Aix à la tête d’une armée de 6 000 hommes et mit fin à la révolte. Cette insurrection permit aux États de Provence de conserver la collecte et la répartition des impôts. Révolte des Cascaveous, Le royaume et la Provence à l’époque du Prieuré, Jean-Paul Michel, les Amis de Sainte-Victoire, bulletin 37, 2016, p.29à 40
(Claude de) Forbin le chevalier de la Royale (1636 – 1733)

Vous déambulerez dans le décor d’un bateau puis au royaume du Siam. Je vous ai parlé de Claude de Forbin dans Du chateau de la Barben a la chapelle de Sufferchoix et dans d’autres articles, de membres de branches alliées.

La quête des Bâtisseurs

En passant par quelques ruines face au château, vous accédez à une salle où passe un film sur les bâtisseurs de l’an 1000 (abbaye de Saint-Victor). Son et lumière un peu comme les spectacles dans les carrières de Lumière aux Baux.

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Rognes, le Foussa


Petite pluie pour une petite exploration qu’il faut néanmoins faire avec de bonnes chaussures. Le Foussa, avec son ex-voto sculpté dans la pierre que l’on voit de loin, c’est l’emblème de Rognes. Difficile à croire mais j’ai réussi à me perdre, la première fois du moins, je n’ai pas réussi à partir de l’ouest (escalier saint-Martin) et à revenir par l’est (rue du Cégarès). Le toponyme de Foussa (= fossé) n’apparaît qu’au XVIIe siècle, à l’issue du démantèlement de la citadelle ordonné par Henri IV, quand de violentes batailles opposaient protestants, ligueurs et royalistes. Il ne restait plus, à l’époque classique, que le fossé comblé.

L’insécurité du Haut Moyen-Age fait remonter les populations sur les hauteurs, sur  l’actuel Foussa, berceau du village historique. Un autel de marbre du Ve siècle déposé dans l’église paroissiale, prouve que le lieu était occupé depuis longtemps.

La météo ce jour à rognes/13 :
Avec le vent et la température ressentie

Le Foussa par Saint-Martin (ouest)

Depuis le grand parking à l’entrée en venant d’Aix, avant la chapelle Saint-Denis

On grimpe par un escalier de pierre (Saint-Martin) qui tourne à angle droit vers la gauche puis, vers la droite, passant devant la première maison troglodytique et sa cave, et plus loin sous la Vierge gravée dans la pierre. Le premier rempart était construit sur le rocher au-dessus des maisons. Les trous de boulins sur le mur de la forteresse permettent le scellement des poutres de soutènement de planchers.

La Vierge du Foussa, ex-voto géant, le plus grand du monde (6 m de diamètre) selon l’association Les Amis  de Rognes a été réalisé par Raymond Servian (1903 – 1953), sculpteur monumental. Un comité local présidé par le Père Cottin récolte des fonds pour la réalisation de cette œuvre en 1946 ; les habitants remercient la Vierge de les avoir presque tous épargnés lors de la seconde guerre mondiale. La photo ci-contre a été retouchée : l’accès à la Vierge est protégé par un cordon métallique.
Le sculpteur ne gagnera pas le concours du plus grand monument aux morts à Marseille : celui de la corniche en hommage à l’armée d’Orient et des terres lointaines.

Lors du tremblement de terre du 11 juin 1909, presque toutes les maisons du Foussa, construites sans fondations, s’effondrent. Les sinistrés sont hébergés sur place.

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Découverte de Ponteau, Martigues


Suite à la parution d’un article dans la Provence du 16 mai 2021, nous avons décidé de tenter une visite des ruines du château de Ponteau, racheté en 1964 par l’industriel Naphtachimie (Filiale de Total Raffinage Chimie et INEOS). C’est André qui a préparé le circuit. C’est une zone de raffineries, de hautes cheminées, de vestiges militaires, pylônes à haute tension, qui contraste avec l’environnement naturel. Mais c’est aussi cela les Bouches-du-Rhône. Nous stationnons au croisement du chemin des Crottes1 et de la route de Ponteau.

La météo ce jour à martigues/13 :
Avec le vent et la température ressentie

On apprend beaucoup de choses en observant la carte de Cassini gravée par Aldring en 1779 : le port et le château de Ponteau existent mais la chapelle romane Saint-Martin est déjà ruinée : le monument est représenté incliné et non debout ! Les trois Martigues (Ferrière, l’Ile et Jonquière), reliées aux ilots de la passe par un ensemble de petits ponts, sont représentées par une sorte de marguerite au cœur rouge. Quatre moulins dans le quartier Saint-Anne, trois près des Ventrons dont un ruiné, deux à l’est de la Marrane : l’un d’eux est visible en parcourant La boucle des vestiges militaires de Cavalas. La tour de Bouc deviendra un fort, l’étang de Caronte un chenal.
A travers bois, nous rejoignons la voie ferrée ; un accès le long de celle-ci amènerait directement au château mais il est marqué propriété de la société ARKEMA, établissement secondaire de Martigues fermé en 2012, qui fabriquait des produits chimiques inorganiques. Le long de la voie, une longue canalisation de couleur verte – même couleur que celle transportant les boues rouges – court vers Lavéra et la raffinerie de pétrole, une des nombreuses canalisations de transport d’hydrocarbures probablement.
Nous traversons la voie ferrée, 200 m à droite se trouvait la gare de Ponteau dont le bâtiment voyageur a été démonté vers 1988. Toutes les gares de la ligne étaient bâties sur le même modèle, ce qui les rend identifiables même quand elles sont désaffectées.
1904 : la commission d’enquête débute son enquête pour savoir où placer les gares, stations et haltes sur la ligne entre l’Estaque et Miramas. Le sous-préfet, trois maires, deux conseillers généraux et l’ingénieur en chef de la compagnie P.L.M. sont présents. Le maire de Martigues propose que la station Ponteau-Saint-Martin soit placée là où la voie prévue croise le chemin vicinal 12 dit de la Réraille. C’est ainsi que ce chemin remis en état deviendra une route pour desservir la gare. Le Petit Provençal, 31/10/1904
La ligne est inaugurée discrètement en 1915 pendant la première guerre mondiale. Elle témoigne d’une époque, entre prouesses technologiques et mouvements sociaux. La Marseillaise, 30/08/2015, La ligne de la Côte Bleue, Cent ans d’histoire

Nous suivons la voie ferrée au plus près dans le sous-bois, avec à notre droite les résidences du quartier Les Olives ; en direct pendant notre déplacement, je surveille sur mon téléphone la carte IGN pour repérer quand nous serons en face du château de Ponteau. Quelques fleurs rarement rencontrées lors de mes balades : le ciste de Montpellier (et non le ciste cotonneux aux fleurs roses fripées) et l’acanthe à feuilles molles (ci-contre) dont la hampe florale est particulièrement décorative. Au travers d’un rideau d’arbres, nous apercevons une ou deux ruines masquées par de hauts arbres.
Après le contournement d’une petite difficulté, nous dominons les carrières de Ponteau, qui ont fait concurrence à celles de la Couronne au XVIIIe, de même nature géologique. Elles ont servi à construire l’arc de la porte d’Aix à Marseille.

En 1783 un négociant marseillais, André Guieu, rachète Ponteau aux moines, se fait construire une bastide sur les murs de la bastide médiévale et acquiert donc les carrières.

Nous arrivons face à un bâtiment austère : c’est la chapelle romane saint-Martin du XIIIe  mais une chapelle devait exister bien avant puisqu’un privilège du pape Léon VIII datant de 963, en faveur de l’abbaye de Montmajour, confirme diverses possessions dont l’église de Saint-Martin. Face à nous, les ruines du château de Ponteau et entre les deux, la voie ferrée qui a coupé le domaine en deux. Deux jeunes y jouent au pistolet à balle ; connaissant bien les lieux, ils proposent de nous guider jusqu’au château. Après avoir longé la voie ferrée sur quelques mètres, nous passons sous la voie pour arriver dans une zone envahie par la végétation. Ils nous mènent face au château de Ponteau dont la façade est impressionnante 22m sur 7.

Deux auteurs, H. Amouric et F. Feracci, dans leur étude sur l’évolution de la bastide du domaine de Ponteau, grâce à un examen des fenêtres, datent la première construction de la fin du XIIIe siècle ou du début du XIVe siècle. Elle s’est embourgeoisée au fil du temps.

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