La mine de Cap Garonne au Pradet


Le lendemain de notre réunion de travail, Sylvaine et Bernard partent au boulot en vélo tandis que je me rends au Cap Garonne1. Le parking est désert et je ne croiserai que des scolaires en visite pédagogique. Mon objectif : le sentier de découverte Jean-François Jubé et quelques écarts selon mes envies du moment. Sylvaine a chargé mon GPS avec quelques caches dont une earthcache et ses nombreuses questions sur la mine :

EarthCacheLa mine de cuivre de Cap Garonne GC397A2, Dida03

Mes photos à Cap Garonne

Un technicien de l’eau a posé sa voiture juste en face du réservoir, s’active et s’attarde ; impossible de chercher la cache :
Le Bau Rouge, migar

La première chose que l’on voit, c’est la cheminée et les bâtiments de la mine. Son passé n’a jamais été vraiment florissant. En 1892, on y fabrique du sulfate de cuivre pour la viticulture, nouveau débouché pour un minerai pauvre en cuivre.

Messieurs Layet et Martel […] demandent l’autorisation d’exploiter une carrière de pavés de grés à Cap Garonne. Le maire de la commune de la Garde (Le Pradet n’existait pas encore […] s’aperçoit que les matériaux extraits contiennent du cuivre et du plomb. Il demande un indemnisation financière de 3 000 francs or et, en échange, il donnera son avis favorable à la demande de concession minière de Layet et Martel.
1862Autorisation sous Napoléon III pour une concession de cuivre et de plomb. Les premiers mineurs sont des italiens spécialisés dans le travail minier. […] Pour forer un trou de 60 cm, les mineurs étaient deux et il fallait 8 heures de travail à l’aide d’un fleuret et d’une masse. […] des enfants assuraient les allées et venues entre le forge et les mineurs.
Le minerai extrait est […] envoyé à Swansea […]. La teneur en cuivre à Cap Garonne est faible (3 à 8%) et, en France, on se savait pas traiter les minerais pauvres. […]
Rapidement Layet et Martel se rendent compte que la mine n’est pas rentable […]
1873Rachat de la mine par un anglais, Mr Unwin. […] Il sera le seul concessionnaire à rentabiliser la mine. […]
En 1877 se produit la rencontre avec une grande faille qui provoque un net ralentissement de l’exploitation.
1884Arrêt de la concession anglaise. La mine va fermer ses portes pendant 8 ans.
1892Reprise de l’activité avec le rachat de la mine par M. Roux. Il est le premier à envisager le traitement sur place du minerai pauvre par voie humide pour faire du sulfate de cuivre. Celui-ci servira pour la fabrication de la bouillie bordelaise[…]. Mais la mine n’est toujours pas rentable.
1899Rachat par la Société des Mines de Cap Garonne. […] c’est à nouveau un échec.
1903Rachat de la mine par MM. Enderlin et Roche qui mettent beaucoup d’espoir dans la construction de la ligne de chemin de fer Toulon-Hyères. Ils négocient la réalisation d’un embranchement de 4 km 300 qui dessert la mine. […] Malheureusement ils se heurtent à de nombreux problèmes techniques. […] La mine ferme pendant 9 ans.
1903-1916Dernier concessionnaire : M. Bolo Pacha […] vient en Provence où il rachète la mine par l’intermédiaire de M. Geydon de Dives. Mais il ne va l’exploiter, avec l’aide de 120 ouvriers, que jusqu’en Octobre 1917 date à laquelle on lui confisque ses biens. Il est arrêté et condamné à mort pour intelligence avec l’ennemi. Il sera exécuté en avril 1918. […]
3 octobre 1917, arrêt définitif de l’exploitation.
1933- 1956, Grâce à son ciment humide et tempéré, la mine de Cap Garonne devient une champignonnière. […] Les galeries étant laissées ouvertes, la mine est livrée au pillage. […] elle recèle en effet une extraordinaire richesse : plus d’une centaine de micro-minéraux dont les minéralogistes du monde entier connaissent l’intérêt scientifique.
1984, Les maires des communes du Pradet, de La Garde et de Carqueiranne sont conscients de l’intérêt culturel et historique que représente un tel site sur leur territoire. […] Les trois communes propriétaires des lieux se constituent en syndicat intercommunal et décident de fermer la mine.
1990, Le syndicat fait réaliser des travaux intérieurs de mise en sécurité. […]
9 juillet 1994, le Musée de la Mine est inauguré.
Extrait de l’histoire de la mine, site de la mine du Cap Garonne

Le circuit est court mais comprend de multiples points d’intérêt comme ce bassin qui recueillait l’eau de pluie servant à humidifier les caisses de bois pour la culture des champignons de Paris. Ensuite un panneau d’information sur les arbres : on retrouve tous ceux de la région (pins, arbousiers, chênes verts) avec en plus le chêne-liège caractéristique des sols siliceux.

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Artigues, Mont-Major


Enveloppée d’une brume d’huile essentielle de thym à Linalol projetée toutes les minutes depuis le port USB de mon micro, j’écris, peu inspirée, en profitant de ses vertus désinfectantes (merci à Clodex, Majolir, Marie-Françoise et Vegalyre). Que puis-je raconter alors que nous n’avons pas trouvé la grotte de Roquerousse et que je n’ai pas rien identifié de l’oppidum ? Mais ce circuit reste l’occasion d’une balade nature avec de nombreux points de vue.

Une fois tout le monde rassemblé à Artigues, le parking est plein ; Artigues est un tout petit village de 240 habitants. ll est temps de trouver l’unique cache près de la fontaine entourée de bancs et d’arbustes taillés en forme d’arche : un endroit idéal l’été. L’église et sa façade toute plate, comme une pièce rapportée, semble bien grande pour un si petit village.

Artigues, tineochris

Photos de Yves, Photos de DanielMes photos
Nous redescendons d’une centaine de mètres de dénivelée par une route étroite en passant devant le lavoir. C’est donc qu’il faudra les remonter en fin de randonnée…
Je reconnais la taille en cordon de Royat de la vigne typique des Coteaux d’Aix ; Artigues fait partie avec Rians des communes du Var autorisées à produire cet AOC.

Nous traversons la route Rians-Esparron et plutôt que de marcher sur la chaussée, certains ont repéré l’ancienne voie de chemin en contre-bas ; nous sommes à 1km300 environ de l’ancienne halte de chemin de fer du Train des Pignes Central-Var. Il fallait plus d’une heure pour relier la gare de Meyrargues à celle d’Artigues là où nous avons mis 35 mn en voiture. Et quand le voyageur était déposé à la station le long de la route, il lui fallait encore remonter jusqu’au centre du village à pied !

Quand nous tournons à gauche vers la Modeste, Yves demande au groupe de se montrer discret pour ne pas gêner ses habitants. Sur le ruisseau de la Plaine, un ancien réservoir de pierre et une fontaine apportaient l’eau aux habitants. La Modeste est une belle maison de maître d’un seul tenant avec la partie habitation (le maître, le fermier et les ouvriers) et la partie activités agricoles (hangar, cochonniers, pigeonnier). D’après Maisons rurales et vie paysanne en Provence, J.-L. Massot, berger-Levrault, 1995

Par un sentier d’exploitation en contre-bas de la maison, nous rejoignons le petit Adret. C’est là que débute la longue montée vers le Mont-Major ; le groupe se disloque, les bavardages s’éteignent. Chemin caillouteux. A mi-distance une courte pause. Je me retourne sur la montagne d’Artigues qui me rappelle un pique-nique mémorable un jour de Nouvel-An, par grand mistral : Majo avait apporté du foie gras, des toasts et du chutney de figues. Oratoires et croix entre Esparron de Pallières et Artigues
Dans le bois de Montmajor, des champs de pierre et le substrat rocheux apparent surprennent dans une partie boisée. Majo repère entre les pierres les premiers et frêles crocus.
Quand nous apercevons au loin une cabane de pierre sèche, sans doute poste d’observation idéal pour les chasseurs, Yves nous invite à chercher la grotte de Rigabe appartenant à la famille Magne ; le groupe se disperse, circule en mode sanglier, avec peine, sous la végétation mais ne trouve rien ; Daniel et Yves élargissent le périmètre tandis que le groupe, sagement, attend le long du sentier. Les spéléos et l’IGN déjà, ne la placent pas au même endroit. Comme elle s’ouvre vers l’ouest et que nous arrivons par l’est, nous ne l’avons pas repérée ; pourtant certains randonneurs l’ont trouvée, aidés sans doute par quelque personne du coin. En arrivant par la Marquise, nous aurions probablement repéré son porche d’entrée un peu sous le plateau. D’après la vidéo qu’on trouve sur internet, on y circule debout assez facilement (on peut se passer des commentaires du vidéaste en coupant le son…)

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Céreste côté campagne par le prieuré médiéval de Carluc


Grâce à Yves voici un itinéraire campagnard pour se rendre au prieuré médiéval de Carluc à Céreste ; ma première visite date de 2006, c’était alors une de mes premières randonnées car facile avec un point d’intérêt remarquable.

Mon album photos

L’album d’Yves Provence

L’album de Céline (cliquer sur l’oeil en haut à droite pour les visualiser)

Nous passons devant la chapelle de Piété (propriété privée) devant laquelle un rosier trémière a été planté. L’IGN s’évertue à appeler romain le pont sur l’Encrême, il ne l’est pas ;  le panneau directionnel de la gare le nomme pont roman, il ne l’est pas davantage ; la commune l’appelle pont de la Baou (1740), c’est mieux.

Le pont de la Baou, alterch

Nous passons devant un énorme réservoir puis devant des bâtiments dont la construction est « signée » (toit en triangle, fenêtres entourées de briques rouges, un étage) : nous reconnaissons l’ancienne gare de Céreste, située sur la ligne Cavaillon-Saint-Maime. Côté Vaucluse, l’emprise de la ligne est en partie réutilisée par la véloroute du Calavon. Le projet est, à terme, de relier Avignon à Volx. Sur une carte postale ancienne datant de 1920 le train à vapeur arrive sur Céreste par la vallée de l’Encrême, à un endroit encaissé  : elle est sous-titrée le derrunaou ; selon UnDeBaumugnes, cela viendrait du verbe derruna qui veut dire s’écrouler, s’ébouler, rouler. Faudrait que j’aille sur place pour comprendre ce toponyme.

La section entre Apt et Saint-Maime – Dauphin, est concédée à titre définitif à la compagnie du PLM […] le 26 mai 1883. […] La ligne et l’embranchement, tous deux à voie unique, sont mis en service le . La ligne comporte quinze ouvrages d’art dans son trajet en Vaucluse, et dix-sept dans les Basses-Alpes. Selon wikipedia Ligne de Cavaillon à Saint-Maime

Quand je vous disais que la balade était campagnarde : au loin un troupeau de moutons, au bord du chemin un cheval dans un pré s’approche de nous espérant obtenir quelques caresses ou friandises. La piste de terre est encombrée de cailloux mais rien de difficile. Des champs à perte de vue avant d’arriver à l’ensemble architectural du prieuré de Carluc situé dans un vallon humide. Il a été l’objet de nombreuses recherches et… interrogations. Carluc est une étape sur la voie Domitia romaine signalée sur l’itinéraire d’Antonin, et étape sur le chemin de Compostelle  : cela nous sera rappelé par la coquille dessinée sur les panneaux directionnels.

Quand nous arrivons sur le site, le premier monument que nous découvrons est la chapelle Notre-Dame dont l’abside polygonale prend appui sur les fondations de l’abside romane primitive, semi-circulaire à l’intérieur et pentagonale à l’extérieur. C’est une forme assez rare en Basse-Provence. Ensuite une galerie à fonction funéraire avec des sarcophages de pierre de chaque côté ; à la fin de celle-ci un hypogée, espace rupestre funéraire supposé dédié à des personnalités, une salle couverte d’une coupole [chapelle Saint-Jean Baptiste ?], un appentis couvrant un espace ayant servi de carrière de pierres, une petite cellule creusée dans le rocher et une construction interprétée comme une chapelle [Saint-Pierre ?] qui aurait englobé une cellule rupestre. Dans un rayon de 200 m les tombes foisonnent autour de l’hypogée. Soyons honnête, j’identifie bien mieux le début de la visite que la fin.
Si l’on admet qu’un sanctuaire plus ancien a précédé le prieuré, la source près de la crypte pourrait évoquer une divinité aquatique ou une eau miraculeuse. Selon La Haute Provence monumentale et artistique, R. Collier, Digne, 1987

Vermot-Gauchy L, Le prieuré Saint-Pierre de Carluc, organisation monumentale et administration d’un relais de l’Abbaye de Montmajour en Haute-Provence du XIe siècle au XVe siècle, 2007, master 2, UNSA, sous la direction de Dominique Garcia
Boekholt C., Du nouveau à CarlucARCHIPAL, 61, 2007, pp.55-62

Au pied de l’ensemble architectural, un panneau d’information propose un hypothèse de restitution des lieux faite par J.M. Gassend de l’IRAA/CNRS. L’importance incontestable de Carluc par les dimensions du site, est confirmée par ses liens avec la célèbre abbaye de Montmajour et la quinzaine de prieurés ruraux sous son obédience.

Archinric, scribe de Montmajour dès 973-975, en devint l’abbé en 999 ; […] C’est probablement vers 1010 que l’abbé quitta Montmajour pour se réfugier à Carluc, bien que la nature et la motivation principale de ce retrait ne soient pas connues.

Le prieuré de Carluc, Serge Robert

Au sud de Carluc un lieu-dit Saint-Pierre, à 600 m à vol d’oiseau, a été fouillé en 2011 : on y trouve un bâtiment ayant servi de chapelle ; des tombes en bâtières, dont la datation est traditionnellement située dans les périodes hautes, autour des Ve-VIIe s., des tombes rupestres, des tombes en coffrage de pierres avec ou sans couverture de dalles et des tombes en pleine terre, attribuables aux Xe-XIIIe s. J’ai immédiatement pensé qu’il pouvait faire partie du site de Carluc mais selon la DRAC les hypothèses sur les liens avec le monastère de Carluc, où les textes mentionnent également une chapelle Saint-Pierre, ne peuvent pas à l’heure actuelle être confirmées ou infirmées. En tous cas, ces deux lieux ont la même fonction funéraire…

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